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Covid-19 : l'OMS étudie l'éventuelle gravité de la nouvelle variante du virus au Royaume-Uni

Des recherches sont en cours pour déterminer si la nouvelle variante du coronavirus apparue au Royaume-Uni est associée à des changements dans la gravité des symptômes, la réponse des anticorps ou l’efficacité du vaccin, a annoncé mardi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Dans un communiqué, l’agence onusienne note que des études en laboratoire sont en cours pour déterminer si ces variantes de virus ont « des propriétés biologiques différentes ou si elles modifient l’efficacité (éventuelle) d’un vaccin ».

L’apparition au Royaume-Uni d’une nouvelle variante du coronavirus, présentée comme plus contagieuse que les autres, sème l’inquiétude dans le monde. Mais pour l’OMS, rien ne démontre à ce stade que cette variante entraîne des formes plus graves ou résistera aux vaccins, soulignent les experts.

« On ne dispose pas actuellement de suffisamment d’informations pour déterminer si cette variante est associée à une modification de la gravité de la maladie clinique, de la réponse des anticorps ou de l’efficacité du vaccin », précise l’agence onusienne.

Les virus  sont dotés d’un matériel génétique, qui peut être sujet à des modifications lorsqu’ils se répliquent (mutations) dans les cellules où ils se propagent ou par échanges entre virus (recombinaisons). Et cette nouvelle variante est appelée SARS-CoV-2 VUI 202012/01 (Variante sous enquête, décembre 2020, variante 01).

L’implication sur le diagnostic, traitement et de développement de vaccins disponibles

Les premières analyses indiquent que la variante peut se propager plus facilement entre les personnes. Se basant sur des rapports préliminaires du Royaume-Uni, l’OMS souligne que « cette variante est plus transmissible que les précédents virus en circulation, avec une augmentation estimée entre 40 et 70% de la transmissibilité (en ajoutant 0,4 au taux de reproduction du virus de base, ce qui le porte à une fourchette de 1,5 à 1,7).

« Nous avons eu un R0 (taux de reproduction du virus) beaucoup plus élevé que 1,5 à différents moments de cette pandémie et nous l’avons maîtrisé. Cette situation n’est donc pas, en ce sens, hors de contrôle », avait d’ailleurs déclaré hier lundi lors d’une conférence de presse, le Directeur des situations d’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan.

Pour en savoir plus sur le degré de contagiosité de la mutation, les autorités britanniques mènent des enquêtes épidémiologiques et virologiques pour évaluer plus en détail la transmissibilité, la gravité de l’infection, le risque de réinfection et la réponse des anticorps de cette nouvelle variante. Comme l’une des mutations (N501Y) se trouve niveau de la protéine Spike (spicule) du coronavirus, jouant donc un rôle clé dans l’infection virale, les autorités britanniques étudient d’urgence l’activité de neutralisation des sérums de patients récupérés et vaccinés contre cette variante afin de déterminer s’il y a un impact sur la performance du vaccin. 

Selon l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, d’autres études épidémiologiques et de laboratoire sont rapidement nécessaires pour comprendre les implications de ces virus en termes de présentation clinique, de diagnostic, de traitement et de développement de vaccins disponibles contre le SRAS-CoV-2.

Un millier de cas de cette nouvelle variante signalés en une semaine

Depuis le 13 décembre 2020, 1.108 cas d’infection par le CoV-2 VUI 202012/01 ont été détectés au Royaume-Uni. Cette variante a été détectée dans le cadre d’une enquête épidémiologique et virologique lancée au début de ce mois de décembre « à la suite d’une augmentation inattendue des cas de Covid-19 dans le sud-est de l’Angleterre ».

Elle a été caractérisée par une multiplication par plus de trois du taux de notification des cas en 14 jours, de la semaine épidémiologique 41 à la semaine 50 (du 5 octobre au 13 décembre 2020). En moyenne, entre 5 et 10% de tous les virus du SRAS-CoV-2 ont été systématiquement séquencés au Royaume-Uni et 4% dans le sud-est de l’Angleterre depuis le début de la pandémie.

Du 5 octobre au 13 décembre, plus de 50% des isolats ont été identifiés comme la souche variante dans le sud-est de l’Angleterre. L’analyse rétrospective a permis de remonter jusqu’à Kent, dans le sud-est de l’Angleterre, le 20 septembre 2020, et a été suivie d’une augmentation rapide de la même variante identifiée plus tard en novembre. « La plupart des cas de Covid-19 pour lesquels cette variante a été identifiée sont survenus chez des personnes de moins de 60 ans », fait remarquer l’OMS.

