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20 ans après son adhésion à l’ONU, la Suisse rappelle qu’il n’existe aucune alternative au multilatéralisme

L'Ambassadeur Jürg Lauber, Représentant permanent de la Suisse auprès de l'ONU à Genève

C’était il y a 20 ans. Le 3 mars 2002, les Suisses approuvaient par votation populaire à 58% l'adhésion de la Suisse à l'Organisation des Nations Unies. Depuis son adhésion officielle le 10 septembre de la même année, le pays a affirmé sa position au sein de l’organisation, à la fois en tant qu’Etat membre mais aussi comme pays hôte du siège européen.

Au micro d’ONU Info Genève, le Représentant permanent de la Suisse auprès des Nations Unies à Genève, l’Ambassadeur Jürg Lauber, tire le bilan de ces deux décennies et évoque les défis à relever en termes de coopération internationale, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Rien ne peut remplacer la diplomatie

L’Ambassadeur Lauber ne cache pas la tension engendrée par le conflit ukrainien sur le plan diplomatique. L’attaque de la Fédération de Russie sur l’Ukraine constitue, selon lui, une « violation des droits de l’homme » et touche directement les valeurs de l’organisation internationale. « C’est un moment particulièrement grave pour le multilatéralisme. »

S’il souligne le soutien mondial à la population civile et le travail des agences humanitaires sur place, il rappelle que rien ne peut remplacer la diplomatie. En effet, il explique que « le système multilatéral est une plateforme de rencontre essentielle » pour que les pays puissent échanger, y compris en cas de conflit violent. « Il faut tendre vers un avenir avec davantage de coopération entre les nations », ajoute-t-il.

Une conclusion d’autant plus forte que la Suisse fête cette année 20 ans d’activité au sein de l’ONU. Selon Jürg Lauber, l’adhésion du pays est le résultat du pragmatisme de la population suisse, qui a jugé le rôle de l’organisation essentiel, particulièrement après la fin de la Guerre Froide.

Une position renouvelée, comme le soulignait le sondage Sécurité 2019 de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ) : 59 % des Suisses soutenaient la participation active de leur Etat aux affaires de l'ONU.

Pour le Représentant permanent, cela résulte de l’équivalence entre les valeurs helvétiques et celles de la Charte des Nations Unies. « En effet, nous soutenons la paix, le développement durable et l’aide humanitaire. »

L'ambassadeur suisse Jürg Lauber et la Directrice générale de l'ONU Genève, Tatiana Valovaya, inaugurant les nouvelles salles de conférence Tempus en 2021.
L'Ambassadeur suisse Jürg Lauber et la Directrice générale de l'ONU Genève, Tatiana Valovaya, inaugurant de nouvelles salles de conférence au Palais des Nations en 2021.

Une participation active, fondée sur le principe de neutralité

Selon l’Ambassadeur, l’Etat suisse se démarque à l’ONU par sa neutralité, reposant sur le choix de ne pas apporter son soutien aux parties d’un conflit armé et de traiter à égalité avec chaque nation. « Ce principe d’universalité nous donne une position spéciale et une facilité à parler à tout le monde », détaille Jürg Lauber. Il souligne aussi que cette politique est « créatrice de ponts », à l’image de la rencontre entre les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine à Genève en juin dernier.

Par rapport à son principe de neutralité, le Représentant permanent défend par ailleurs la candidature de la Suisse à un siège non permanent du Conseil de sécurité en expliquant que le pays veut participer en tant qu’Etat membre à part entière au sein de l’ONU. « Nous avons été membre du Conseil des droits de l’homme, du Conseil économique et social ; après 20 ans il est temps de faire partie du Conseil de sécurité. Je suis convaincu que nous avons quelque chose à apporter aux travaux de cet organe. »

Ayant contribué à la création du Conseil des droits de l’homme en 2006 et soutenu les négociations et la mise en œuvre de l’agenda 2030 sur le développement durable, Jürg Lauber estime que le multilatéralisme est plus essentiel que jamais pour affronter ensemble les phénomènes du 21e siècle, tels que la pandémie de Covid-19, les changements climatiques, la migration et les inégalités, entre autres. « Il n’y a pas d’alternative au multilatéralisme. Chaque pays, chaque région doit faire ses efforts et ses devoirs, car de sont des défis transfrontaliers. Il faut compter sur la coopération internationale », affirme-t-il.

Ecoutez l’intégralité de l’interview accordée par l’Ambassadeur Lauber à ONU Info Genève.