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Le Conseil des droits de l’homme poursuit son débat de haut niveau

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l’homme a poursuivi, cet après-midi, son débat de haut niveau en entendant les déclarations de près d’une trentaine de hauts dignitaires.

Outre la situation en Ukraine, qu’ont évoquée la plupart des intervenants, ont également été maintes fois évoquées les situations en Iran et en Afghanistan.

Ont fait des déclarations des hauts dignitaires de l’État de Palestine, de l’Argentine, de la Malaisie, du Royaume-Uni, du Zimbabwe, de l’Allemagne, du Pérou, de l’Indonésie, de la République islamique d'Iran, de la Norvège, de la Belgique, du Gabon, de la France, du Brésil, de la Slovénie, de la Guinée équatoriale, de la Suède, de l’Arabie saoudite, de la Chine, du Liechtenstein, de l’Islande, de la Grèce, de la Türkiye, du Tadjikistan, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de l’Organisation internationale de droit au développement (IDLO), de l’Ordre souverain de Malte et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

 

Le Conseil tient aujourd’hui, en fin de journée, sa réunion-débat annuelle sur l’intégration des droits de l’homme, consacrée, cette année, à une réflexion sur les cinq ans de la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse et à l’élaboration d’un plan pour les prochaines étapes. Le débat de haut niveau doit se poursuivre demain matin, à partir de 11 heures.
 

Débat de haut niveau

M. RIAD AL-MALKI, Ministre des affaires étrangères de l’Etat de Palestine, a présenté ses condoléances aux peuples turc et syrien suite au tremblement de terre dévastateur qui les a frappés. Il a ensuite dénoncé l’occupation israélienne des territoires palestiniens, les souffrances ainsi infligées à la population palestinienne et les attaques perpétrées par des colons israéliens hier. Il a dénoncé la violence inlassable d’Israël et a rappelé la responsabilité de l’ONU face à cette situation. Le Ministre palestinien a déploré les « déclarations vides » de la communauté internationale du fait de l’hypocrisie et de l’irresponsabilité qui prévalent. De nombreux acteurs internationaux ont eu recours à la pression politique pour faire en sorte qu’Israël, « pays d’apartheid », soit soustrait à ses responsabilités, a-t-il regretté. Il a déploré que certains membres du Conseil cherchent à faire retirer la question palestinienne de l’ordre du jour de cette instance, ce qui – a-t-il affirmé – constitue une insulte aux textes fondateurs de l’ONU.

M. Al-Malki en a appelé aux États qui refusent de laisser souffrir les Palestiniens pour que les commémorations du 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme offrent l’occasion de corriger une injustice qui dure depuis aussi longtemps.

M. SANTIAGO CAFIERO, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine, a rappelé que trente mille personnes étaient toujours portées disparues dans son pays. Il a exhorté les gouvernements qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Les questions de violence et de discrimination ne sont pas uniquement des questions privées ; ce sont aussi des questions publiques qui menacent toutes les sociétés dans leur ensemble, a-t-il ensuite souligné, avant d’exhorter les pays à renouveler leurs efforts pour permettre aux femmes une meilleure participation à la vie publique.

Après avoir réaffirmé l’attachement de son pays à la protection des droits de l’homme, M. Cafiero a souligné que l’Examen périodique universel (EPU) avait permis à l'Argentine d’avancer – et notamment de combattre les discours de haine. Il a rappelé que la Présidente de l’Argentine avait été victime d’un attentat qui n’est pas sans rapport avec le discours de haine et a affirmé que cela devait interpeller la communauté internationale, alors que les discours de haine sont utilisés pour déshumaniser des millions de personnes. La célébration du 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme doit amener à se pencher sur les résultats obtenus et les défis qui demeurent, a d’autre part indiqué le Ministre argentin. Il a rappelé que Buenos Aires accueillerait le mois prochain le troisième Forum mondial des droits de l’homme.

M. ZAMBRY ABD KADIR, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a affirmé que la formation du Gouvernement de coalition sous la direction du Premier Ministre Anwar Ibrahim et la transition pacifique du pouvoir en Malaisie sont « des témoignages clairs de la croissance et de la maturité démocratiques du pays ». Il a également mis en avant la décision du Gouvernement malaisien d'abaisser l'âge du droit de vote de 21 à 18 ans, ainsi que l’adoption d’un projet de loi contre le harcèlement sexuel. Par ailleurs, la Malaisie est très préoccupée par les conflits, les changements climatiques, la dégradation de l'environnement et l'insécurité alimentaire, a-t-il poursuivi.

Le Ministre a ensuite condamné les insultes répétées à l'encontre de l'islam et le fait de brûler le Coran. La liberté de parole et d'expression ne doit jamais être utilisée pour diffuser des discours de haine, a-t-il souligné. Il a en outre fait part de la préoccupation de son pays devant l'occupation illégale du territoire palestinien par Israël et devant les crises – de droits de l'homme, humanitaire et politique – au Myanmar.

