Aller au contenu principal

Examen du Mexique au CRC : sont évoquées en particulier des difficultés dans l’application de la loi sur les droits de l’enfant et les violences commises à l’encontre des enfants, y compris de nombreuses disparitions forcées

Compte rendu de séance

 

Le Comité des droits de l’enfant (ou CRC, acronyme en anglais) a examiné, aujourd’hui, le rapport présenté par le Mexique au titre de la Convention relative aux droits de l’enfant

Dans le cadre du dialogue noué entre le Comité et une délégation mexicaine conduite par M. Roberto Armando de León Huerta, Directeur général adjoint pour les droits de l'homme et la démocratie au Ministère des affaires étrangères du Mexique, un expert membre du Comité a salué l’adoption de la Loi générale relative aux droits des enfants et des adolescents en 2014. L’expert a néanmoins indiqué qu’il subsistait des difficultés dans l’application de cette loi, en particulier concernant les enfants marginalisés. Il a aussi regretté que le Mexique soit l’un des rares pays latino-américains à ne pas avoir ratifié le Protocole facultatif établissant une procédure de communication (plainte) devant le Comité.

L’expert a ensuite déploré des violences commises à l’encontre des enfants, en particulier des féminicide de filles, ainsi que les nombreuses disparitions forcées d’enfants : quelque 17 700 enfants de 0 à 17 ans sont aujourd’hui portés disparus au Mexique, dont 56% de filles, et, chaque jour, 14 enfants disparaissent, s’est-il alarmé.

Soulignant que le Mexique était le pays le plus violent à l’encontre des défenseurs du droit à l’environnement, l’experte a demandé ce qui était fait pour protéger l’ensemble des défenseurs des droits au Mexique, y compris les défenseurs des droits de l’enfant. Elle a par ailleurs déploré que l’accès à la santé des enfants soit en déclin en raison, notamment, de la fin du système d’assurance destiné aux enfants de moins de cinq ans. L’experte a aussi indiqué que, selon plusieurs rapports, le Mexique avait échoué à lutter contre la pauvreté des enfants autochtones.

Une autre experte a déploré le manque d’investissement dans l’éducation des enfants au Mexique. Elle a indiqué avoir reçu des rapports fiables qui indiquent que de nombreux enfants vulnérables quittent l’école à 15 ans pour travailler et subvenir aux besoins de leur famille. L’experte a souligné que de nombreux abandons scolaires sont dus à la violence ou au recrutement dans les gangs.

Présentant le rapport de son pays, M. de León Huerta a indiqué que le Programme national des droits de l'homme 2020-2024 comportait cinq objectifs prioritaires, dont le troisième exige du Gouvernement mexicain qu'il promeuve des actions ciblées pour garantir les droits de l'homme des groupes historiquement discriminés, tels que les enfants et les adolescents.

Selon les données du Conseil national d'évaluation de la politique de développement social, a relevé M. de León Huerta, le pourcentage d'enfants de moins de 18 ans en situation de pauvreté multidimensionnelle est tombé de 50,3 % en 2018 à 45,8 % en 2022.

Le Directeur général a aussi indiqué que la Stratégie nationale pour l'éducation inclusive avait amorcé une transformation progressive du système éducatif national en un système inclusif et souple pour les enfants et les adolescents. Le Mexique a réalisé d'autres avancées importantes dans la création d'espaces de participation des enfants et des adolescents à la prise de décisions, tel le Conseil consultatif national de l'enfance et de l'adolescence, a aussi dit le chef de la délégation.

M. de León Huerta a mentionné des mesures prises par le Gouvernement mexicain pour lutter contre la pauvreté et les inégalités socio-économiques en vue de lutter contre la pauvreté des enfants et des adolescents de « manière frontale et coordonnée ». Malgré ces efforts, M. de León Huerta a reconnu qu'il restait encore beaucoup à faire aux niveaux politique, institutionnel et budgétaire pour que les enfants et les adolescents qui vivent aujourd'hui dans la pauvreté puissent réaliser leur potentiel.

La délégation mexicaine était composée, entre autres, de Mme Francisca Elizabeth Méndez Escobar, Représentante permanente du Mexique auprès des Nations Unies à Genève, ainsi que de représentants du Ministère de la santé, du Ministère du bien-être et d’autres organismes institutionnels.

