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Examen du Costa Rica au CEDAW : si le pays peut être considéré comme une « capitale latino-américaine des droits de l’homme », est toutefois soulignée la persistance de stéréotypes, d’importantes inégalités et de nombreuses grossesses adolescentes

Compte rendu de séance

Le Costa Rica a une situation privilégiée en Amérique latine, en raison notamment de sa stabilité politique, et le pays peut être considéré comme une « capitale latino-américaine des droits de l'homme ». Cependant, c’est aussi un pays avec des inégalités importantes, en particulier si l’on considère les zones urbaines et côtières.

Tel est le constat dressé par une experte du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) alors qu’était examiné, hier après-midi et cet après-midi, le rapport présenté par le Costa Rica au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Plusieurs membres du Comité ont relevé les progrès législatifs réalisés par le pays « avec 40 nouvelles lois faisant référence aux droits fondamentaux des femmes ». Une experte s'est en outre félicitée de la nomination d'une Ministre de la condition de la femme, qui a permis l’intégration décisive du genre dans tous les ministères. Le Costa Rica a par ailleurs été félicité pour le niveau de la représentation des femmes à l’Assemblée nationale, ainsi que pour avoir assuré l’accès universel à l’éducation, ce qui permet au pays d’avoir un taux d’alphabétisation élevé.

Malgré cette situation, les femmes en situation de vulnérabilité ou autochtones continuent de voir leur accès à l’éducation restreint, a-t-il toutefois été observé.

En outre, certains membres du Comité ont fait part de préoccupations face à l’accès très limité des femmes rurales aux terres ou encore face aux informations faisant état de stéréotypes profondément ancrés qui se traduisent par des pratiques préjudiciables à l'encontre des femmes, notamment celles d'ascendance africaine.

Une experte s’est dite préoccupée par le nombre important de filles mineures enceintes et par le fait que les hommes responsables de bon nombre de ces grossesses ne soient pas connus, ce qui semblerait montrer qu’il y a de nombreuses relations entre des hommes adultes et des jeunes filles mineures.

Présentant le rapport de son pays, Mme Adilia Caravaca Zúñiga, Présidente exécutive de l’Institut national des femmes du Costa Rica, a affirmé que ces dernières années, un changement culturel en faveur de l’égalité des sexes a été observé au Costa Rica. La crise sociale résultant de la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités préexistantes entre les sexes, a-t-elle toutefois regretté, faisant observer que les mesures de distanciation sociale avaient ainsi empêché les femmes de fuir les situations de violence.

Au cours de la période couverte par le rapport, les principaux progrès en matière d’égalité ont été réalisés dans l’adoption de lois et de règlements, a indiqué la cheffe de délégation. Plus de 40 lois relatives aux droits de l’homme ont été adoptées sur des sujets tels que la traite des êtres humains, le harcèlement sexuel dans la rue, la violence à l’égard des femmes ou encore l’emploi, a-t-elle précisé. Le cadre réglementaire du Costa Rica a été renforcé pour garantir l’égalité de jure, le défi consistant à assurer la mise en œuvre et l’application de ces lois, a indiqué la cheffe de la délégation. L’État s’est engagé à faire en sorte que les femmes exercent leur pouvoir dans tous les espaces sur un pied d’égalité avec les hommes, à l’abri de toute forme de discrimination et de violence, a souligné Mme Caravaca.

Le taux d’emploi net des femmes a augmenté après les crises de 2020-2021, même s’il reste inférieur à celui des hommes. En outre, les femmes handicapées, les migrantes et les femmes rurales peu scolarisées connaissent de plus grandes inégalités, a poursuivi la cheffe de délégation. Elle a en outre attiré l’attention sur l’approbation, en 2015, de la Loi sur la prise en compte des travaux domestiques non rémunérés. Une autre étape importante a été l’approbation du congé de paternité en 2022, afin de lutter contre la discrimination à l’égard des femmes en matière d’emploi.

Mme Caravaca a par ailleurs attiré l’attention sur la baisse du taux de grossesses parmi les adolescentes.