M. JAMES CLEVERLY, Secrétaire d’État pour les affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a notamment rappelé que l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie et les annexions illégales sont des violations flagrantes de la Charte des Nations Unies et que des violations des droits de l’homme ont dans ce contexte été perpétrées par les forces russes de manière systématique – raison pour laquelle le Conseil doit renouveler le mandat de la Commission d’enquête sur l’Ukraine, a-t-il affirmé. La Fédération de Russie doit restaurer les droits humains sur son territoire et en dehors et doit immédiatement retirer ses forces du territoire ukrainien, a-t-il demandé, avant d’indiquer que le Royaume-Uni appuierait le travail du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Fédération de Russie [dont le mandat a été créé par le Conseil en octobre dernier].

M. Cleverly a par ailleurs rappelé le rapport du Haut-Commissaire qui, l’an dernier, a fait état de violations constitutives de crimes contre l’humanité « au Xinjiang ». Il a exhorté la Chine à travailler avec le Conseil pour respecter les obligations auxquelles elle a consenties. Il a en outre exhorté la Chine à respecter la déclaration conjointe sino-britannique concernant « Hong Kong ». Il a par ailleurs jugé inacceptable les violations des droits humains des femmes en Afghanistan. Il faut également faire en sorte que la voix du peuple iranien soit entendue, a d’autre part plaidé le Secrétaire d’État, après avoir déploré qu’en Iran, « le régime méprise la vie de ses propres citoyens ».

M. ZIYAMBI ZIYAMBI, Ministre de la justice et des affaires juridiques et parlementaires du Zimbabwe, a indiqué que son Gouvernement restait déterminé à coopérer avec les principaux mécanismes des droits de l'homme et à respecter les obligations internationales en matière de droits de l'homme découlant des divers traités auxquels le pays est partie. Il a cité les progrès substantiels réalisés par le Zimbabwe, citant notamment une série de lois élaborées pour renforcer la réalisation des droits de l’homme, la mise en place d’une commission des plaintes indépendante, la mise en place d’un tribunal de commerce en vue de régler rapidement les litiges commerciaux, ou encore les amendements adoptés s’agissant des organisations privées et bénévoles.

Le Zimbabwe se prépare à tenir en 2023 des élections générales pour lesquelles des réformes électorales ont été mises en œuvre, a ajouté M. Ziyambi. Il a enfin plaidé en faveur de la levée des mesures coercitives unilatérales illégales imposées à son pays.

MME ANNALENA BAERBOCK, Ministre fédérale des affaires étrangères de l’Allemagne, a évoqué le témoignage d’un enseignant de Kherson, en Ukraine, dont quinze élèves auraient été enlevés par les troupes russes pendant leur attaque sur cette ville. Assurant que son pays élèverait la voix au Conseil toutes les fois que des violations des droits de l’homme seront commises, elle a recommandé que les membres du Conseil fassent respecter les droits de ces enfants et demandent des comptes aux auteurs des violations. La Ministre a plaidé pour la prolongation du mandat de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine que le Conseil a créée.

Mme Baerbock a par ailleurs déploré la répression brutale qui sévit en Iran. Elle a en outre insisté sur l’importance de respecter les droits des femmes – en particulier en Afghanistan où les femmes et les filles sont non seulement victimes d’une « répression brutale et systématique », mais aussi entièrement coupées de l’aide humanitaire, car elles n’ont pas le droit de recevoir une aide de la part d’hommes étrangers. La communauté internationale doit, à cet égard, dire clairement que ses programmes humanitaires doivent aussi profiter aux femmes, a-t-elle ajouté. « En sauvant une seule vie, on sauve le monde entier », a conclu la Ministre allemande.

MME ANA CECILIA GERVASI, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a réaffirmé l’engagement ferme et irrévocable de son pays vis-à-vis des droits humains et des libertés fondamentales de tous. Elle a ensuite évoqué les événements que le Pérou a connus récemment, dénonçant les « actes de violence et de vandalisme » qui ont gâché les manifestations pacifiques. Elle a présenté les condoléances de son Gouvernement après les pertes tragiques de vies humaines et a annoncé que des enquêtes sont en train d’être conduites au civil, en toute impartialité et indépendance, pour qu’une fois terminées ces enquêtes, il soit possible de poursuivre et de sanctionner ceux qui se seront avérés responsables de violations des droits humains. La Ministre a également fait état de la mise sur pied d’une commission multisectorielle pour prendre en charge les victimes de ces manifestations. Le Défenseur du peuple du Ministère de la justice et des droits de l’homme garantit que chaque personne qui participe à des mouvements sociaux a le droit d’être défendue et dans ce cadre, 115 prises en charge ont été offertes à des membres des familles des personnes ayant perdu la vie ou ayant été blessées dans le contexte de ces manifestations ; il y a également eu des prises en charge légale pour 432 détenus.