Au cours du dialogue, la délégation a indiqué que trente-deux commissions au niveau des entités fédérées étaient chargées des recherches des personnes disparues, des mesures spécifiques étant prises lorsque les personnes disparues sont des enfants ou d’autres personnes vulnérables. De plus, un nouveau protocole a été adopté dans le domaine de la recherche des enfants disparus et, en 2023, une réforme a été lancée afin que les opérateurs téléphoniques participent à un mécanisme d’alerte rapide face aux disparitions de femmes et d’enfants.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport du Mexique et les rendra publiques à l’issue de sa session, le 13 septembre.

 

Le Comité entamera l’examen du rapport de l’Argentine lundi 2 septembre, à 15 heures.

 

Examen du rapport du Mexique

Le Comité est saisi du rapport valant sixième et septième rapports périodiques du Mexique (CRC/C/MEX/6-7), ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter qui avait été soumise par le Comité.

Présentation du rapport

Dans des remarques liminaires, Mme Francisca Elizabeth Méndez Escobar, Représentante permanente du Mexique auprès des Nations Unies à Genève, a déclaré que depuis 1990, date à laquelle le Mexique a ratifié la Convention, le dialogue et les retours d'expérience du Comité ont permis d'identifier les lacunes et de renforcer les cadres normatifs, les politiques publiques et la structure institutionnelle du pays, avec des résultats visibles pour les filles, enfants et adolescents.

Mme Méndez Escobar a indiqué que le dialogue se tenait dans le cadre d'un processus de transition politique au Mexique, qui permettra à la prochaine administration de disposer des recommandations du Comité pour poursuivre la construction et le renforcement des politiques publiques. Pour la première fois en 200 ans d’histoire, le Mexique a porté à sa présidence une femme, Mme Claudia Sheinbaum, a rappelé la Représentante permanente.

Depuis dix ans, a aussi précisé Mme Méndez Escobar, le Mexique a connu un véritable changement de paradigme centré sur la Convention et ancré dans la Loi générale relative aux droits des enfants et des adolescents (2014), laquelle établit le Système national de protection de l'enfant et de l'adolescent (SIPINNA) et le Procureur fédéral pour la protection des filles, enfants et adolescents.

Présentant le rapport de son pays, M. Roberto Armando DE LEÓN HUERTA, Directeur général adjoint pour les droits de l'homme et la démocratie au Ministère des affaires étrangères du Mexique, chef de la délégation mexicaine, a indiqué, en particulier, que le Programme national des droits de l'homme 2020-2024 comportait cinq objectifs prioritaires, dont le troisième exige du Gouvernement qu'il promeuve des actions ciblées pour garantir les droits de l'homme des groupes historiquement discriminés, tels que les enfants et les adolescents, en vertu du principe de l'intérêt supérieur.

Selon les données fournies par le Conseil national d'évaluation de la politique de développement social (CONEVAL), le pourcentage d'enfants de moins de 18 ans en situation de pauvreté multidimensionnelle est passé de 50,3 % en 2018 à 45,8 % en 2022, a-t-il relevé.

Le Directeur général a aussi indiqué que la Stratégie nationale pour l'éducation inclusive avait amorcé une transformation progressive du système éducatif national en un système inclusif et souple pour les enfants et les adolescents de l'ensemble du pays, dans sa grande diversité, dans des conditions et des chances égales.

Le Mexique a réalisé d'autres avancées importantes dans la création d'espaces de participation des enfants et des adolescents à la prise de décisions, comme le Conseil consultatif national de l'enfance et de l'adolescence, a dit le chef de la délégation. Pour la première fois, l'État mexicain a préparé le rapport non seulement avec des informations obtenues au niveau fédéral et avec la participation de 28 gouvernements locaux, d'organisations de la société civile et d'universitaires, mais aussi avec la participation d'enfants et d'adolescents, a-t-il précisé.

M. de León Huerta a mentionné des mesures prises par le Gouvernement mexicain pour lutter contre la pauvreté et les inégalités socio-économiques en vue de lutter contre la pauvreté des enfants et des adolescents de « manière frontale et coordonnée ». Il a présenté des programmes qui, directement ou indirectement, contribuent à réduire les taux de pauvreté et d'inégalité chez les enfants et les adolescents en s'attaquant aux causes structurelles de la pauvreté multidimensionnelle, tels que le Programme de soutien au bien-être des enfants de mères qui travaillent et le Programme Benito Juárez de bourses d'aide sociale.

