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Troisième séance plénière de la Conférence internationale de la société civile travaillant sur la question de Palestine

Compte rendu de séance

 Actions de l’État en matière de responsabilité : discussion des meilleurs pratiques 

 

AHMAD ABUZNEID, Directeur exécutif de la Campagne américaine pour les droits des Palestiniens, a déclaré que l’objectif de son organisation était de mettre fin à tout soutien à l’État d’apartheid d’Israël. La situation est désastreuse et des témoignages bouleversants ont été – au cours de ces deux jours de Conférence - entendus quant à la réalité sur le terrain, la famine, la dévastation et le génocide qui se poursuivent. Les États-Unis sont aujourd’hui le plus grand défenseur du génocide et de l’apartheid dans le monde et ont refusé d’agir, n’offrant qu’un léger changement de rhétorique tout en poursuivant les mêmes actions, notamment en armant, défendant et couvrant Israël. L’argent des contribuables doit être consacré au financement des soins de santé, de l’éducation et autres plutôt qu’à la mort des Palestiniens. C’est l’époque du plus grand mouvement populaire en faveur des droits des Palestiniens dans l’histoire des États-Unis. Ainsi, des milliers de personnes aux États-Unis ont commis des actes de désobéissance civile dans l’intérêt de la Palestine. Les réseaux sociaux contribuent à changer la perspective sur la Palestine.

M. Abuzneid a indiqué que son organisation a lancé l’an passé avec certains de ses partenaires une campagne intitulée « Not on our dime ». Elle a pour but de limiter les fonds mis à la disposition des colons violents par l’intermédiaire d’organisations caritatives qui collectent des millions de dollars exonérés d’impôts pour ensuite expulser des milliers de Palestiniens de leurs territoires. Ces organisations se font passer pour des organisations caritatives, tandis qu’elles financent les activités illégales commises par les colons et œuvrent à consolider les colonies réservées aux juifs en Cisjordanie et à Jérusalem et à déplacer les Palestiniens. Cette campagne vise à retirer le statut d’organisme de bienfaisance aux organisations qui fournissent ces fonds et à verser aux Palestiniens, qui sont touchés par les activités des colons, les moyens de demander des comptes. Le procureur général de New York a le pouvoir de retirer ce statut aux organisations caritatives dont les activités ne seraient pas conformes à un objectif caritatif ou financeraient des violations des Conventions de Genève ou des crimes de guerre. De nombreuses organisations ont d’ores et déjà demandé au procureur général d’enquêter sur ces organisations caritatives enregistrées à New York et actives en Israël et en Palestine.

DIEGO KHAMIS, Directeur exécutif de la Communauté palestinienne au Chili, a déclaré qu’il y avait au Chili environ 500 000 Chiliens d’origine palestinienne, de plus en plus intégrés. Il y a un besoin de solidarité internationale, et les personnes d’origine palestinienne doivent maintenir et garder cet appel vivant et partout. Depuis la Nakba et depuis 1983, la communauté palestinienne a joué un rôle important et a accru sa présence au Chili, avec une implication historique des Palestiniens chiliens qui travaillent en étroite relation avec les Palestiniens. Le Chili a une position d’État sur la question palestinienne, qui est fondée sur le strict respect du droit international et du droit humanitaire. Cette position a toujours été maintenue, même lors des changements de gouvernement.

En 2010, un nouvel institutionnalisme a été mis en place dans le but de créer un impact, tout en recherchant des effets et pas uniquement de créer du bruit. Nous avons alors fait le choix de travailler pour chercher une voix unique pour les Palestiniens du Chili, en termes de position vis-à-vis de l’opinion publique et du Gouvernement. A cette fin, les institutions et organes palestiniens à travers le Chili se sont unifiés afin de parvenir à s’exprimer d’une seule voix et d’exprimer également une position palestinienne unique, dans le but d’unifier les Palestiniens du monde entier et de renforcer les revendications légitimes des Palestiniens et les rendre plus fortes qu’elles ne l’auraient été autrement. Il est important de créer un consensus à travers la réalité afin de créer une structure et de travailler ensemble sur des objectifs communs à cette fin.

