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COVID-19 : Dans le contexte actuel, inquiétudes au sujet des disparitions forcées

Principios rectores para la busqueda de personas desaparecidas

En pleine crise mondiale de COVID-19, le Président du Comité des disparitions forcées, le Marocain Mohammed Ayat, ne cache guère son inquiétude alors que certains pays ont déjà autorisé que puissent être brûlés sans identification des corps de victimes du coronavirus.

« Dans certains pays, pour répondre à la pandémie de COVID-19, des corps ont pu être brûlés à la hâte, sans identification préalable, et je pense aux familles qui craignent que leurs proches disparus aient subi un tel sort », a-t-il dit récemment à l’ouverture de la dix-huitième session du Comité.

« [Cette pandémie] ne peut en aucun cas servir d'excuse aux disparitions de personnes », a lui aussi tenu à rappeler le Chef du Service des organes de traités au Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Ibrahim Salama.  

La Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées est claire : aucune circonstance, même exceptionnelle, ne peut être invoquée pour justifier une disparition forcée, un principe qui s'applique évidemment dans le cadre de la COVID-19.  

Un rappel d’autant plus nécessaire que, comme l’a souligné M. Salama, les disparitions forcées ont continué d’avoir lieu au cours des dernières semaines dans certaines régions du monde.

Ces préoccupations résonnent comme un écho à l’avertissement plus général déjà lancé par la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, lors de la conversation virtuelle que le Conseil des droits de l’homme a eue avec elle le 9 avril dernier.  

« Une situation d'urgence n'est pas un chèque en blanc pour ignorer les obligations en matière de droits de l'homme », avait-elle alors souligné.  

Dans un communiqué publié le mois dernier, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) rappelle que « le respect des personnes décédées et de leurs familles est assuré par des enterrements ou des incinérations appropriés avec identification et documentation ».

L’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) a elle aussi consacré un document à la gestion des cadavres dans le contexte de la crise actuelle de COVID-19 et a répondu par la négative à la question de savoir s’il faut utiliser des fosses communes pour jeter rapidement les corps.  L'inhumation rapide et massive des victimes n'est pas justifiée par des raisons de santé publique et se précipiter pour éliminer les corps sans identification appropriée fait plus de mal que de bien, en traumatisant les familles et les communautés, souligne l’organisation régionale.

On le voit bien : la question de l’identification des corps est centrale dans le contexte actuel, et les préoccupations exprimées par MM. Ayat et Salama sont incontestablement légitimes dans la perspective de la protection des personnes contre la disparition forcée.

Pour l’heure, seuls 62 Etats ont ratifié la Convention.