La délégation costaricienne était également composée, entre autres, de M. Christian Guillermet Fernández, Vice-Ministre des affaires multilatérales au Ministère des relations extérieures et du culte ; de Mme Shara Duncan Villalobos, Représentante permanente adjointe du Costa Rica auprès des Nations Unies à Genève ; de Mme Laura Fernández Delgado, Ministre de la planification nationale et de la politique économique ; ainsi que de représentants du Ministère des relations extérieures et du culte, de l’Assemblée législative, de l’Institut national des femmes, de la Caisse de sécurité sociale et du pouvoir judiciaire.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport du Costa Rica et les rendra publiques à l’issue de sa session, le 24 février prochain.

 

Demain après-midi, à 15 heures, le Comité tiendra une demi-journée de débat général sur l'égalité et la représentation inclusive des femmes dans les systèmes de prise de décision.

 

Examen du rapport du Costa Rica

Le Comité est saisi du rapport périodique du Costa Rica (CEDAW/C/CRI/8) ainsi que des réponses à une liste de points à traiter qui avait été soumise par le Comité.

Présentation du rapport

Mme Adilia Caravaca ZúñIGA,Présidente exécutive de l’Institut national des femmes du Costa Rica, a affirmé que ces dernières années, un changement culturel en faveur de l’égalité des sexes a été observé au Costa Rica. En 2017, a-t-elle indiqué, lors de la troisième enquête nationale sur la perception des droits humains des femmes au Costa Rica, 61,1% des femmes interrogées et 55,4% des hommes avaient répondu positivement à la question : « Savez-vous ce que sont les droits humains des femmes ? ». En 2021, quatre ans plus tard, ce pourcentage est passé à 67 % chez les femmes et à 63 % chez les hommes, s’est-elle réjouie. Bien que ces perceptions en faveur de l’égalité soient reçues positivement, elles sont encore insuffisantes pour transformer le discours en action, a admis la cheffe de la délégation, regrettant des mouvements de réaction contre l’égalité des sexes et pour la perpétuation des stéréotypes.

En outre, la crise sociale résultant de la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités préexistantes entre les sexes, a regretté Mme Caravaca. Les mesures de distanciation sociale ont ainsi empêché les femmes de fuir les situations de violence et ont limité l’accès aux services essentiels ou aux espaces de protection tels que le travail, l’éducation et les centres communautaires. Le nombre de plaintes pour violence physique pour la période de janvier à mars 2020 était de 14 513, ce qui représente une augmentation de 13,9% par rapport à la même période de l’année précédente, a précisé Mme Caravaca. En outre, alors qu’en 2019, 17 féminicides avaient été recensé, leur nombre est passé à 28 en 2020.

Au cours de la période couverte par le rapport, les principaux progrès en matière d’égalité ont été réalisés dans l’adoption de lois et de règlements, a poursuivi la cheffe de délégation. Plus de 40 lois relatives aux droits de l’homme ont été adoptées sur des sujets tels que la traite des êtres humains, le harcèlement sexuel dans la rue, la violence à l’égard des femmes ou encore l’emploi. Le cadre réglementaire du Costa Rica a été renforcé pour garantir l’égalité de jure, le défi consistant à assurer la mise en œuvre et l’application de ces lois, a indiqué la cheffe de la délégation.

Les politiques nationales, telles que la politique pour l’égalité et l’équité entre les femmes et les hommes, combinent les actions de multiples institutions afin de renforcer les efforts de l’État pour intégrer la perspective de genre dans tous ses travaux. Au niveau local, des progrès significatifs ont été réalisés s’agissant de la participation politique des femmes.

Le pays est par ailleurs confronté à la tâche difficile d’éliminer la violence politique et a adopté la loi visant à prévenir, combattre, punir et éliminer la violence à l’égard des femmes en politique. L’État s’est engagé à faire en sorte que les femmes exercent leur pouvoir dans tous les espaces sur un pied d’égalité avec les hommes, à l’abri de toute forme de discrimination et de violence, a indiqué Mme Caravaca.