Le Gouvernement de la Présidente Dina Boluarte est convaincu que « la solution de cette difficile passe réside dans le dialogue social », a indiqué la Ministre, avant d’ajouter que la Présidente Boluarte a demandé que les élections générales soient avancées. Le Pérou s’est engagé de manière irrévocable dans le multilatéralisme et, fort de cette conviction, le pays a collaboré en toute transparence avec les instances internationales pour faire la lumière sur cette situation, a fait valoir Mme Gervasi. Elle a rappelé l’invitation adressée au Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme et la demande adressée au Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires d’effectuer sa visite non pas en 2024, comme cela était prévu, mais en 2023. Le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association a également été invité. La Ministre a en outre annoncé que le Pérou allait souscrire un mémorandum d’entente avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme sur des thèmes comme les droits des peuples autochtones et l’égalité de genre. Enfin, elle a indiqué que le Pérou présentait sa candidature à un siège au sein du Conseil pour la période 2024-26, afin d’encourager en particulier l’élimination de la pauvreté extrême, l’égalité de genre et la promotion des peuples autochtones.

En cette année de 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le monde est toujours plein d’incertitudes et de défis et des millions de personnes sont toujours privées de leurs droits fondamentaux, a souligné MME RETNO L.P. MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie. Pour l'Indonésie, a-t-elle poursuivi, ce 75ème anniversaire doit marquer un élan dans trois domaines d’actions prioritaires. Le respect des droits de l'homme est une condition préalable à la paix et à la stabilité et les guerres et conflits doivent cesser, a tout d’abord indiqué Mme Marsudi. Par ailleurs, des solutions pacifiques aux conflits doivent être promues et toutes les parties prenantes doivent engager un dialogue national inclusif. Les droits des femmes et des filles ne doivent pas non plus être négligés. Par ailleurs, la communauté internationale doit redoubler ses efforts de prévention pour contribuer à une protection renforcée.

Le Conseil peut contribuer à améliorer les capacités nationales et faciliter le renforcement des capacités, a souligné la Ministre indonésienne. L'impartialité, la transparence et le dialogue doivent être l’âme des travaux de ce Conseil, a-t-elle ajouté. Enfin, Mme Marsudi a présenté la candidature de son pays comme membre du Conseil pour la période 2024-2026.

M. HOSSEIN AMIR-ABDOLLAHIAN, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a assuré que tous les États du monde défendent et promeuvent les droits de l’homme et que, de ce fait, aucun État ou groupe d’États ne peut prétendre être le seul défenseur des droits de l’homme ni contraindre les autres à sa propre interprétation des droits de l’homme. La vision des droits de l’homme de la République islamique d’Iran est profondément ancrée dans ses convictions culturelles et religieuses, a-t-il ajouté.

Le Ministre a ensuite déclaré que tous les droits sont égaux et qu’aucun droit ne saurait être privilégié au détriment des autres. Le droit au développement, dans toutes ses composantes, doit être promu comme le sont les droits civils et politiques, a-t-il insisté. Faisant référence aux mesures coercitives unilatérales qui frappent son pays, il a jugé ironique que ceux qui prétendent défendre les droits civils et politiques des Iraniens soient aussi les mêmes qui leur refusent leurs droits économiques fondamentaux.

Les manifestations et « troubles » qui secouent la République islamique d’Iran, suite aux revendications « légitimes » de la population après le décès de Mahsa Amini, sont attisés par des forces « terroristes » extérieures, a affirmé le Ministre iranien des affaires étrangères, accusant nommément les États-Unis. La République islamique d’Iran n’oubliera pas l’assassinat du général Soleimani, a-t-il ajouté, avant de conclure que son pays reste engagé à la promotion des droits de l’homme sur son sol.

MME ANNIKEN HUITFELDT, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a souligné que le fait que les pays se demandent mutuellement de rendre des comptes ne constituait pas une ingérence dans leurs affaires intérieures : il s'agit là « de faire respecter les engagements que nous avons pris, les obligations et les devoirs que nous impose le droit international en matière de respect, de protection et de réalisation des droits de l'homme », a-t-elle expliqué. À cet égard, a-t-elle indiqué, la Norvège, profondément préoccupée par la détérioration de la situation des droits des hommes et des femmes en Iran, demande à l'Iran d’entreprendre des réformes et de cesser les exécutions.

La Ministre a ensuite évoqué les conséquences mondiales dévastatrices de la guerre en Ukraine et a notamment dénoncé les déportations d'enfants ukrainiens. La Fédération de Russie, qui est « responsable de cette guerre et de ses conséquences », doit y mettre un terme, a-t-elle affirmé. Mme Huitfeld a mis en garde contre ce qu’elle a qualifié de « renforcement des régimes autocratiques ». Elle a cependant dit voir des raisons d'espérer dans le fait que les défenseurs des droits de l'homme continuent de s'exprimer avec courage et pacifiquement.