Il faut créer une voix à la fois grave et sérieuse et il existe diverses options à cette fin, y compris politiques. La première chose à faire a été de générer des impacts et d’améliorer la situation pour que les revendications légitimes des Palestiniens soient efficaces et ne soient pas affectées. Ce travail était assez complexe, car il devait commencer au niveau communautaire, tout en examinant également les politiques de l'État sur les questions palestiniennes dans le débat public au Chili. La décision a été prise d’avoir un impact sur les décideurs, tout en restant neutre et laïque à l’égard des partis, avec une structure professionnelle qui ne dépend pas des individus mais est dirigée par une équipe qui travaille de manière transversale tout en étant indépendante. Notre conviction était que pour avoir une paix durable, il fallait la mise en œuvre du droit international et de la légalité, ainsi que l’application du respect des droits de l’homme et du droit humanitaire. Il faut mettre fin à l’occupation, trouver une solution aux problèmes des réfugiés et appliquer le droit international. À cette fin, les États doivent respecter leurs obligations internationales et faire pression sur ceux qui ne le feraient pas, en prenant des mesures concrètes pour obliger Israël à respecter le droit international. Le travail de la diaspora palestinienne en Amérique latine doit être renforcé.

En ce qui concerne les bonnes pratiques, les politiques de l’État israélien ont affecté les Chiliens, notamment dans les colonies qui ont été construites en expropriant les terres des citoyens chiliens. Il a eu une volonté de séparer les Chiliens des Palestiniens qui se trouvaient encore en Palestine, mais la communauté n’a pas accepté et a travaillé dans ce but, en s’efforçant de maintenir les liens. Très souvent, en Amérique latine, il y a eu un travail précieux d’accompli, mais il s’agit souvent d’un travail bénévole et il est donc nécessaire d’être plus professionnel, avec des décisions prises par des experts sur la base d’études professionnelles. Une autre question importante est de faire la distinction entre le travail des mouvements de solidarité et celui des organisations palestiniennes.

RULA SHADID, Directeur exécutif de l'Institut palestinien pour la diplomatie publique, a déclaré qu’aujourd’hui marquait le 181e jour du génocide en Palestine et à Gaza. Elle a ensuite demandé une minute de silence pour les 33 236 Palestiniens tués dans cet horrible génocide. Concernant les bonnes pratiques, elle a indiqué qu’il était difficile d’en discuter lorsqu’un simple cessez-le-feu n’a toujours pas été obtenu. Toutefois, un dénouement intéressant s’est produit – en dépit de l’horrible situation – qui est la meilleure compréhension de la situation en cours, renforçant l’idée de ce qui doit être fait. L’accent a été mis sur le récit et les opportunités qui ont été utilisées pour expliquer qu’il s’agissait d’une situation de colonisation et de blocus, d’un génocide, d’un projet colonial dont le but principal est de déplacer les Palestiniens et de les remplacer par un autre groupe racial. Et les gens commencent à mieux comprendre cela.

La responsabilité des États relève de leurs seuls intérêts et il est extrêmement clair et inquiétant de constater que de nombreux États qui se réclament de la civilisation et sont des pionniers de l’État de droit ont été les premiers à devenir et à continuer d’être les partisans de la politique génocidaire en cours. Certains Palestiniens savent que le projet colonial est indissociable du soutien des États occidentaux, mais il est devenu plus clair que même les États qui prétendent respecter l’État de droit, y compris les libertés civiles, ne respectent pas cet engagement à l’égard de la Palestine. Il est vraiment intéressant de voir comment la situation a réellement affecté les libertés des Européens au sein de leur propre pays. Il ne s’agissait plus seulement de la Palestine, mais de la démocratie elle-même et des libertés d’expression et de réunion, qui étaient toutes mises à mal dans de nombreux pays européens.