Selon l’OMS, des formes similaires de cette nouvelle variante ont été détectées en Australie, au Danemark, aux Pays-Bas, en Italie, en Islande, aux Pays-Bas ou en Afrique du Sud. Mais selon l’OMS, « l’analyse des séquences a révélé que la mutation N501Y du virus signalée au Royaume-Uni et en Afrique du Sud provenait de deux pays distincts ».

La nouvelle souche et l’efficacité des tests de dépistage

Par ailleurs, l’OMS attire l’attention sur les inquiétudes concernant la perte de performance signalée des tests PCR, qui ciblent le gène du pic (S) du virus. Il est conseillé aux laboratoires utilisant des kits PCR commerciaux pour lesquels les gènes viraux ciblés ne sont pas clairement identifiés dans les instructions du fabricant de contacter ce dernier pour plus d’informations. Les laboratoires utilisant des tests PCR internes qui ciblent le gène S du virus doivent également être conscients de ce problème potentiel.

Mais pour l’agence onusienne, étant donné que la plupart des tests PCR dans le monde utilisent des cibles multiples, l’impact de la variante sur les diagnostics ne devrait donc pas être significatif.

D’une manière générale, l’OMS estime que « des études de laboratoire supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre l’impact d’une mutation spécifique sur les propriétés virales et l’efficacité des diagnostics, des thérapies et des vaccins ».

Elle préconise le partage des séquences complètes du génome au niveau international, en particulier pour signaler si les mêmes mutations préoccupantes sont trouvées. Et le Groupe de travail de l’OMS sur l’évolution du virus SRAS-CoV-2 travaille avec des collègues du Royaume-Uni pour mieux comprendre les résultats disponibles et soutenir les études ultérieures.

Alors que l’apparition de cette nouvelle variante semble semer la panique dans le monde, l’agence onusienne invite « tous les pays à évaluer leur niveau de transmission locale et à appliquer des activités de prévention et de contrôle appropriées ».

En cas de symptômes évocateurs d’une maladie respiratoire aiguë, que ce soit pendant ou après le voyage, les voyageurs sont encouragés à consulter un médecin et à faire part de leurs antécédents de voyage à leur prestataire de soins de santé.

Conseils de l’OMS sur les voyages au Royaume-Uni

Les autorités sanitaires devraient collaborer avec les secteurs des voyages, des transports et du tourisme pour fournir aux voyageurs des informations visant à réduire le risque général d’infections respiratoires aiguës, par l’intermédiaire des cliniques de santé des voyageurs, des agences de voyage, des opérateurs de transport et aux points d’entrée.

Conformément aux conseils fournis par le Comité d’urgence Covid-19 lors de sa dernière réunion, l’OMS recommande que les États parties réexaminent régulièrement les mesures appliquées aux voyages internationaux conformément à l’article 43 du RSI (2005) et continuent à fournir des informations et des justifications à l’OMS sur les mesures qui entravent de manière significative le trafic international.

Et pour l’OMS, les pays devraient également veiller à ce que les mesures affectant le trafic international soient fondées sur les risques, sur des données probantes, cohérentes, proportionnées et limitées dans le temps.

En toutes circonstances, « les déplacements essentiels (par exemple, les intervenants d’urgence, les fournisseurs de soutien technique en matière de santé publique, le personnel essentiel dans le secteur des transports et de la sécurité comme les marins, les rapatriements et le transport de marchandises pour les fournitures essentielles comme la nourriture, les médicaments et le carburant) identifiés par les pays devraient toujours être priorisés et facilités », selon l’agence onusienne.

L’OMS Europe va réunir ses membres pour harmoniser la riposte

Le Bureau régional pour l’Europe de l’OMS va convoquer une réunion de ses Etats membres pour harmoniser sa riposte et discuter des stratégies de lutte contre la nouvelle variante du coronavirus.

En réponse à la nouvelle souche circulant au Royaume-Uni, « l’OMS Europe entend discuter sur les stratégies de tests, de réduction des transmissions et de communication sur les risques », a déclaré son Directeur, Hans Kluge sur Twitter, sans donner la date exacte de la réunion. La branche européenne suit « de près les rapports concernant une variante de la Covid-19 VUI - 202012/01 en pleine croissance ».

A ce stade, l’agence onusienne note que cette variante « semble se propager plus facilement. Même si tout n’est pas encore « clair sur sa gravité », l’OMS estime que « des mesures préventives accrues sont essentielles ».

Dr. Kluge a également souligné sur Twitter que la limitation des voyages pour contenir les contaminations est prudent jusqu’à ce qu’il y ait une meilleure information. Mais « les chaînes d’approvisionnement pour les biens essentiels et les déplacements essentiels doivent rester possible », a-t-il ajouté.

Plus largement, il insiste sur le partage des données et l’intensification des enquêtes. « Réaffirmant une fois de plus notre engagement de solidarité face aux nouveaux défis de la Covid-19, personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité », a conclu le Dr Kluge.