Aller au contenu principal

« Je sais ce que c'est que d'avoir faim quand on est enfant », raconte une agronome qui travaille en Haïti pour le PAM

Avoir faim quand on est enfant, Rose Senoviala Désir, agronome qui travaille en Haïti pour le Programme alimentaire mondial (PAM), sait ce que c'est.

Quand elle était jeune, elle vivait dans la ville de Cap Haïtien, dans le nord du pays. Elle recevait des repas chauds dans le cadre du programme d'alimentation scolaire du PAM, mais avait faim le week-end lorsqu'il n'y avait pas d'école. Elle dit que le fait de nourrir ainsi les jeunes Haïtiens a influencé sa décision de travailler un jour avec le PAM.

« Ma mère était enseignante et devait faire un long trajet pour se rendre à son travail. Elle ne pouvait donc cuisiner pour moi et mes trois frères que très tard dans la journée. J'ai eu de la chance car je fréquentais une école où le Programme alimentaire mondial fournissait gratuitement des repas chauds aux enfants. J'ai reçu ces repas de l'âge de cinq ou six ans jusqu'à 12 ans.

Mon frère, qui a cinq ans de moins que moi, ne recevait pas de repas à l'école, alors je suis allé à la cuisine après que tous les enfants avaient mangé et j'ai demandé à emporter de la nourriture pour lui. Le week-end, nous ne recevions pas de repas chauds et il nous arrivait donc de ne pas manger. Et j'ai compris à quel point il était plus difficile d'étudier le ventre vide. Ma mère dépensait tout l'argent qu'elle avait pour envoyer ses enfants à l'école.  Je me suis rendu compte de l'importance du PAM pour ma famille et pour mon pays.

Rose Senoviala Desir du PAM rencontre des agriculteurs dans le nord d'Haïti.
PAM Haïti/Theresa Piorr
Rose Senoviala Desir du PAM rencontre des agriculteurs dans le nord d'Haïti.

J'ai toujours été intéressée par les plantes, les animaux et l'agriculture. Pendant les vacances scolaires, j'allais toujours chez mes grands-parents, qui se trouvaient à l'extérieur de la ville et j'aidais sur leur petit terrain.

J'ai appris à élever des chèvres, ainsi que des poulets, des canards et des dindons, et j'allais à la ferme piscicole avec mon grand-père pour choisir les poissons que nous allions acheter pour les vendre ou pour les manger nous-mêmes.

On m'a également appris à cultiver et à récolter l’arbre à pain, un fruit délicieux que ma grand-mère vendait au marché. J'aidais à trier les haricots que mes grands-parents avaient cultivés ; les haricots blancs obtenaient le meilleur prix, suivis des rouges et des noirs, alors mon travail consistait à les trier pour les vendre.

J'ai tellement appris en aidant mes grands-parents et j'ai tellement aimé cela que le fait d'approfondir ces connaissances en étudiant l'agronomie à l'université était un choix évident pour moi. J'ai travaillé comme femme de ménage chez un médecin pour pouvoir payer les frais de scolarité et j'ai obtenu mon diplôme en 2014.

L'agronome du PAM Rose Senoviala Desir interagit avec des agriculteurs dans le nord d'Haïti.
©PAM Haiti/Theresa Piorr
L'agronome du PAM Rose Senoviala Desir interagit avec des agriculteurs dans le nord d'Haïti.

J'ai toujours eu envie d'apprendre mais aussi de partager mes connaissances et j'ai formé beaucoup de femmes sur les questions agricoles. J'ai réalisé que ce que je voulais le plus de la vie était d'aider les personnes vulnérables, voire de sauver des vies, donc mes valeurs correspondaient vraiment à celles du PAM.

Mon travail consiste maintenant à renforcer la résilience des populations rurales, à les aider à s'adapter au changement climatique et à soutenir leurs efforts pour protéger leurs terres et leurs moyens de subsistance en construisant des structures qui empêcheront l'érosion et faciliteront l'irrigation.

La plupart de ces travaux ont été réalisés l'année dernière et nous constatons déjà une amélioration en termes de résistance des cultures aux conditions météorologiques défavorables ainsi qu'une augmentation des rendements ».