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Ethiopie : la situation au Tigré est « dramatique » et des centaines de milliers de personnes sont dans le besoin (ONU)

La situation dans la région éthiopienne du Tigré est « désastreuse », ont déclaré, vendredi, les Nations Unies, relevant que plusieurs centaines de milliers de personnes ne reçoivent toujours pas d’aide.

« Trois mois après le début du conflit au Tigré, dans le nord de l'Éthiopie, la réponse humanitaire reste très limitée et inadéquate », a déclaré lors d’un point de presse en visioconférence depuis Genève, Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

La raison principale est que les organismes humanitaires onusiens ne peuvent tout simplement pas « atteindre la plupart des personnes dans le besoin ».

Selon le porte-parole d’OCHA, les agences onusiennes n’ont pas reçu « les autorisations nécessaires pour déplacer le personnel nécessaire au Tigré ». Une quantité croissante de cargaison humanitaire a été mobilisée. Mais sans personnel et sans accès, elle n'atteindra pas les personnes qui en ont le plus besoin, surtout dans les zones rurales.

En attendant, l'accès reste pour la plupart limité aux personnes vivant dans les villes situées le long des routes principales allant de la capitale régionale Mekele vers Shire. Des zones qui sont contrôlées par les forces gouvernementales fédérales.

D’une manière générale, l'accès à la campagne est généralement bloqué pour les agences des Nations unies et les ONG. « Et aucune aide humanitaire n'est fournie dans les zones non contrôlées par le gouvernement », a ajouté M. Laerke. Cela s'explique « principalement par le manque d'autorisations » délivrées par les autorités éthiopiennes.

Des besoins croissants pour environ 2,3 millions de personnes

Plus largement, le conflit permanent et la bureaucratie administrative rendent encore difficile l’intensification de l’aide humanitaire. Une situation qui intervient alors que plus de 70 membres du personnel humanitaire attendent toujours à Addis-Abeba. Bloqués dans la capitale éthiopienne, ces derniers sont pourtant « prêts à se rendre au Tigré pour reprendre la distribution et la coordination ».

« Certains partenaires, dont le personnel des Nations unies et des ONG, sont cependant arrivés à Mekele », a précisé le porte-parole d’OCHA, ajoutant qu’ils reçoivent « des autorisations pour de nouveaux déplacements en dehors de Mekele ».

Sur le terrain, les besoins sont terribles et croissants pour environ 2,3 millions de personnes. Ce nombre inclut ceux qui avaient besoin d'aide avant le conflit.

L’activité économique, l’électricité, les communications et les services de base restent largement perturbés, en particulier dans les zones rurales, où vivent les deux tiers de la population. Les banques restent fermées, sauf dans la capitale du Tigré, Mekele. Cela empêche les organisations humanitaires et autres de fournir des services essentiels.

On signale un manque de nourriture sur les marchés en raison des combats qui ont éclaté pendant la saison des récoltes, ce qui a empêché les cultures d’être récoltées. Les principales voies d'approvisionnement vers le Tigré sont toujours coupées.

Même avant le conflit, la malnutrition était déjà en hausse en raison de la pandémie et des criquets pèlerins.

1,3 million d’enfants non scolarisés depuis le début du conflit

Par ailleurs, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que près de 80% des hôpitaux ne fonctionnent toujours pas. 

Quelque 1,3 million d’enfants n’ont pas été scolarisés depuis le début du conflit.  De nombreuses écoles abritent désormais des personnes déplacées. « Il est fait état d’enfants séparés de leur famille, ainsi que de recrutements forcés et de graves allégations de violence sexuelle et sexiste », avait déclaré hier Stéphane Dujarric, porte-parole d’António Guterres, Secrétaire général de l’ONU.

« L'accès est essentiel en ce moment », a insisté Jeans Laerke.

En début de semaine, le chef de l’ONU s’est dit très préoccupé par la situation dans la région du Tigré. M. Guterres s’est félicité de l’engagement positif du gouvernement éthiopien lors des récentes visites de hauts fonctionnaires des Nations Unies, parmi lesquels le Haut-Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, le Secrétaire général adjoint à la sécurité et à la sûreté, Gilles Michaud, et le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley.

« Nous sommes encouragés par le fait que les récentes visites de haut niveau ont abouti à des échanges productifs avec les autorités éthiopiennes, notamment sur la possibilité de risques accrus », ont d’ailleurs fait remarquer les hauts responsables onusiens, tout en continuant d’appeler à un accès humanitaire complet, immédiat, sûr et sans entrave. L’objectif est de fournir une aide et une protection urgentes à ceux qui en ont besoin au Tigré.