MME HADJA LAHBIB, Ministre des affaires étrangères, des affaires européennes, du commerce extérieur et des institutions culturelles fédérales de la Belgique, dont le pays entame son mandat au sein du Conseil, a rappelé que cette année marque le 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, « principe cardinal qui guide l’action de la Belgique dans ses politiques intérieure et extérieur ». Plus que jamais, nous devons rappeler que cette Déclaration est directement issue de la plus grande catastrophe mondiale, la Seconde Guerre mondiale, a-t-elle souligné.

Plaider sans relâche pour le respect du droit international humanitaire, en particulier dans la guerre en Ukraine, en adoptant la perspective des victimes, constituera une priorité pour la Belgique au sein du Conseil, a indiqué la Ministre. Elle a ensuite regretté que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes soit encore loin d’être mise en œuvre et, à cet égard, a condamné le sort infligé aux femmes et aux filles sous l’actuel « régime des Taliban », ainsi que la répression exercée contre les manifestants pacifiques en Iran. Il est impératif que des experts indépendants puissent se rendre sur place pour se rendre compte des réalités, a-t-elle souligné. En de nombreux endroits, le rôle des représentants de la société civile est réduit, et leur espace est restreint, a-t-elle également fait remarquer.

MME ERLYNE ANTONELA NDEMBET DAMAS, Ministre de la justice, Garde des Sceaux, et chargée des droits de l’homme et de l’égalité des genres du Gabon, a réitéré l'engagement de son Gouvernement d’œuvrer davantage pour la garantie effective de tous les droits de l’homme. Cette détermination s’est traduite, dernièrement, par l’adoption d'un ensemble de mesures concernant le processus électoral de l'année 2023, la préservation de l’environnement et le développement durable, ou encore la protection des groupes vulnérables, notamment des femmes et des personnes vivant avec un handicap. La Ministre a ensuite évoqué l’organisation dans son pays, les 1 er et 2 mars prochain, du One Forest Summit, qui traduit l’adhésion totale du Gabon à l’ambition collective en matière de préservation et de gestion durable des forêts tropicales au service de la lutte contre les changements climatiques et contre la perte de biodiversité.

La Ministre gabonaise a par ailleurs fait état des garanties apportées, sur le plan national, s’agissant de la promotion et de la protection des droits de l’homme, notamment en ce qui concerne les lieux de privation de liberté – et plus particulièrement la gestion des détentions et des peines, l'insertion et la réinsertion post-carcérale, ou encore l’amélioration des conditions de vie des détenus – ainsi que la mise en œuvre de 33 mesures, dans le cadre de la stratégie « Gabon-Égalité », pour promouvoir les droits des femmes et prévenir les discriminations et violences dont elles peuvent être victimes en milieu familial comme professionnel.

MME CATHERINE COLONNA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a rappelé que « cela fait un peu plus d’un an que la Russie a déclenché et mène sa guerre d’agression illégale, injustifiée et injustifiable contre l’Ukraine ». « La Russie viole la Charte des Nations Unies, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, de manière éhontée ; elle viole systématiquement le droit international humanitaire et les droits de l’homme ; elle inflige d’indicibles souffrances au peuple ukrainien », a-t-elle souligné. Les responsables de ces crimes de guerre et de ces crimes contre l’humanité devront rendre des comptes, a insisté Mme Colonna. Il n’y a pas de paix durable sans justice, a-t-elle rappelé, avant d’indiquer que la France soutient la Cour pénale internationale, les juridictions ukrainiennes et la Commission d’enquête mise en place par le Conseil des droits de l’homme. « Nous le déplorons, des exactions russes sont également commises ailleurs dans le monde, comme c’est le cas au Mali où les mercenaires de Wagner s’en prennent aux civils », a ajouté Mme Colonna.

Les droits de l’homme sont universels et indivisibles, a poursuivi la Ministre. Ils sont le socle de l’égale dignité de la personne humaine et les États se sont engagés à respecter et à faire respecter ces droits, a-t-elle rappelé. Or, les États autoritaires ne s’y résolvent pas ; ils les bafouent, a-t-elle souligné. C’est le cas en Iran, où « la répression contre les défenseurs de la liberté, qui frappe particulièrement les femmes, doit cesser », a déclaré Mme Colonna. Ce Conseil ne saurait non plus accepter la politique d’otages d’État pratiquée par l’Iran, a-t-elle ajouté ; les autorités iraniennes doivent libérer sans plus de délai tous les ressortissants étrangers et mettre fin à ces honteux chantages. Le non-respect des droits universels, c’est aussi ce qui se passe en Afghanistan, où les Taliban pratiquent une politique de ségrégation contre les femmes et les filles, a ajouté la Ministre française. « L’intolérable prend racine dans l’intolérance », a rappelé Mme Colonna, avant d’indiquer que la France est candidate à une mandature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2024-2026, avec pour ambition d’agir pour des sociétés plus justes, plus libres et plus équitables.

