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« Le peuple syrien a besoin d’un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens », estime l'Envoyé spécial

« Le peuple syrien a désespérément besoin d'un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens pour obtenir des résultats », a déclaré mardi devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie.  

Geir Pedersen a appelé à une « diplomatie constructive en Syrie » afin de sauver des vies, d'atténuer les souffrances, de promouvoir la stabilité et de favoriser la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).

À cet égard, il a demandé aux États clés de collaborer avec lui dans le cadre de discussions exploratoires sur des mesures concrètes, mutuelles, vérifiables et réciproques qui peuvent être mises en œuvre en parallèle.

Or, un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens eux-mêmes nécessite une attention internationale soutenue à l'appui d'un effort plus large visant à consolider le calme, à atténuer les souffrances et à faire avancer la Syrie sur la voie du rétablissement de sa souveraineté, de son unité, de son indépendance et de son intégrité territoriale, a fait valoir l’Envoyé spécial.

Avec des lignes de front militaires largement gelées, et les préoccupations des parties concernant le statu quo, « le moment est venu de faire pression pour un processus politique ».

L’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s'exprimant par visioconférence devant le Conseil de sécurité
Nations Unies
L’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s'exprimant par visioconférence devant le Conseil de sécurité

Multiples sources de préoccupation

Geir Pedersen a attiré l'attention sur de multiples sources de préoccupation sur le terrain, notamment le déplacement des rapatriés au milieu des bombardements et des frappes aériennes à Idlib, les escarmouches en cours entre les groupes armés non étatiques et l'armée turque, et les frappes aériennes près de Damas attribuées à Israël.

De nombreux groupes terroristes, dont l'État islamique en Iraq et au Levant (EIIL/Daesh), continuent quant à eux à opérer dans tous les quartiers de la Syrie.

La situation à Idlib sera certainement abordée lorsque les présidents de la Turquie et de la Fédération de Russie se rencontreront le 29 septembre, a-t-il souligné, appelant les personnes influentes à promouvoir le calme. Il a ajouté qu'il fallait éviter et atténuer tout effet humanitaire des sanctions qui pourrait exacerber le sort des citoyens ordinaires, notamment en termes de respect excessif des règles.

« J'espère que les questions abordées lors des récents contacts internationaux constituent le plancher, et non le plafond, de ce que nous voulons collectivement réaliser en Syrie », a-t-il poursuivi, expliquant que c'était là son message lors des entretiens menés ces dernières semaines avec le gouvernement syrien, la Commission des négociations syriennes de l'opposition et d'autres acteurs.

Selon lui, la confiance est clairement faible, mais des intérêts communs existent, les choses ne sont pas statiques et il y a toutes les raisons d'essayer maintenant de mettre en place des efforts politiques plus efficaces.

Geir Pedersen a annoncé qu'après huit mois d'efforts de facilitation, et en attendant la confirmation de la logistique, la sixième session du petit organe de rédaction du Comité constitutionnel se réunira à Genève à partir du 18 octobre. Elle devrait commencer à travailler sérieusement à la rédaction, plutôt qu'à la préparation, d'un processus de réforme constitutionnelle, les trois délégations - nommées par le gouvernement, l'opposition et la société civile - apportant des contributions importantes.

« Je suis convaincu que Genève peut être le lieu où les Syriens attachés à une paix durable peuvent commencer à travailler les uns avec les autres de manière constructive », a-t-il déclaré.

Il a ajouté qu'il est « absolument convaincu » que des avancées peuvent être réalisées sur le dossier des détenus, des personnes enlevées et des personnes disparues, un dossier sur lequel toutes les parties s'accordent sur la nécessité d'agir.

Dans un camp de fortune à Ain Issa, en Syrie, une jeune fille porte de l'eau (photo d'archives).
© UNICEF/Delil Souleiman
Dans un camp de fortune à Ain Issa, en Syrie, une jeune fille porte de l'eau (photo d'archives).

Sinistre rappel des souffrances

Geir Pedersen a estimé que l'annonce faite par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, selon laquelle on peut confirmer que plus de 350 000 personnes ont été tuées au cours de la première décennie du conflit, est un sinistre rappel des souffrances et des pertes effroyables subies par le peuple syrien.

Compte tenu du grand nombre de personnes qui n'ont toujours pas été recensées, le chiffre réel est probablement beaucoup plus élevé.

À ce terrible bilan, il faut ajouter les plus de 12 millions de Syriens déplacés et les dizaines de milliers de personnes détenues, enlevées ou portées disparues.

Enfin, les niveaux de pauvreté approchent les 90 % et le pays est divisé en plusieurs zones de facto. Dans ces conditions, les acteurs internationaux se bousculent sur le terrain et de violents incidents viennent mettre à mal le calme relatif des 18 derniers mois.