Ce qui s’est passé et la façon dont la situation a été gérée ont montré qu’il ne pouvait y avoir de solution si l’on mettait les Palestiniens à l’écart. Les Palestiniens ne vont pas se soumettre et le droit de résister est un droit fondamental qu’ils ne vont pas abandonner. L’incapacité des Nations Unies et de leurs institutions à fournir de l’aide constitue un troisième sujet de préoccupation, sans précédent dans la cause palestinienne. Des voix importantes se sont élevées en faveur du peuple palestinien et ces voix sont désormais entendus par un public plus large, ce qui constitue une bonne pratique.

En raison des échecs du système et du cessez-le-feu, tous ces efforts se sont poursuivis mais peu de choses ont pu être réalisées en termes de besoins immédiats du peuple palestinien qui est actuellement tué et massacré. Il y a eu, dans une certaine mesure, un effet domino. Il est clair qu’il est nécessaire de jeter des ponts entre ceux qui participent à la lutte palestinienne et ceux de la majorité mondiale. L’interdiction faite aux colons de voyager à travers l’Europe se développe et des fonds accrus sont mis à la disposition de l’UNRWA. Certains pays ont également rappelé leurs ambassadeurs auprès de l’État colonisateur israélien, suspendant ainsi leurs relations diplomatiques. D’autres pays ont menacé d’en traduire d’autres devant la Cour internationale de Justice s’ils ne cessaient pas leurs transferts d’armes vers Israël.

Concernant la justice et la responsabilité pour la Palestine, une initiative a commencé à être examiné sur ce qui pourrait éventuellement être fait devant les tribunaux nationaux, tout en utilisation la législation national, visant, entre autres, les responsables des États ui soutiennent le génocide. Des efforts sont déployés partout dans le monde au niveau local pour faire connaître les accords entre les États et Israël, appelant à des sanctions, mettant fin aux relations avec Israël et imposant un embargo sur les armes.

Au cours du débat qui a suivi, les intervenants ont soulevé des questions telles que : ne serait-il pas avantageux aujourd'hui de discuter de l'aide d'urgence apportée aux patients dans le contexte médical ? Les Nations Unies pourraient-elles faire pression sur le blocus pour permettre un transfert plus rapide des ressources médicales vers les pays concernés ? L'aide aux patients de façon immédiate et urgente ? Comment les Conventions des Nations Unies pourraient-elles être exploitées pour apporter une aide aux patients ?

Un autre intervenant a évoqué le rôle des États-Unis et leur implication dans la lutte en cours pour la justice, soulignant que de nombreux partis politiques américains disposaient de niveaux de financement élevés, et se demandant dans quelle mesure l’opposition croissante au génocide avait réduit l'influence des partis pro-israéliens aux États-Unis et dans quelle mesure les voix des Palestiniens avaient-elles été entendues dans des lieux tels que le Congrès américain.

Un autre intervenant a interrogé sur la campagne « Not on our dime » souhaitant savoir ce qu’il fallait faire pour que cette initiative soit transposée dans la législation et ce qu’il fallait faire pour faire avancer cette initiative afin qu’elle ait un impact plus large sur la politiques et les sanctions des États dans le monde entier.

Faisant référence aux activités menées au sein de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité pour reconnaître l'État de Palestine comme État membre des Nations Unies, un intervenant a déclaré que ce n'était pas nécessairement une priorité à l'heure actuelle, car il était bien plus important de lutter contre les crimes en cours dans le pays, en Cisjordanie et à Gaza. Il a demandé pourquoi l'accent est mis sur cette question alors que la communauté internationale devrait plutôt se concentrer sur les sanctions et sur le fait de forcer Israël à respecter les mesures de la Cour pénale internationale. L'orateur a plutôt exhorté l'Assemblée générale à se concentrer sur les droits des Palestiniens et à forcer Israël à respecter le droit international, à l'instar de ce qui a été observé dans le passé avec l'Afrique du Sud.