M. SILVIO LUIZ DE ALMEIDA, Ministre des droits de l’homme et de la citoyenneté du Brésil, a affirmé que son pays « était de retour » pour défendre les droits humains de tout un chacun, en particulier les droits de celles et ceux qui ont été « expulsés du club de l’humanité ». En ce 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le moment est venu de laisser de côté l’instrumentalisation des droits de l’homme, laquelle remet en cause l’efficacité des institutions internationales, a-t-il plaidé.

Le nouveau Gouvernement brésilien s’attache, sur le plan intérieur, à reconstruire les liens sociaux et à remédier au traitement honteux réservé aux peuples autochtones, a poursuivi le Ministre, avant d’assurer que les défenseurs des droits de l’homme qui ont perdu la vie ne seraient pas oubliés. Le Gouvernement s’occupera en outre de la réintégration des victimes de la traite des êtres humains. En outre et entre autres, le nouveau Gouvernement luttera contre la violence d’État, qui a été utilisée massivement contre les jeunes noirs du pays ; il s’attaquera au VIH et entend œuvrer pour l’égalité d’accès à la santé ; il s’attachera à traiter le terrible héritage de l’esclavage ; et il prônera la création d’alliances, notamment pour éradiquer la pauvreté ainsi que la haine et le racisme, a annoncé le Ministre. Le Brésil est candidat pour être membre du Conseil pour la période 2024-2026, a fait savoir M. de Almeida.

MME TANJA FAJON, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovénie, a indiqué que son pays est candidat pour être membre non permanent du Conseil de sécurité. Elle a ensuite plaidé pour que les plus vulnérables aient eux aussi accès aux ressources et aux richesses du monde et a rappelé que les droits des femmes sont des droits humains. L’Iran limite la liberté d’expression et le droit d’assemblée et impose la peine de mort à des manifestants pacifiques, a par ailleurs dénoncé la Ministre slovène des affaires étrangères. Elle a également dénoncé l’agression injustifiée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et, dans ce contexte, les attaques délibérées contre les civils et les infrastructures civiles.

Mme Fajon a par ailleurs rappelé qu’au sein du Conseil des droits de l’homme et de l’Assemblée générale, la Slovénie a appuyé le droit à un environnement propre, sain et durable. En outre, depuis plus de deux décennies, la Slovénie s’engage en faveur des droits des personnes âgées au niveau international et il est maintenant temps de penser à promouvoir un instrument juridiquement contraignant, a-t-elle souligné, avant d’insister sur l’importance que son pays accorde à la question de la protection des minorités.

M. ALFONSO NSUE MOKUY, Troisième Vice-Premier Ministre, chargé des droits de l'homme de la Guinée équatoriale, a fait part des efforts déployés par son pays pour consolider un État engagé à garantir et à protéger les droits de l'homme et à mettre en pratique les obligations et les actions découlant des traités internationaux auxquels il est partie. Ces dernières années, des actions positives ont été mise en place et des réalisations importantes obtenues, notamment en matière de lutte contre la traite des êtres humains et contre la corruption ou encore en matière de renforcement des capacités de la police et de la gendarmerie. Le Gouvernement équato-guinéen a en outre signé des accords de coopération avec des institutions des Nations Unies, comme le Programme des Nations Unies pour le développement ou le Fonds des Nations Unies pour l’enfance. La Guinée équatoriale a pris l'engagement de forger une démocratie solide, a insisté le Troisième Vice-Premier Ministre.

La Guinée équatoriale a subi en 2017 « une tentative de déstabilisation, une tentative d’invasion par des mercenaires, organisée par les ennemis qui luttaient contre la paix dont jouissait notre peuple », a poursuivi M. Nsue Mokuy. Toutes les personnes impliquées dans cette tentative ont été poursuivies en bénéficiant des garanties de procédure et sont en train de purger leurs peines telles que dûment prononcées, a-t-il indiqué. Il a par ailleurs dénoncé « l’attitude permanente de l'Espagne qui est de perturber la politique interne de la Guinée équatoriale » et qui a conduit le Parlement européen à adopter le 16 février dernier une résolution sur la violence contre les militants de l'opposition de Guinée équatoriale, s’agissant plus particulièrement du cas de Julio Obama Mifuman. Or cette résolution est basée sur des spéculations. Il n'y a aucune preuve que le procès mené contre les personnes visées ait été mené sans garanties, pas plus qu’il n’y a de preuve qu’Obama Mifuman est mort des suites de la torture, a déclaré M. Nsue Mokuy, assurant que ce dernier souffrait de plusieurs pathologies chroniques et qu’il est décédé de mort naturelle, après avoir reçu des soins médicaux. Le peuple de Guinée équatoriale se sent profondément indigné par le contenu de cette résolution, a insisté le Troisième Vice-Premier Ministre.

M. JOHAN FORSELL, Ministre de la coopération pour le développement international et du commerce extérieur de la Suède, a affirmé que le 24 février 2022, une page a été tournée et une autre ouverte. Il a salué la condamnation par le Conseil de l’agression russe contre l’Ukraine et a rendu hommage au peuple ukrainien qui lutte pour la liberté. Il a en outre exigé que soient établies les responsabilités complètes pour tous les crimes commis durant cette guerre.

