Fil d'Ariane
Le PAM appelle à un soutien immédiat pour maintenir la paix en Afrique de l’Ouest et du Centre
Les effets de la guerre au Soudan se répercutent sur la faim et les mouvements de population en Afrique de l’Ouest et du Centre, épuisant rapidement les maigres ressources, mettant à rude épreuve la réponse humanitaire déjà sous-financée et exacerbant les tensions intercommunautaires, a alerté vendredi la cheffe du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies.
Les retombées seront dévastatrices pour la paix et la stabilité dans une région déjà confrontée à des extrêmes climatiques, à l’insécurité et au déclin économique, a averti Cindy McCain, Directrice exécutive du PAM à l’issue d’une visite au Tchad, au Togo et au Bénin.
La cheffe de cette agence onusienne basée à Rome s’est rendue avec la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed, à la frontière du Tchad avec le Soudan.
Dans cette région, quelque 330.000 personnes - dont la grande majorité sont des femmes et des enfants - ont déjà traversé la frontière pour échapper à la violence. Elles ont rendu visite aux équipes du PAM qui travaillent 24 heures sur 24 pour répondre à la situation d’urgence au fur et à mesure qu’elle se développe.
Besoins « énormes » au Tchad
« Les personnes avec lesquelles j’ai parlé à la frontière entre le Tchad et le Soudan m’ont raconté des histoires absolument bouleversantes sur leur dangereux voyage et sur les êtres chers qu’ils ont perdus en chemin », a déclaré Mme McCain. « Trop d’entre elles sont blessées et souffrent de malnutrition. C’est le prix que des innocents paient pour la guerre. Ce que ces gens ont vécu est inacceptable, et le monde doit se mobiliser pour les aider ».
Au Tchad, la Directrice exécutive a pu constater de visu que les conflits, les chocs climatiques et les coûts élevés des denrées alimentaires et des carburants poussent des millions de personnes à souffrir de faim et de malnutrition aiguës. Le Tchad accueille la plus grande population de réfugiés de tous les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale et est également en proie à une insécurité alimentaire croissante.
Les besoins sont énormes au Tchad, mais le financement ne suit pas. Le PAM a besoin d’urgence de 157 millions de dollars pour atteindre les personnes dans le besoin et stabiliser la situation qui se détériore. Le PAM prévoit d’apporter une aide d’urgence à 2 millions de réfugiés et de Tchadiens vulnérables, mais ne peut même pas en aider la moitié en raison de l’insuffisance des fonds.
Débordement de la crise sécuritaire au Sahel dans les pays côtiers
Mme McCain s’est également rendue à Abéché pour voir les projets de résilience du PAM qui transforment les communautés en jetant les bases de systèmes alimentaires durables et de l’autosuffisance. « La communauté internationale est confrontée à un point de décision », a-t-elle affirmé.
« Nous agissons maintenant et empêchons le Tchad de devenir une nouvelle victime de la crise qui a frappé la région, ou nous attendons et agissons lorsqu’il sera trop tard », a ajouté la cheffe du PAM.
La Directrice exécutive s’est ensuite rendue au Togo et au Bénin, pour discuter des domaines de collaboration, tels que l’alimentation scolaire et l’impact transformationnel qu’elle peut avoir sur les enfants et les communautés. Cette mission est également l’occasion pour discuter des impacts et des risques plus larges de la crise au Sahel et de la manière dont le PAM peut agir rapidement pour favoriser la stabilité.
Face à la montée de la violence au Sahel, le PAM se tient prêt et s’engage à soutenir les gouvernements nationaux dans la préparation et la réponse aux situations d’urgence.
« Nous sommes de plus en plus préoccupés par le débordement de la crise sécuritaire au Sahel dans les pays côtiers, en particulier dans le golfe de Guinée », fait valoir Mme McCain, relevant l’urgence « d’agir si nous ne voulons pas voir la crise échapper à tout contrôle ».