Le monde est témoin d'une situation sans précédent en matière de violations des droits de l'homme et de violations du droit international humanitaire, a déclaré un autre intervenant. Il a ajouté que le monde est resté assis et a assisté à cette tragédie humaine. Cette Conférence est le type d'événement dont la communauté internationale a besoin pour mettre un terme à ces événements. La communauté internationale doit défendre tous les droits de l’homme, soixante-quinze ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Comment les acteurs de la société civile pourraient-ils renforcer leurs actions et redynamiser l'opinion nationale dans les pays qui continuent de soutenir Israël dans ce conflit, a demandé l'orateur, soulignant que l'ONU et ses organes internationaux n'avaient pas réussi à dissuader Israël, se demandant si les pressions nationales pourraient contraindre les États à changer de position sur cette tragédie humaine.

Un autre intervenant a demandé où avait été obtenu le plus grand retour sur investissement en termes de changement de volonté politique, et si cela avait été dans le domaine économique, social ou culturel ? Et lequel avait eu le plus grand succès ?

Répondant aux questions, M. AHMAD ABUZNEID, a déclaré que les AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) sont particulièrement pernicieuses aux États-Unis, mais que la campagne s'était efforcée d'empêcher leur influence, non seulement en rejetant explicitement l’AIPAC en tant qu'agent de l'État d'Israël aux États-Unis, mais soulignant également qu'ils étaient antidémocratiques.

De nombreuses organisations se sont rassemblées après le 7 octobre pour former un front uni, les organisations sionistes libérales s’alignant sur les AIPAC du monde. Les deux principaux partis américains sont redevables au lobby israélien, mais une voix minoritaire croissante au sein du parti démocrate est extrêmement critique à l’égard de l’État d’Israël et appelle à un cessez-le-feu. Il y a aussi quelques candidats indépendants intéressants, mais la domination des deux partis n'a pas permis à un tel candidat d'aspirer à la présidence. Concernant Not On Our Time, il n’y avait aucun précédent aux États-Unis en ce qui concerne une telle législation, et pour qu’elle soit adoptée, il fallait que la législature de New York soit remaniée, et même que le Congrès soit remanié.

L’opinion publique aux États-Unis a changé et les sondages montrent qu’une majorité d’Américains, des deux côtés de l’allée politique, appelle à un cessez-le-feu. Une grande partie du travail a été accomplie par le biais de manifestations et d’actions politiques de masse, mais les médias sociaux jouaient également un rôle important, touchant un public plus large. En matière de volonté politique, le travail culturel a continué à être extrêmement important : les arts, la poésie, la musique et le cinéma ont la capacité de franchir les frontières que les discours politiques n'ont pas, transcendant les frontières entre les peuples du monde.

DIEGO KHAMIS a déclaré qu'en ce qui concerne les solutions les plus efficaces, il fallait une majorité sociale et politique soutenant les revendications légitimes des Palestiniens, un travail multidimensionnel impliquant tous les acteurs du secteur politique, à condition qu’ils soient prêts à écouter la position palestinienne, générant un consensus sur la politique de l’État, et au Chili au moins, la position palestinienne a été défendue par la droite en raison des conditions locales, puis défendue par la gauche. Cependant, la Communauté a déclaré que la question ne pouvait appartenir a aucun parti de l'échiquier politique. Après le 7 octobre 2023, la position diplomatique du Chili était de faire pression sur Israël pour qu’il respecte le droit international, et ce, en rappelant l’ambassadeur. Face à ce problème, le Chili a accru son soutien à l'UNRWA. Ce qui est important, c'est que la position chilienne reste cohérente, quel que soit le gouvernement.