La Déclaration universelle des droits de l’homme, dont on célèbre cette année le 75ème anniversaire, est un document qui doit nous guider pour bâtir des sociétés plus justes et fortes, a souligné M. Forsell. Seule une société ouverte capable de tirer parti du génie de tous peut être véritablement novatrice, a-t-il ajouté, indiquant que la Suède soutient inébranlablement toutes celles et tous ceux qui luttent pour la justice pour tous. Les droits humains doivent être universels, indépendamment de l’origine ethnique, du sexe ou de toute autre considération, a-t-il insisté, avant de plaider pour une reddition de comptes face aux violations de ces droits.

MME HALA BINT MAZYAD AL-TUWAIJRI, Présidente de la Commission des droits de l'homme de l’Arabie saoudite, a d’abord présenté la « Vision 2030 » du Royaume, axée sur un certain nombre d'objectifs et de programmes liés directement ou indirectement à la protection et à la promotion des droits de l'homme, notamment le droit à la sécurité, à la santé et au travail ; les droits des femmes, des enfants, des personnes handicapées et des personnes âgées ; ou encore la participation à la vie publique et la création d'associations. Ces dernières années, a ajouté Mme Al-Tuwaijri, le Royaume a fait de grands progrès dans le domaine de l'autonomisation des femmes, s’agissant notamment de leur participation au marché du travail et de leur représentation dans les postes administratifs. D’autre part, le Gouvernement saoudien s'est efforcé d'améliorer la sécurité alimentaire dans le monde en fournissant une aide s'élevant à près de trois milliards de dollars. Il a en outre versé plus de cent soixante millions de dollars en aide aux peuples syrien et turc confrontés aux effets du tremblement de terre dévastateur, et il a soutenu la sécurité et la stabilité au Yémen – pays auquel l’Arabie saoudite a fourni des secours pour un montant de plus de dix milliards de dollars.

Le Gouvernement saoudien prie le Gouvernement intérimaire afghan de revenir sur sa décision d'empêcher les filles afghanes d'accéder à l'université, a indiqué Mme Al-Tuwaijri. Il condamne enfin le comportement d'un certain nombre d'extrémistes qui ont brûlé et déchiré des exemplaires du Coran dans des pays européens, a-t-elle ajouté.

M. QIN GANG, Ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine, a affirmé que la Chine avait trouvé la voie vers le développement des droits humains conformément aux temps présents et à sa situation au plan national et a indiqué qu’elle continuerait d’aller de l’avant sur ce chemin. Le pays a mis un terme à la pauvreté absolue une fois pour toute et a mis en place une société relativement prospère dans tous les domaines, avec notamment le plus grand système éducatif au monde, a-t-il fait valoir. Nous avons fait avancer la gouvernance fondée sur le droit, a ajouté le Ministre, assurant que son pays défend les valeurs communes de l’humanité et participe au dialogue constructif et à la coopération avec le Conseil des droits de l’homme. Il a proposé de s’engager vers la voie d’un développement des droits de l’homme qui soit adapté à la réalité de chaque pays, en gardant à l’esprit qu’il n’existe pas un modèle unique qui puisse convenir à tous. Le droit à la subsistance et le droit au développement sont fondamentaux, et les mesures coercitives unilatérales – qui violent le droit international – devraient être immédiatement levées sans condition aucune, a souligné le Ministre chinois. Il faut s’opposer à ceux qui essaient de politiser les affaires de droits de l’homme, a-t-il poursuivi. Il faut que l’enceinte du Conseil se caractérise par le dialogue constructif et la coopération, plutôt que par la manipulation politique et l’affrontement entre des blocs, a-t-il insisté, plaidant en outre pour que les procédures spéciales respectent leur mandat.

La Chine est un pays pluriethnique unifié, a par ailleurs rappelé M. Gang, avant d’indiquer qu’elle est opposée à certaines forces qui ont des agendas cachés et qui essaient de mettre en avant les questions concernant le Xinjiang et le Tibet, alors que ces personnes ne savent pas ce qui se passe réellement sur le terrain. D’autre part, la sécurité nationale de Hong Kong a été préservée et les droits légaux et les libertés des résidents sont mieux protégés; ainsi, l’ordre a été restauré et Hong Kong est toujours un centre de commerce international, financier et de transport maritime, a affirmé le Ministre chinois. Nous allons continuer à mettre en œuvre le principe « un pays, deux systèmes », a-t-il assuré. M. Gang a par ailleurs attiré l’attention sur les conséquences du déversement dans l’océan, par le Japon, de déchets contaminés après l’accident nucléaire de Fukushima.

