Fil d'Ariane
Coran brûlé en Suède : le chef des droits de l’homme de l’ONU appelle au respect des autres
Le chef des droits de l'homme de l'ONU a appelé mardi au respect des autres et de leurs croyances lors d’un débat organisé par le Conseil des droits de l’homme à Genève en réponse à l'incendie d’un Coran à Stockholm, en Suède.
S'adressant au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Volker Türk, a noté que le livre sacré était le « cœur de la foi » pour plus d'un milliard de musulmans.
Ceux qui ont brûlé le Coran l'ont très probablement fait « pour exprimer du mépris et attiser la colère », a estimé M. Türk, tout en avertissant que ce type d’acte vise également « à semer la discorde entre les gens », à provoquer et à transformer les différences en haine.
Le dialogue pour garantir le respect des différences d'opinions et de religions est essentiel, a poursuivi le chef des droits de l'homme, en condamnant les discours de haine contre et par des personnes de toutes les confessions dominantes et minoritaires, soulignant à la place les avantages de la diversité pour toutes les sociétés.
Le droit de croire – ou de ne pas croire – « est fondamental pour la Déclaration universelle des droits de l'homme », a souligné le Haut-Commissaire au Conseil des droits de l'homme, qui s'est réuni mardi pour ce débat à la demande du Pakistan.
Il a noté que les responsables politiques et les personnalités religieuses de premier plan ont un « rôle particulièrement crucial à jouer » en s'exprimant clairement contre le manque de respect et l'intolérance.
« Ils devraient également préciser que la violence ne peut être justifiée par une provocation préalable, réelle ou perçue », a-t-il ajouté.
Restrictions à la liberté d'expression doivent rester l'exception
Le Haut-Commissaire a souligné que les restrictions à la liberté d'expression de quelque degré que ce soit doivent rester « en tant que principe fondamental » une exception, d'autant plus que les lois limitant la parole sont « souvent utilisées à mauvais escient » par les gouvernements autoritaires.
Mais, certains discours constituent une incitation à la violence et à des actions discriminatoires, a-t-il poursuivi.
De nombreux actes de violence, de terreur et d'atrocités de masse ciblent des personnes en raison de leurs croyances religieuses, y compris à l'intérieur de lieux de culte.
Bien que le droit international soit clair sur la question, les tribunaux nationaux doivent statuer sur chaque cas d'une manière « compatible avec les garde-fous que prévoit le droit international humanitaire », a déclaré M. Türk.
« Mon deuxième point est le suivant : l'appel à la haine qui constitue une incitation à la violence, à la discrimination et à l'hostilité devrait être interdit dans tous les États », a dit le chef des droits de l’homme.
Il a donné des exemples d'abus visant des femmes musulmanes qui portent un foulard, de ricanement envers des personnes handicapées, de diffamation de personnes LGBTIQ+ ou de fausses déclarations contre les migrants et les minorités, notant que « tous ces discours de haine sont similaires », issus de l'idée que certains sont moins méritant que d'autres.
La vague de discours de haine est alimentée par les médias sociaux et augmente la discorde et la polarisation, a-t-il averti.
Ensuite, il a appelé à lutter contre la montée des discours de haine par le dialogue, l'éducation, une plus grande sensibilisation et l'engagement interreligieux ou communautaire.
Il a mis en avant la Stratégie et le Plan d'action des Nations Unies sur les discours de haine, comme outils à utiliser par les gouvernements. Il a exhorté les pays à redoubler d'efforts pour mettre en œuvre le Plan.
Défier les marchands du chaos
Face à l'arsenalisation croissante des différences religieuses à des fins politiques, il a déclaré que les sociétés ne devaient pas mordre à l'hameçon. « Nous ne devons pas nous laisser entraîner et être instrumentalisés par ces marchands de chaos à des fins politiques - ces provocateurs qui cherchent délibérément des moyens de nous diviser », a-t-il dit.
Il a affirmé que son objectif primordial en abordant le débat était de souligner « l'enrichissement profond » fourni par la diversité, les opinions existentielles « et nos pensées et nos croyances ».
Selon lui, toutes les sociétés doivent devenir « des aimants de respect, de dialogue et de coopération entre les différents peuples, comme l'ont fait de multiples civilisations dans le passé ».