Il est nécessaire de faire un pas en arrière : lorsqu'on examine la situation au Chili et aux États-Unis, il apparaît clairement qu'un certain nombre de positions ont été adoptées, toutes valables, mais comme les Palestiniens, a déclaré M. Khamis, c’est une obligation différente de celle des mouvements de solidarité. Il faut une stratégie nationale qui ne peut être fondée sur la solidarité ou sur les pressions exercées par d’autres gouvernements sur Israël. La question était de savoir comment parvenir à une position commune et permettre aux Palestiniens de surmonter leur crise organisationnelle, avec un guide contenant des points concrets, notamment la reconnaissance de l'État palestinien. Les Palestiniens ont dû envisager une nouvelle structure : Oslo a abouti à un accord provisoire qui a duré cinq ans, mais aujourd'hui, la même structure existe. Les gouvernements et la société civile doivent examiner la question de manière plus approfondie et élaborer une stratégie d'action valable à l'échelle mondiale. Avant de penser au droit au retour, tous doivent revenir au droit.

Les Palestiniens sont victimes des circonstances, mais ils ont aussi des responsabilités. Il est important que la Palestine soit reconnue comme membre à part entière de l’ONU, avec une stratégie globale lui permettant d’œuvrer vers des objectifs tangibles.

RULA SHADID a déclaré qu’en ce qui concerne les Nations Unies et l’aide humanitaire, il y a eu un énorme échec et cela doit être reconnu et pris en compte lors de l’examen du travail qui doit être fait en termes de réformes du système. Tout dépend des changements politiques nécessaires. Il est très regrettable que rien ne puisse être fait. Il y a eu de nombreuses tentatives pour contourner l'ONU dans la fourniture de l'aide humanitaire, ce qui s'est révélé dangereux, car les attaques contre les organismes des Nations Unies fournissant de l'aide se sont multipliées. Il faut faire davantage, mais de nombreuses initiatives, même au niveau individuel, fonctionnent mieux que les institutions des Nations Unies en termes d'acheminement de nourriture à Gaza. Il était très important de se concentrer sur le contexte et de donner la priorité au récit : lorsque l’on parle de la Palestine comme d’une colonisation, la pensée naturelle suivante est de mettre un terme à cette colonisation. C’est là que la réticence politique à traiter la situation en tant que telle a provoqué une confusion totale entre mettre fin à la colonisation et à la libéralisation et construire les institutions de l’État. La question est de savoir si le fait d’avoir un État mettrait fin au génocide et à la colonisation, et la réponse, basée sur l’histoire, est non.

L'Autorité palestinienne est une autorité non élue, elle n'a pas été réformée, elle n'a pas travaillé pour les avantages et les droits du peuple palestinien en soi, et il n'y a pas eu d'élections, sans vie politique ni parti politique - il n'est pas étonnant qu'il y ait eu pas de projet national. Ç’est la cause profonde. Outre la colonisation, il y a aussi un besoin de travail interne. Cela ne signifie pas que la reconnaissance de l’État palestinien serait détestée : elle donnerait aux Palestiniens l’accès à différents espaces, ce qui en ferait un outil, mais qui ne résoudrait rien. Ce qui était très évident et sur lequel il faut se concentrer, c’est que tout ce qui se passe est dû au colonisateur et au projet de colonisation. Il est beaucoup plus facile d’être unis sur la question de la colonisation que de se lancer dans la construction d’institutions.

Les meilleures actions produisent des effets lorsque ces actions sont coordonnées. Cela représentait un défi, en raison de la fragmentation du peuple palestinien, mais une fois cela fait, il est clair que les résultats sont plus importants et plus influents. Après la décision de la Cour internationale de Justice, les négociations bilatérales se sont déroulées beaucoup plus facilement. Les actions des États sont également très importantes, car elles influencent celles des autres États. L'opinion publique a également joué un rôle vital, créant une forme de prise de conscience, ouvrant des portes, permettant un dialogue avec des journalistes et des représentants syndicaux d'autres pays, travaillant avec la diaspora palestinienne pour multiplier les voix et s'engageant avec d'autres pour leur permettre de diriger dans leur propre pays.