Malgré ces efforts, M. de León Huerta a reconnu qu'il restait encore beaucoup à faire aux niveaux politique, institutionnel et budgétaire pour que les enfants et les adolescents qui vivent aujourd'hui dans la pauvreté puissent réaliser le meilleur développement et réaliser leur potentiel.

Enfin, le Mexique est conscient qu'il a d'importants défis à relever concernant les enfants et adolescents en situation de mobilité humaine ; la violence à l'égard des enfants et des adolescents ; et la situation des enfants privés de leur milieu familial ou qui se trouvent dans une situation de vulnérabilité, a indiqué M. Méndez Escobar.

Questions et observations des membres du Comité

Le Comité avait chargé un groupe de travail composé de quatre de ses membres de procéder à l’examen du rapport du Mexique : M. Luis Pedernera Reyna, Mme Velina Todorova, M. Benoît Van Keirsbilck et Mme Faith Marshall-Harris.

Coordonnateur de ce groupe de travail, M. PEDERNERA REYNA a d’abord salué l’adoption de la Loi générale relative aux droits des enfants et des adolescents en 2014. L’expert a néanmoins indiqué qu’il subsistait des difficultés dans son application, en particulier concernant les enfants marginalisés. Il a regretté que le Mexique soit l’un des rares pays latino-américains à ne pas avoir ratifié le Protocole facultatif établissant une procédure de communication (plainte) devant le Comité.

L’expert a par ailleurs salué le système de protection SIPINNA, tout en se disant préoccupé par le fait que ce modèle avait vu son budget diminué et son existence remise en cause.

Saluant d’autre part la stratégie pour la petite enfance adoptée au Mexique, l’expert a cependant souligné qu’il manquait de budgets pour appliquer cette stratégie. L’expert a par ailleurs relevé que la définition de l’intérêt supérieur de l’enfant était excellente dans la loi mais que ce principe n’est pas traduit dans la réalité, en particulier quand il s’agit de placer des mineurs en institution.

M. Pedernera Reyna a constaté, d’autre part, que le Mexique avait augmenté ses dépenses sociales globales mais diminué les dépenses sociales en faveur des enfants. Il a regretté l’absence de données ventilées concernant les politiques de l’enfance.

L’expert a souligné que le modèle de justice adaptée aux enfants n’a pas été généralisé sur l’ensemble du territoire. Dans ce contexte, il a demandé comment la réforme judiciaire prenait en compte le droit aux enfants d’avoir accès à la justice.

M. Pedernera Reyna a relevé que la discrimination était un défi très important au Mexique, notamment aux motifs de l’âge, du genre, de l’origine ethnique ou du handicap des enfants.

S’agissant de la prise en compte de l’avis des enfants, l’expert a indiqué que, selon des informations reçues par le Comité, la participation des enfants au Mexique était très « dirigée » et se faisait dans un cadre très formel.

L’expert a aussi déploré des violences commises à l’encontre des enfants, en particulier des féminicide de filles, ainsi que les nombreuses disparitions forcées d’enfants : quelque 17 700 enfants de 0 à 17 ans sont aujourd’hui portés disparus au Mexique, dont 56% de filles, et, chaque jour, 14 enfants disparaissent, s’est-il alarmé.

M. Pedernera Reyna a demandé ce que faisait le défenseur du peuple dans le domaine de la protection et la promotion des droits de l’enfant et comment les enfants étaient mis au courant des activités du défenseur. Il a par ailleurs demandé quel mécanisme permettait aux enfants placés en institution de porter plainte.

MME TODOROVA a salué une « bonne évolution » au Mexique afin de parvenir à un enregistrement généralisé des naissances. Elle a demandé des informations sur la mise en œuvre de la loi sur l’harmonisation des registres civils.

L’experte a souligné que le Mexique était le pays le plus violent à l’encontre des défenseurs du droit à l’environnement, avec 54 défenseurs assassinés. Elle a aussi déploré les violences commises à l’encontre des défenseuses des droits de l’homme des peuples autochtones. Elle a demandé ce qui était fait pour protéger l’ensemble des défenseurs des droits au Mexique, y compris les défenseurs des droits de l’enfant.