MME DOMINIQUE HASLER, Ministre des affaires étrangères, de l’éducation et des sports du Liechtenstein, a souligné qu’un an après l’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie, nous sommes tous sous le choc de tous les crimes qui ont été commis. Elle a dit être favorable à la création d’un tribunal spécial sur le crime d’agression, car l’agression est bien, au fond, l’origine de tous les crimes internationaux commis en Ukraine. Il faudrait absolument qu’il n’y ait aucune possibilité d’immunité, y compris pour les chefs d’État, a insisté la Ministre.

Evoquant d’autres situations, comme celles qui prévalent au Myanmar, en République islamique d’Iran, en Égypte et en Afghanistan, Mme Hasler a jugé important que le Conseil traite des situations de droits de l’homme qui requièrent son attention ; c’est sa raison d’être, a-t-elle rappelé.

MME THÓRDÍS KOLBRÚN REYKFJÖRD GYLFADÓTTIR, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a dénoncé « la guerre de Poutine (…) menée contre l'avancée de la tolérance, contre la compréhension, contre la paix » et a regretté que la « vision du monde que le Président russe offre au monde soit basée sur la répression, l'étouffement de la libre pensée, le nationalisme violent et la peur de l'autre ». La Ministre a également fait part de la solidarité de son pays aux côtés du peuple bélarussien « dans sa lutte pour une société libre et démocratique qui lui est refusée par des autorités qui ont également été les complices de cette guerre ». « La lutte acharnée de Svetlana Tikhanovskaïa pour les droits de son peuple est une inspiration pour tous ceux d'entre nous qui accordent de l'importance aux droits de l'homme », a souligné la Ministre.

Les droits de l'homme sont un élément fondamental de la politique étrangère de l'Islande, a poursuivi la Ministre, rappelant que ces dernières années, le pays a été de plus en plus actif au sein du Conseil, à la fois en tant que membre en 2018-2019 et en tant qu'observateur. L'Islande se portera candidate au Conseil des droits de l'homme pour la période 2025-2027 : si elle est élue, elle encouragera tous les États Membres à respecter leurs obligations et leurs engagements en matière de droits de l'homme, notamment en coopérant avec le Haut-Commissaire et les mécanismes du Conseil, a fait savoir Mme Gylfadóttir.

A l’instar de plusieurs autres hauts dignitaires, M. NIKOLAOS-GEORGIOS DENDIAS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a transmis ses sincères condoléances à la suite des tremblements de terre qui ont récemment frappé la Turquie et la Syrie. Il a ensuite rappelé les crises sans précédent qui frappent le monde. Indiquant s’être rendu à plusieurs reprises en Ukraine depuis le début de la guerre le 24 février 2022, il a fait part de ses craintes quant au sort de la communauté grecque dans les régions actuellement sous occupation russe, y compris Marioupol. D’autre part, il ne faut pas oublier les autres conflits et situations propices aux violations des droits de l’homme, en Syrie, en Afghanistan, en Libye ou encore au Bélarus, a ajouté le Ministre grec.

M. Dendias a par ailleurs indiqué que son pays présentait sa candidature (comme membre non permanent) au Conseil de sécurité de l'ONU pour la période 2025-2026 et sa candidature au Conseil des droits de l'homme pour la période 2028-2030.

M. MEHMET KEMAL BOZAY, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Türkiye, a déclaré que son pays vit « une peine et une souffrance indescriptibles » depuis le tremblement de terre qui a fait plus de 40 000 victimes et 100 000 blessés. Il a exprimé toute la reconnaissance du peuple turc pour le soutien apporté par la communauté internationale dans ce contexte. Il a par ailleurs déclaré que son pays, qui a notamment promu l’accord d’Istanbul sur les céréales, est engagé envers la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, y compris la Crimée, et envers les efforts diplomatiques pour parvenir à une paix juste. La Türkiye réitère son soutien envers les Tatars de Crimée, qui ont le droit de vivre librement et en sécurité dans leur patrie.

Les violations systématiques des droits des migrants et des réfugiés nous préoccupent beaucoup, a d’autre part indiqué M. Bozay. En Syrie, a-t-il poursuivi, la Türkiye essaie de redonner vie au processus politique, de permettre des retours sûrs et d’éliminer les menaces terroristes, y compris celles du PKK/YDG et de Daesh. Dans le sud du Caucase, a-t-il ajouté, nous poursuivrons nos efforts de stabilité via une normalisation avec l’Arménie.

La Türkiye, qui soutient la souveraineté de la Chine, défend également les droits et libertés des turcs ouïghours et des autres minorités musulmanes, a par ailleurs indiqué le Ministre, avant d’ajouter que la Türkiye plaide également pour l’amélioration des conditions de vie des Rohingya. Il est temps que la situation de la population chypriote turque soit traitée par le Conseil, a également affirmé M. Bozay.

M. MUZAFFAR HUSEINZODA, Ministre adjoint des affaires étrangères de la République du Tadjikistan, a assuré que son pays attachait une grande importance à la coopération avec les structures des Nations Unies, y compris les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, dont les recommandations formulées après leur visite au Tadjikistan figurent, notamment, dans le plan d'action 2021-2023 visant à mettre en œuvre la Stratégie nationale des droits de l'homme pour la période allant jusqu'à 2030.