Après une série d'autres questions et commentaires, un intervenant a interrogé les panélistes sur les mesures prises par les différentes organisations nationales et internationales et par les différents gouvernements en ce qui concerne les aspirations légitimes du peuple palestinien, notant qu'il semblait manquer d'une stratégie commune en ce qui concerne la réalisation de ce résultat. Les panélistes ont-ils estimé qu'il était nécessaire, dans le cadre d'une stratégie commune, de progresser en termes d'aspirations légitimes du peuple palestinien à intégrer les différents mouvements de solidarité, a demandé l'orateur.

Un autre intervenant a déclaré que la lutte contre le racisme, le colonialisme et les activités connexes relevait de la responsabilité partagée de tous. Ce qui se passe n’est pas uniquement une occupation militaire mais également un régime colonial. Les États doivent adopter une position commune et ferme et passer des paroles aux actes, en reconnaissant que certains États n’ont même pas pris position sur les dizaines de milliers de civils massacrés dans la bande de Gaza.

Un autre intervenant a estimé que tout ce qui avait été dit ne changeait rien à ce qui se passait actuellement à Gaza. La Charte des Nations Unies stipule que toutes les conventions des Nations Unies sont juridiquement contraignantes et que les États doivent respecter les résolutions adoptées par les Nations Unies - et pourtant Israël l’ignore. Il doit être exclu de l’ONU, car il s’y comporte comme un État voyou.

La question urgente de la valeur de la vie humaine à Gaza a été soulignée par un autre intervenant, soulignant que le traitement réservé par Israël aux Palestiniens violait non seulement les droits de l’homme mais aussi le caractère sacré de la vie elle-même. L'orateur a proposé l'adoption d'une valeur standardisée de la vie humaine, avec une valeur monétaire attribuée à la vie et au développement des Palestiniens, et qu'Israël soit tenu responsable de fournir une compensation pour les vies perdues et les ravages causés par son agression.

Un intervenant a abordé la question de l'expulsion d'Israël de l'ONU et des sanctions économiques. Il a déclaré que les actions transversales constituent un point important. Les Nations Unies ne sont plus à la pointe de la situation démocratique : les asymétries au niveau international ne sont pas prises en compte, diverses lacunes juridiques étant exploitées, avec un manque de respect des résolutions et des sanctions. Il y a une certaine verticalité dans la façon dont l’hégémonie est imposée à travers le monde, soulignant l’importance de la société civile. Ce que l’on pourrait faire, c’est d’abord remettre en question le rôle que joue actuellement l’ONU en ce qui concerne le droit de veto, qui instaure une impunité, et Israël a bénéficié de cette impunité au fil des années, conduisant à une forme de racisme dans la gouvernance démocratique.

Sur l'utilisation catastrophique de l'intelligence artificielle (IA) par Israël à Gaza et sur ce que la société civile pourrait faire pour garantir qu'un instrument juridiquement contraignant soit en place pour tenir Israël responsable de l'utilisation de l'IA pour anéantir Gaza, des discussions ont eu lieu sur cette question aux Nations Unies au cours des dix dernières années, a déclaré un orateur. Il existe une situation dans laquelle l’utilisation de ces systèmes d’armes est moralement répugnante et il est urgent d’instaurer un nouveau droit international. Pourtant, certains États, en particulier Israël, ont développé ces systèmes sans retenue au cours des dix dernières années.. Les experts en IA avaient prévenu qu’il s’agirait d’une nouvelle génération de guerre, dans laquelle non seulement des États mais aussi des acteurs non étatiques, y compris des criminels, utiliseraient ces systèmes. Le Conseil des droits de l'homme s'est saisi de cette question et est en train de rédiger un avis, et il est essentiel que tous s'expriment.

Le principal problème en Palestine, a déclaré un intervenant, est l'occupation et le siège de Gaza et d'autres parties de la Palestine, a déclaré un dernier intervenant. Une flottille de secours doit être envoyée et l'orateur a demandé des conseils sur la manière de briser le siège et de protéger ceux qui soutenaient le peuple palestinien.