Mme Todorova a par ailleurs déploré que l’accès à la santé des enfants soit en déclin en raison, notamment, de la fin du système d’assurance destiné aux enfants de moins de cinq ans. Elle a aussi regretté le manque d’accès aux soins par les enfants autochtones. L’experte a demandé si des mesures avaient été adoptées pour harmoniser la législation sur l’avortement sur tout le territoire, y compris s’agissant de la levée de la criminalisation de l’IVG, et si les enfants avaient accès à un cours d’éducation sexuelle.

Mme Todorova a par ailleurs indiqué que, selon plusieurs rapports, le Mexique avait échoué à lutter contre la pauvreté des enfants autochtones. Elle a prié la délégation de décrire l’ensemble des mesures prises pour protéger les droits des enfants autochtones.

L’experte a par ailleurs souligné que le Mexique investissait toujours dans les énergies fossiles. Elle a demandé comment le pays faisait en sorte, dans ce contexte, de défendre le droit des enfants à un environnement sûr.

MME MARSHALL-HARRIS a déploré le manque d’investissement dans l’éducation des enfants au Mexique. Elle a indiqué avoir reçu des rapports fiables qui indiquent que de nombreux enfants vulnérables quittent l’école à l’âge de 15 ans pour travailler et subvenir aux besoins de leur famille. Elle a aussi souligné que de nombreux abandons scolaires sont dus à la violence ou au recrutement dans les gangs.

Elle a déploré que l’intérêt supérieur de l’enfant ne semble pas respecté dans le traitement des enfants migrants, notamment dans les centres d’accueil où des enfants se trouvent enfermés en violation de la loi.

L’experte s’est aussi inquiétée de la situation des enfants vivant dans les rues au Mexique : elle a rappelé que ces enfants devaient être considérés comme des victimes et non comme des délinquants.

M. VAN KEIRSBILCK a salué l’adoption de la loi générale sur les enfants et les adolescents. Toutefois, il a souligné qu’il y avait toujours des incohérences entre cette loi et d’autres législations, concernant notamment les châtiments corporels. Il a aussi relevé que de nombreux adolescents au Mexique vivent mariés, de facto, avec comme conséquences des grossesses précoces et l’abandon scolaire de nombreuses filles.

S’agissant de l’exploitation et des abus sexuels, l’expert a estimé que les chiffres étaient « effrayants », avec plus de six millions de filles victimes de violence sexuelle avant l’âge de 15 ans. Il a demandé à la délégation comment était identifiées les victimes et quelles mesures étaient prises pour qu’elles aient accès à la justice. M. Van Keirsbilck a aussi estimé que beaucoup trop d’enfants étaient placés en institution au Mexique, notamment dans les centres sociaux.

Réponses de la délégation

La délégation a donné plusieurs exemples de l’application de la Loi générale relative aux droits des enfants et des adolescents sur l’ensemble du territoire, en particulier le développement de systèmes de protection intégrale dans tous les États fédérés et la création d’une nouvelle structure institutionnelle dans le domaine de la protection de l’enfance.

S’agissant des disparitions, la délégation a indiqué que la Loi générale sur les disparitions forcées des personnes avait permis de qualifier ce crime. Trente-deux commissions au niveau des entités fédérées sont chargées des recherches des personnes disparues, en prenant en compte particulièrement la question du genre. Des mesures spécifiques sont prises lorsque les personnes disparues sont des enfants, des personnes handicapées, des femmes ou d’autres personnes vulnérables. Un nouveau protocole a été adopté dans le domaine de la recherche des enfants disparus. En 2023, une réforme a été lancée afin que les opérateurs téléphoniques participent à un mécanisme d’alerte rapide face aux disparitions de femmes et d’enfants.

S’agissant de la protection des défenseurs des droits de l’homme, la délégation a indiqué qu’il s’agissait d’une priorité pour les autorités. Un nouveau mécanisme de protection des défenseurs des droits de l’homme a été mis en place dans toutes les entités fédérées. De nombreuses personnes – défenseurs, avocats et journalistes – sont protégées depuis la mise en place de ce mécanisme.

La délégation a assuré que le Gouvernement « ne faisait pas semblant » de consulter les enfants. De nombreuses consultations ont été organisées, notamment dans le cadre du SIPINNA. En 2024, les autorités ont réalisé une consultation auprès d’1,9 million d’enfants, y compris des enfants autochtones, des enfants handicapés et des enfants mexicains de l’étranger. Les enfants sont les moteurs de ces consultations, a-t-elle insisté.