Le Tadjikistan apprécie, d’autre part, le rôle important joué par la société civile dans la promotion active des droits de l'homme. Les représentants des organisations de la société civile et des organisations internationales participent ainsi aux commissions interinstitutionnelles à titre consultatif, a fait savoir M. Huseinzoda. Le Tadjikistan s'est aussi engagé à éliminer les stéréotypes et les attitudes discriminatoires envers les femmes et à garantir l'égalité des droits entre les hommes et les femmes dans tous les domaines. Dans le cadre de la politique gouvernementale en matière de genre, l'activisme des femmes dans la sphère publique est encouragé, a insisté le Ministre adjoint. D’autre part, a indiqué M. Huseinzoda, le Tadjikistan promeut activement une approche intégrée des questions liées à l'eau et au climat. Ainsi, le 14 décembre de l'année dernière, l'Assemblée générale des Nations Unies, à l'initiative du Tadjikistan, a adopté à l'unanimité les résolutions visant à déclarer 2025 « Année internationale de la préservation des glaciers » et le 21 mars « Journée mondiale des glaciers », a rappelé le Ministre.

MME LOUISE MUSHIKIWABO, Secrétaire générale de la Francophonie, a fait observer que l’Organisation regroupait 88 États et gouvernements répartis sur cinq continents, qui partagent la langue française et les valeurs qui sont inscrites au cœur de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Elle a en outre rappelé l’adoption, en 2000, de la Déclaration de Bamako, texte normatif et de référence pour la promotion et la sauvegarde de la liberté, de la démocratie et des droits de l’Homme. Malgré des difficultés encore réelles, a fait observer Mme Mushikiwabo, l’espace francophone a engrangé des acquis au cours des vingt dernières années. Ainsi, le niveau d'engagement des États membres dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme a connu une accélération significative, a-t-elle souligné. Elle a en outre cité l’abolition de la peine de mort dans près des trois quarts des États membres de la Francophonie.

Mme Mushikiwabo a ensuite mis l’accent sur la nécessité de porter une attention accrue au respect de l’état de droit et des droits de l’homme ; à la mise en place de cadres juridiques appropriés pour la protection des données personnelles ; à la lutte contre la corruption ; ou encore à la lutte contre la désinformation. Une attention accrue doit également être portée à l’accès équitable aux vaccins et à la prise en compte de la jeunesse dans la promotion et la protection des droits de l’homme, a-t-elle ajouté. Le droit à l’éducation des filles constitue encore un défi majeur, a-t-elle en outre souligné.

MME JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit au développement (IDLO), a présenté l’action de son Organisation, notamment en matière d’état de droit, soulignant que ce dernier encourage l’inclusivité, l’égalité et la non-discrimination et est essentiel pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme. Alors que le Conseil a reconnu le droit à un environnement propre et sain, l’état de droit peut pleinement y contribuer, notamment par le biais de l’inclusion, a-t-elle souligné, ajoutant que les femmes et les jeunes filles doivent pouvoir participer à ces efforts.

M. RICCARDO PATERNÒ DI MONTECUPO, Grand Chancelier et Ministre des affaires étrangères de l’Ordre souverain de Malte, s’est dit profondément préoccupé par les violations des droits de l'homme en période de conflit, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine, où il a appelé à un arrêt immédiat des hostilités, estimant que toutes les parties devaient se conformer à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de l'homme et garantir l'accès humanitaire. Le Grand Chancelier a ensuite décrit les activités de l’Ordre depuis un an pour venir en aide aux civils en Ukraine et en Europe, notamment par la livraison de plus de 4500 tonnes d'aide humanitaire en Ukraine ou encore la formation de 13 000 personnes aux premiers secours.

M. Paternò di Montecupo a ensuite souligné l’importance du droit à la liberté de religion ou de conviction, tel qu'il est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il a également insisté sur l’importance du respect du droit humanitaire international. Il a enfin mis en garde contre les inégalités que la pandémie a creusées ou créées.

M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a fait part de son émotion suite au tremblement de terre dévastateur survenu en Syrie et en Turquie. Les droits de l’homme sont toujours soumis à d'énormes pressions, a-t-il par ailleurs souligné, citant notamment le rétrécissement des espaces civiques et le recul des droits de l'homme dans de nombreuses régions du monde, ainsi que les menaces croissantes à l’encontre des défenseurs des droits humains et des journalistes.

Le Rapport sur le développement humain du PNUD montre comment la confiance s'effondre, ce qui peut alors engendrer davantage d'instabilité, a poursuivi M. Steiner. En 2023, le droit au développement reste un enjeu déterminant, a-t-il souligné. Il faut également combler les lacunes en matière de coopération technique, a-t-il ajouté. M. Steiner a ensuite évoqué l’appui du PNUD auprès de plusieurs gouvernements.

 

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