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L’urgence alimentaire est loin d’être terminée dans la Corne de l’Afrique, alerte le PAM

Des millions de personnes dans la Corne de l’Afrique sont prises au piège de la faim alors que la région passe d’une crise à l’autre, a averti mercredi une agence des Nations Unies, soulignant que la plus longue sécheresse jamais enregistrée a cédé la place à des pluies et à des inondations soudaines.

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, les prix des denrées alimentaires et de l’énergie restent obstinément élevés et l’impact du conflit au Soudan se répercute dans toute la région. Les mauvaises récoltes successives et les coûts de transport élevés ont notamment fait grimper les prix des denrées alimentaires bien au-delà de ce que peuvent se permettre des millions de personnes dans la région.

En mars 2023, un panier alimentaire en Afrique de l’Est coûtait 40% de plus qu’il y a un an. En Éthiopie, les prix des carburants ont presque doublé en un an. Les trois dernières années de sécheresse ont laissé plus de 23 millions de personnes dans certaines parties de l’Éthiopie, du Kenya et de la Somalie en proie à une grave famine.

Dans le village de Sopel, dans le comté de Turkana, au Kenya, une femme va chercher de l'eau à l'abreuvoir communautaire (octobre 2022).
UNICEF/Victor Wahome
Dans le village de Sopel, dans le comté de Turkana, au Kenya, une femme va chercher de l'eau à l'abreuvoir communautaire (octobre 2022).

Il faudra des années pour que la Corne de l’Afrique se relève

Les taux de mortalité et de malnutrition restent « inacceptables ».

« Conflit, extrêmes climatiques et chocs économiques : la région de la Corne de l’Afrique est confrontée à de multiples crises simultanément. Après cinq saisons des pluies consécutives infructueuses, les inondations ont remplacé la sécheresse, tuant le bétail, endommageant les terres agricoles et détruisant encore plus les moyens de subsistance », a déclaré Michael Dunford, Directeur régional du PAM pour l’Afrique de l’Est. « Et maintenant, l’éclatement du conflit au Soudan oblige des centaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers ».

Lorsque les pluies tant attendues sont arrivées dans la région en mars, elles auraient dû apporter un certain soulagement. Mais au lieu de cela, des crues soudaines ont inondé les maisons et les terres agricoles, emporté le bétail et fermé les écoles et les centres de santé. D’autres personnes ont été contraintes de quitter leur foyer : 219.000 personnes dans le sud de la Somalie, où 22 personnes ont également été tuées.

Pour le PAM, il faudra des années pour que la région se relève, et l’aide humanitaire est une bouée de sauvetage. Pourtant, les ressources humanitaires limitées sont encore plus sollicitées par le conflit au Soudan, qui a fait fuir plus de 250.000 personnes vers les pays voisins tels que l’Éthiopie et le Soudan du Sud, où l’insécurité alimentaire est déjà désespérément élevée.

Sur le terrain, le PAM et ses partenaires ont procédé l’année dernière à une augmentation rapide de l’aide vitale en Somalie, au Kenya et en Éthiopie, des pays victimes de la sécheresse. Ce qui a permis de tenir la famine à distance en Somalie.

Besoin urgent de 810 millions de dollars

À la fin de l’année 2022, le PAM distribuait une aide alimentaire à un nombre record de 4,7 millions de personnes en Somalie. Mais en avril, le manque de fonds a contraint le PAM à réduire cette aide à 3 millions de personnes.

Sans fonds supplémentaires, le PAM devra encore réduire le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire d’urgence en Somalie à seulement 1,8 million d’ici juillet. Cela signifie que près de 3 millions de personnes ne recevront pas d’aide, malgré leurs besoins persistants.

Face à cette pénurie de fonds, l’agence onusienne se voit contraint de réduire son aide. Le PAM a besoin d’urgence de 810 millions de dollars au cours des six prochains mois pour maintenir l’aide vitale et investir dans la résilience à long terme dans la Corne de l’Afrique.

« L’expansion rapide de l’aide vitale du PAM a permis d’éviter la famine en Somalie en 2022. Mais bien que la situation d’urgence soit loin d’être terminée, les déficits de financement nous obligent déjà à réduire l’aide à ceux qui en ont encore désespérément besoin. Sans un financement durable des solutions d’urgence et d’adaptation au climat, la prochaine crise climatique pourrait ramener la région au bord de la famine », a conclu M. Dunford.