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Catastrophe du barrage ukrainien : le chef des secours de l'ONU présente un plan de réponse en trois phases

Les plans d'aide à la population ukrainienne suite à la destruction du barrage de Kakhovka sont centrés sur le sauvetage des personnes « dans l’immédiat », a déclaré le Coordinateur des secours d'urgence de l'ONU, Martin Griffiths, lors d'une interview accordée à ONU Info vendredi.

« Nous devons nous concentrer sur une réponse d'urgence maintenant », a-t-il affirmé, évoquant un plan plus large à terme, en trois étapes, pour fournir une assistance humanitaire à tous les Ukrainiens touchés, qui ont déjà été confrontés à plus d'un an de guerre suite à l'invasion totale de la Russie en février 2022.

« A l’heure actuelle, nous devons sauver les gens et les emmener dans des endroits où, en particulier avec leurs enfants, ils sont en sécurité, où ils peuvent manger et où ils peuvent avoir accès à de l'eau potable pour ne pas contracter de maladies. C'est la priorité du moment », a fait valoir M. Griffiths.

Dernier rapport de situation

Quatre jours après la destruction du barrage dans le sud de l'Ukraine suita aux confrontations, les inondations commencent à reculer, bien que la catastrophe continue de provoquer des déplacements et des besoins humanitaires croissants, selon le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des affaires humanitaires (OCHA), que dirige M. Griffiths.

Dans la région de Kherson, sous contrôle ukrainien, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a signalé que 320 personnes ont été déplacées au cours des dernières 24 heures, portant à plus de 2.500 le nombre total de personnes ayant dû quitter leur domicile.

Aussi, toujours dans les zones de Kherson contrôlées par l'Ukraine, près de 40 villages et villes ont été gravement touchés par les inondations, avec plus de 3.620 maisons endommagées à ce jour, a indiqué l'OCHA dans son dernier rapport de situation publié vendredi en fin d'après-midi.

Plan de réponse en trois phases

En évoquant le plan de réponse en trois phases de l'ONU, le chef des secours de l'ONU a indiqué que les actions d'urgence comprennent la mise en sécurité des personnes, l'acheminement de fournitures vitales et l'évaluation des conséquences à plus long terme. Un appel à l'aide d'urgence est également en cours de préparation.

En réponse aux rapports des médias faisant référence aux commentaires critiques du Président ukrainien Volodymyr Zelenskyy sur la lenteur de la réaction des agences d'aide, M. Griffiths a déclaré qu'une réponse immédiate avait toujours été la priorité.

« Je comprends la frustration du Président », a-t-il dit, « je la comprends, en partie parce que c'est un homme qui a beaucoup d'empathie pour son peuple et il a vu les besoins de manière très visible ».

« Ce sur quoi nous nous sommes concentrés, c'est sur la mise en place d'une réponse aussi rapide que possible », a fait valoir le chef des secours.

Faisant le point sur les efforts récents, M.Griffiths a indiqué que deux convois partis jeudi avaient atteint 30.000 personnes à Kherson et qu'une autre livraison avait eu lieu vendredi, ajoutant que « le moteur est en marche ».

Les priorités de la première phase dans les jours à venir seront de continuer à secourir les gens et à livrer des fournitures médicales et de l'aide alimentaire, y compris via des bateaux opérés par le Programme alimentaire mondial (PAM), a-t-il détaillé.

Ensuite la phase intérimaire se concentrera sur les conséquences humanitaires de cet acte effroyable, en visant les moyens de subsistance, l'eau potable, la santé, en particulier celle des enfants.  Quelques 700.000 personnes manquent désormais d'eau potable et il y a des mines terrestres qui flottent actuellement car c’est l’un des endroits les plus minés de la planète, a fait savoir M. Griffiths.

L'examen des séquelles environnementales et économiques fera partie de la troisième phase, a-t-il ajouté. Il s'agit peut-être du « choc le plus terrible » pour les habitants de l'Ukraine et du Sud, mais aussi pour la planète, car il aura forcément un effet sur la sécurité alimentaire, car cette région est le « grenier à blé » de l'Ukraine et il sera certainement détruit pour toute récolte à court terme, a-t-il averti.

Denise Brown, Coordinatrice résidente et humanitaire des Nations Unies en Ukraine (deuxième à droite), visite Bilozerka, l'une des communautés les plus touchées par les inondations provoquées par le barrage de Kakhovka.
© UNOCHA
Denise Brown, Coordinatrice résidente et humanitaire des Nations Unies en Ukraine (deuxième à droite), visite Bilozerka, l'une des communautés les plus touchées par les inondations provoquées par le barrage de Kakhovka.

Tendre la main aux autorités russes

« Nous avons été en contact avec les autorités russes depuis le jour de l'explosion. J'ai moi-même rencontré ici la Mission permanente russe et j'ai été en contact avec elle au cours de la dernière demi-heure », a-t-il déclaré, précisant que son bureau cherchait à obtenir l'autorisation de franchir les lignes de démarcation en toute sécurité.

S'agissant de la campagne de désinformation en cours sur la responsabilité et les circonstances de la catastrophe du barrage, il a déclaré que « notre obligation est de dire la vérité sur les besoins et d'y répondre ».

« Notre message à la région est un message de solidarité et de sympathie », a-t-il ajouté. « L'idée que l'on puisse traverser plus d'un an de guerre... et que l'on soit soudainement réveillé au milieu de la nuit par cette explosion et ce torrent, qui nous privent de tout avenir... dans ces circonstances, le message du monde est très simple : nous nous tenons à vos côtés en ces temps difficiles ».