Répondant aux questions et aux problèmes soulevés, Mme RULA SHADID a dans ses remarques finales déclaré que l’utilisation de l’Intelligence artificielle est croissante, ce qui est très effrayant. Israël l'utilise comme un outil pour nouer des relations avec d'autres États et les intimider à cette fin. Concernant l'expulsion d'Israël de l'ONU, Mme Shadid a déclaré qu'elle ne pouvait pas croire que cela n'avait pas été fait ou demandé, et qu'il était important d'en faire une partie de la responsabilité. Toutefois, de nombreux États occidentaux ne permettraient pas que cela se produise, ce qui explique pourquoi la réforme du système était très importante. La Palestine était une cause qui était devenue un test pour tous les outils de responsabilisation, de discussions, de débats et de documents, et pour déterminer ce qui fonctionne réellement et ce qui ne fonctionne pas. Chaque action de chacun est extrêmement importante et ne doit pas être sous-estimée. Ne laissez pas l’élan s’interrompre après le cessez-le-feu, a-t-elle exhorté, soulignant que cela ne signifiera pas la fin de la situation. Le génocide ne peut rester impuni. Les États doivent présenter une résolution pour expulser Israël de l’Assemblée générale.

DIEGO KHAMIS a déclaré qu'en ce qui concerne les responsabilités, face à l'absence d'élections en Cisjordanie, les Palestiniens ne peuvent pas oublier le fait qu'ils n'ont pas d'État. La manière d’organiser des élections à Jérusalem est un problème, mais il faut une structure organisationnelle pour définir les véritables positions. Cela concerne l’Autorité palestinienne, l’OLP et la diaspora. Les mouvements de solidarité seront les principaux acteurs des questions palestiniennes au niveau local et ont ce devoir à cœur. La stratégie nationale est nécessaire pour élaborer des plans et travailler ensemble. De nombreuses questions sur les sanctions et l’expulsion d’Israël sont importantes, mais quelque chose d’autre vient en premier : lorsque l’on examine l’ordre international après la Seconde Guerre mondiale, il était fondé sur des règles et sur le droit international, mais cela nécessitait une volonté politique pour être mis en œuvre. Israël n’a pas respecté le droit international et l’a violé de plus en plus, mais s’il n’y a pas de volonté politique au sein de la communauté internationale pour contraindre Israël à mettre son comportement en conformité avec le droit international, alors tout ce qui est discuté ici est sans objet. Il s’agit de lutter pour la volonté politique de la communauté internationale et pour un système fondé sur des règles. Sans l’application du droit international humanitaire, aucun progrès ne pourra être réalisé. Les revendications légitimes du peuple palestinien ne sont pas au premier rang des priorités de l’État. La Palestine est une cause qui dépasse le cadre des Palestiniens et constitue désormais un devoir éthique et moral pour toutes les sociétés. Certains États remplissent leurs obligations en utilisant le droit international et les outils diplomatiques pour tenter de forcer Israël à respecter le droit international, mais dans le même temps, des signes indiquent que dans certains pays qui sont des alliés traditionnels d'Israël, des progrès sont en cours, en particulier auprès de la société civile. La seule solution sera une solution pacifique et le seul moyen d’y parvenir passe par le droit international humanitaire et la volonté politique entre les deux principales parties prenantes.

AHMAD ABUZNEID a déclaré que l'appel au cessez-le-feu est désormais récupéré par les États-Unis, avec un affaiblissement de cet appel. La société civile doit veiller à continuer de l'exiger, sans revenir au statu quo. Il ne doit y avoir ni blocus, ni occupation, et le droit au retour doit être garanti. Israël doit être isolé dans tous les domaines, pas seulement aux Nations Unies. Toute nation qui se tient aux côtés d’Israël alors qu’il poursuit son assaut génocidaire doit être isolée, y compris les États-Unis. En plus du nouveau droit international concernant l’IA, il faut faire quelque chose à l’égard des fabricants d’armes, qui profitent de la mort humaine de manière méprisable. Tous doivent s’unir pour faire en sorte que « plus jamais ça » ait vraiment un sens.

 

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