Sur le même sujet, la délégation a précisé que la dernière consultation avait permis de déterminer, comme priorité, la lutte contre les violences dans les foyers. Un autre enseignement de la consultation a été de mettre en lumière la solitude des enfants et des adolescents. La délégation a aussi relevé que des débats entre enfants étaient diffusés par certaines radios locales.

La délégation a en outre indiqué que le SIPINNA n’allait pas être rétrogradé mais intégré dans une autre institution, ses compétences et mandats étant simultanément élargis.

Si nécessaire, le Procureur général chargé de la protection des enfants et des adolescents assure leur représentation juridique, a également relevé la délégation. Les procureurs spécialisés dans la protection de l’enfance ont l’obligation de tenir compte de l’ intérêt supérieur de l’enfant, a-t-elle également indiqué.

La délégation a ensuite indiqué que le Mexique avait comme priorité de renforcer la sécurité publique et la paix. Chaque jour, la présidence de la République fait le point sur la sécurité dans le pays lors d’une conférence de presse : la délégation a estimé qu’il s’agissait là d’une preuve de transparence dans ce domaine.

La délégation a par ailleurs indiqué que l’ensemble des professionnels du secteur de l’enfance doivent connaître la législation relative à la protection de l’enfance, les dispositions de la Convention ainsi que la notion d’intérêt supérieur de l’enfant. De nombreuses campagnes sur la paix et les droits des enfants sont organisées, en particulier dans les zones les plus touchées par la délinquance et les violences.

La délégation a aussi précisé que la loi prohibait les châtiments corporels. De nombreuses campagnes sont organisées auprès des parents sur l’« éducation avec amour » pour lutter contre ces mauvais traitements. Il y a eu, de plus, un changement de paradigme concernant l’autorité parentale, qui n’est plus considérée comme un droit s’exerçant sur les enfants, mais plutôt une responsabilité que doivent assumer les parents en vertu de la Convention, a fait valoir la délégation.

La délégation a ajouté que le programme national de protection des enfants et des adolescents visait à améliorer la capacité institutionnelle dans ce domaine en recourant, notamment, à des formations pédagogiques et à l’organisation de séances de sensibilisation. Ce programme veille tout particulièrement à protéger les enfants migrants.

La délégation a présenté différents services de protection des enfants, notamment l’ouverture d’une ligne téléphonique pour dénoncer les faits de violence.

La délégation a affirmé que le Mexique s’était doté un système robuste de protection intégrale pour relever le « défi immense » que représentent les violences faites aux enfants. Il faut modifier les mentalités pour que les lois soient appliquées dans la réalité et laisser de côté les coutumes, a fait remarquer la délégation : à cet égard, aujourd’hui, le paradigme a changé et les enfants sont considérés comme des titulaires de droits à part entière, a-t-elle ajouté.

La délégation a ensuite présenté plusieurs mesures destinées à lutter contre les violences sexuelles à l’encontre des femmes et des enfants, notamment des amendements au Code pénal pour rendre les peines incompressibles pour ces crimes.

La délégation a aussi relevé que le Mexique appliquait un système de garde de remplacement solide, privilégiant toujours la vie des enfants au sein de leur famille ou de leur communauté. L’adoption est une pratique très encadrée par la loi, tout manquement étant considéré comme de la traite des personnes. La délégation a indiqué que, selon les statistiques officielles, quelque 13 000 enfants sont privés d’environnement familial au Mexique, dont certains sont à même de faire l’objet d’une procédure d’adoption.

Pour renforcer l’accès à la justice des enfants, la délégation a indiqué que des conseillers sont désignés sur tout le territoire pour conseiller les enfants et les familles. Actuellement, plus de 80 juges pénaux sont spécialisés dans la justice pour les mineurs. La délégation a aussi mentionné trois formations spécialisées obligatoires pour les personnes qui se destinent à travailler dans le domaine de la justice pour les mineurs.

La délégation a souligné que les enfants étaient consultés dans toutes les affaires judiciaires qui les concernent. Lorsqu’il s’agit d’affaires de violences sexuelles, l’enfant doit être représenté par un tuteur spécialisé. Par ailleurs, la confidentialité est assurée pendant toute la procédure et les interrogatoires sont adaptés aux enfants.

La justice pour les mineurs a été modifiée afin de la centrer sur les personnes. Dans ce domaine, le pays s’est basé sur les bonnes pratiques en mettant en œuvre une « justice adaptée » aux enfants en coopération notamment avec l’UNICEF. Les enfants ont aussi été consultés pour mettre en œuvre une justice qui leur soit adaptée.

