Fil d'Ariane
Les migrations de main d’œuvre dans le monde en hausse de cinq millions de personnes
Intitulé Estimations mondiales de l’OIT concernant les travailleuses et les travailleurs migrants: Résultats et méthodologie, le rapport montre qu’en 2019, les travailleurs migrants internationaux constituaient près de 5% de la main d’œuvre mondiale, faisant d’eux une partie intégrante de l’économie mondiale.
Cependant, de nombreux travailleurs migrants occupent souvent des emplois temporaires, informels ou non protégés, ce qui les expose à un risque plus important d’insécurité, de licenciements et de conditions de travail dégradées.
La crise de la Covid-19 a intensifié leur caractère vulnérable, en particulier en ce qui concerne les travailleuses migrantes qui sont surreprésentées dans les métiers faiblement rémunérés et peu qualifiés, ont un accès limité à la protection sociale et ont moins la possibilité d’avoir recours à différentes formes de soutien.
« La pandémie a mis en évidence le caractère précaire de leur situation. Les travailleurs migrants sont souvent les premiers à être licenciés, ils rencontrent des difficultés pour avoir accès aux traitements et ils sont souvent exclus des mesures prises pour répondre à la Covid-19 », souligne Manuela Tomei, Directrice du Département de l’OIT des conditions de travail et de l’égalité.
Plus des deux-tiers des travailleurs migrants internationaux se concentrent dans les pays à revenu élevé.
Sur les 169 millions de travailleurs migrants internationaux, 63,8 millions, soit 37,7%, se situent en Europe et en Asie centrale. On en trouve 43,3 millions (25,6%) dans les Amériques. Ainsi, l’Europe, l’Asie centrale ainsi que les Amériques accueillent 63,3% des travailleurs migrants.
Les États arabes et l’Asie-Pacifique accueillent chacun 28,5% de tous les travailleurs migrants. En Afrique, on compte 13,7 millions de travailleurs migrants, représentant 8,1% de sa totalité.
Une majorité d’hommes mais le nombre de jeunes travailleurs migrants en augmentation
La majorité des travailleurs migrants, soit 99 millions, sont des hommes, tandis que 70 millions sont des femmes.
Les femmes font face à des obstacles socio-économiques plus importants en tant que travailleuses migrantes. Elles émigrent plus souvent en tant que membres de la famille accompagnante pour des raisons qui différent de celle de trouver du travail. Elles peuvent subir des discriminations basées sur le genre dans leur emploi et ne pas disposer de réseaux, ce qui rend difficile pour elles de concilier travail et vie de famille.
La part des jeunes parmi les travailleurs migrants internationaux (16-24 ans) est en augmentation, passant de 8,3% en 2017 à 10% en 2019. Cette hausse pourrait être liée aux taux de chômage élevés qui existent chez les jeunes dans de nombreux pays en développement. Leur nombre en 2019 était de 16,8 millions.
La grande majorité des travailleurs migrants (86,5%) reste des adultes dans la force de l’âge (âgés de 25 à 64 ans).
Le secteur des services, employeur principal des travailleurs migrants
Dans de nombreuses régions du monde, les travailleurs migrants internationaux représentent une part importante de la main d’œuvre, apportant ainsi une contribution vitale à la société et l’économie des pays de destination et remplissant des fonctions essentielles dans des secteurs primordiaux comme la santé, les transports, les services, l’agriculture et la transformation alimentaire.
Selon le rapport, qui se concentre sur la période 2017-2019, 66,2% des travailleurs migrants sont employés dans les services, 26,7 % dans l’industrie et 7,1% dans l’agriculture.
Cependant, il existe des différences considérables entre les genres selon les secteurs. Ainsi, les travailleuses migrantes sont plus largement présentes dans les services, ce qui peut s’expliquer en partie par une demande de main d’œuvre en augmentation dans le travail des soins, notamment dans la santé et le travail domestique. Les travailleurs migrants masculins sont, eux, plus présents dans l’industrie.
« Les politiques en matière de migration de main d’œuvre ne seront efficaces que si elles se basent sur des preuves statistiques fortes », a indiqué Rafael Diez de Medina, Statisticien en chef et Directeur du Département de statistique de l’OIT.
« Ce rapport présente des estimations rigoureuses, basées sur des méthodes robustes et des données fiables qui intègrent des sources complémentaires harmonisées. Ces politiques peuvent aider les pays à répondre aux évolutions entre l’offre et la demande de main d’œuvre, stimuler l’innovation, le développement durable ainsi que le transfert et la mise à jour des compétences », a-t-il conclu.