Aller au contenu principal

Myanmar : un expert de l'ONU demande un sommet d'urgence pour éviter l'aggravation de la crise

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, Tom Andrews, a averti, jeudi, que le rythme et l'ampleur de la réponse internationale au coup d'État militaire au Myanmar ne sont pas à la hauteur de ce qui est nécessaire pour éviter une aggravation de la crise.  

Tom Andrews a appelé les États membres des Nations Unies, notamment ceux de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), l'Union européenne, les États-Unis et la Chine, à organiser un sommet d'urgence réunissant toutes les parties prenantes, y compris les parlementaires dûment élus et illégalement destitués qui composent le Comité représentant le Pyidaungsu Hluttaw (CRPH). 

« Les conditions de vie au Myanmar se détériorent », a-t-il déclaré, « mais elles risquent d'empirer si la communauté internationale ne réagit pas immédiatement et vigoureusement pour soutenir les personnes assiégées ».

En effet, la crise politique a un impact sur les chaînes d'approvisionnement et les marchés, car les prix des denrées alimentaires augmentent dans tout le pays, avec des hausses significatives pour certains produits de base dans les États de Kachin et de Rakhine, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

De plus, les perturbations du système bancaire et la disponibilité limitée de l'argent liquide continuent d'entraver les opérations humanitaires.

« Il est impératif que la communauté internationale tienne compte du récent appel du Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à une réponse internationale ferme et unifiée », a ajouté M. Andrews. « À ce jour, cependant, les sanctions limitées imposées par les États membres ne coupent pas l'accès de la junte aux revenus qui contribuent à soutenir ses activités illégales, et la lenteur de la diplomatie est en décalage avec l'ampleur de la crise ».

OIM/Ko Oo
Des travailleurs migrants se rendent sur leur lieu de travail dans la région de Mandalay, au Myanmar

Les biens de la junte sont toujours intacts

« L'approche progressive des sanctions a laissé indemnes les actifs commerciaux les plus lucratifs de la junte. Elle doit être remplacée par une action énergique comprenant une offensive diplomatique conçue pour répondre au moment présent », a appelé le Rapporteur spécial.

M. Andrews a de plus souligné qu'il recevait des rapports indiquant que la situation au Myanmar risquait de devenir encore plus incontrôlable et a mis en garde contre une augmentation dramatique des pertes en vies humaines. 

« Sans une solution diplomatique ciblée, y compris l'organisation d'un sommet d'urgence réunissant les voisins du Myanmar et les pays ayant une grande influence dans la région, je crains que la situation des droits de l'homme au Myanmar ne se détériore davantage, la junte augmentant le nombre de meurtres, de disparitions forcées et de tortures », a-t-il déclaré.

« Il est essentiel que le peuple du Myanmar, le Comité représentant le Pyidaungsu Hluttaw (CRPH) et les dirigeants et militants de l'opposition voient que la communauté internationale s'efforce de trouver une solution diplomatique en soutenant le mouvement pacifique de désobéissance civile », a indiqué Tom Andrews. « Ce plan d'action combiné - résistance pacifique nationale, pression soutenue et élan diplomatique international - aura plus de chances de réussir que de prendre les armes et sauvera un nombre incalculable de vies ».

« Les États membres ont l'occasion de démontrer cette alternative, mais la fenêtre dans laquelle cela peut être réalisé se ferme rapidement. Je crains que la communauté internationale n'ait plus que peu de temps pour agir », a-t-il conclu. 

NOTE

Les rapporteurs spéciaux font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Composées du plus grand nombre d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, les procédures spéciales sont le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de surveillance du Conseil, qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.