La délégation a indiqué que la loi fixait l’âge minimum du mariage à 18 ans, une disposition applicable sur tout le territoire. Le Code pénal a été amendé afin d’alourdir les peines pour les auteurs de violences à l’encontre des mineurs ; de même, un nouveau délit a été inscrit s’agissant de l’union libre avec des mineurs.

Le Mexique dispose de plus de 18 000 centres de prise en charge de jeunes enfants, qui s’occupent d’environ 900 000 enfants, a encore indiqué la délégation. Leur personnel doit avoir suivi l’ensemble des formations relatives à la prise en charge des enfants.

Entre autres mesures pour éviter l’abandon scolaire, un nouveau programme a été mis en œuvre afin d’offrir un petit déjeuner chaud à tous les enfants, a indiqué la délégation.

S’agissant du respect du droit à un environnement sûr pour les enfants, la délégation a affirmé qu’il y avait des progrès importants au Mexique dans ce domaine avec la mise en œuvre de programmes qui visent, notamment, à renforcer l’économie locale et circulaire, ainsi que la défense des droits des populations autochtones.

La délégation a reconnu que de nombreux enfants travaillent dans le domaine de l’agriculture, où ils sont exposés à des produits toxiques. Pour remédier à cette situation, les autorités ouvriront, dans ces régions, des centres d’accueil pour les enfants et la petite enfance.

La délégation a ensuite indiqué que des mesures avaient été prises pour combler les lacunes dans le domaine de l’éducation en mettant en œuvre des cours en ligne, entre autres mesures. Des progrès ont aussi été enregistrés dans le domaine de la lutte contre l’abandon scolaire et des mesures ont par ailleurs été prises pour lutter contre le harcèlement et les violences à l’école. En outre, les autorités scolaires donnent davantage la priorité aux activités récréatives, a-t-il été indiqué.

Quant à la stratégie nationale de la petite enfance, elle vise à ce que tous les jeunes enfants aient accès aux services essentiels, notamment l’éducation et la santé, sur tout le territoire. Quelque 99,6% des 130 millions d’habitants du Mexique sont enregistrés à l’état civil, a dit la délégation.

La délégation a indiqué que le Mexique s’était doté d’un programme de protection intégrale des enfants autochtones et des enfants d’ascendance africaine. Par ailleurs, un autre programme, intitulé « vie exempte de violence », est appliqué sur l’ensemble du territoire.

Il a également été précisé qu’une réforme constitutionnelle allait donner davantage de droits collectifs et individuels aux peuples autochtones. En outre, des « plans de justice » ont été signés avec des peuples autochtones afin que les peuples autochtones ayant été victimes de violations obtiennent réparation.

L’institution national des migrations répertorie tous enfants en situation de migration et leur octroie un logement. C’est cette institution qui détermine si l’enfant peut obtenir l’asile, a aussi fait savoir la délégation.

La délégation a ensuite présenté une série de mesures prises par les autorités pour améliorer la santé des enfants, notamment des programmes d’accès aux vaccins et de sensibilisation à une bonne alimentation. Par ailleurs, la délégation a indiqué qu’il y a dix ans, les autorités avaient lancé une stratégie de sensibilisation à la santé sexuelle et génésique qui a permis, en particulier, de diminuer le nombre de grossesses précoces.

La délégation a aussi indiqué que le Mexique avait changé son modèle de prise en charge des addictions, en privilégiant l’approche communautaire et non plus l’internement dans des hôpitaux.

Remarques de conclusion

M. PEDERNERA REYNA a estimé que le Mexique traversait une période de transition très prometteuse s’agissant de l’application des recommandations que le Comité formulera pour le bien-être des enfants mexicains. Il a salué la présence de la voix et de l’avis des enfants dans le rapport.

MME MÉNDEZ ESCOBAR a rappelé que le Mexique avait à cœur de mettre en œuvre les dispositions de la Convention. Elle a salué, dans ce contexte, la tenue de ce dialogue qui a permis de mettre en exergue les progrès du Mexique en matière de promotion et de protection des droits des enfants. Elle a indiqué que les autorités examineraient avec grande attention les recommandations du Comité.

 

 

 

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel. 

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment. 

 

 

CRC24.022F