Le taux d’emploi net des femmes a augmenté après les crises de 2020-2021, atteignant 48,2%, soit seulement 2% de moins que le taux d’avant la pandémie de 2019, a poursuivi Mme Caravaca. Toutefois, le taux d’emploi net des femmes reste inférieur à celui des hommes et les taux de chômage sont plus élevés pour les femmes, a-t-elle regretté. Les femmes handicapées, les migrantes et les femmes rurales peu scolarisées connaissent de plus grandes inégalités, a-t-elle ajouté. L’État a créé une législation qui améliore les conditions d’emploi des femmes et optimise les mécanismes de contrôle de la conformité, en particulier pour les travailleurs domestiques. En 2021, plus de 2,5 millions de dollars ont été investis dans le secteur agricole pour soutenir les activités génératrices de revenus pour les femmes et leurs familles, a d’autre part indiqué la Présidente exécutive de l’Institut. Mme Caravaca a également attiré l’attention sur l’approbation, en 2015, de la Loi sur la prise en compte des travaux domestiques non rémunérés. Ces outils permettent de rendre visible la contribution des femmes au produit intérieur brut du pays. Une autre étape importante a été l’approbation du congé de paternité en 2022, afin de lutter contre la discrimination à l’égard des femmes en matière d’emploi.

La cheffe de la délégation a également indiqué que l’adoption de la norme technique pour l’avortement thérapeutique établie dans le Code pénal a entraîné des processus de sensibilisation et de formation du personnel travaillant dans les services de santé en vue de son application correcte. Elle a attiré l’attention sur la baisse du taux de grossesses parmi les adolescentes, qui était en 2021 de 8,9% parmi les adolescentes âgées de 15 à 19 ans, alors que ce taux était de plus du double en 2000 (il était alors d’environ 20,5%). C’est le résultat des programmes de protection des filles et des adolescentes, intégrant des conseils gratuits en matière de santé sexuelle et procréative, l’accès à des contraceptifs modernes, y compris des contraceptifs d’urgence, et des programmes d’éducation en matière de santé sexuelle et génésique, s’est réjouie Mme Caravaca. Des changements importants ont été apportés aux pratiques hospitalières pour les femmes enceintes, afin de réduire la mortalité maternelle et néonatale, a-t-elle ajouté.

Au cours de la période considérée, la définition du féminicide a été élargie, de sorte que le féminicide est désormais appréhendé comme une manifestation de la violence sexiste, ce qui a permis de sanctionner de manière plus appropriée les auteurs de ces crimes, a d’autre part indiqué la cheffe de la délégation.

L’Institut national des femmes est une entité autonome et indépendante qui inscrit les principales préoccupations des femmes à l’ordre du jour national, a par ailleurs souligné Mme Caravaca. Ce n’est qu’à travers la garantie des droits humains de toutes les femmes que le pays envisage l’avenir avec espoir et construit une société démocratique, égalitaire et solidaire, a-t-elle déclaré.

Questions et observations des membres du Comité

Ouvrant la discussion, MME LETICIA BONIFAZ ALFONZO, rapporteuse du Comité pour l’examen du rapport du Costa Rica, a déclaré que le Costa Rica avait une situation privilégiée en Amérique latine en raison de sa position géographique et de sa stabilité politique, ce qui lui avait permis d'avancer dans diverses politiques publiques. Le pays peut être considéré comme une « capitale latino-américaine des droits de l'homme », a-t-elle affirmé. Cependant, c’est aussi un pays avec des inégalités importantes, en particulier si l’on considère les zones urbaines et côtières, a-t-elle relevé. Le pouvoir judiciaire a progressé dans le nombre d'arrêts se référant à la Convention, a-t-elle par ailleurs constaté. Les progrès législatifs réalisés sont importants, avec 40 nouvelles lois faisant référence aux droits fondamentaux des femmes, s’est-elle également réjouie.

La rapporteuse a ensuite souhaité savoir comment fonctionnaient les services de conseil juridique pour les femmes. Elle s’est aussi enquise du soutien apporté aux femmes handicapées pour accéder à la justice. Elle a aussi voulu savoir s’il était difficile de signaler des cas de violence domestique et ce qu’il en était de l’impunité dans ce domaine.

L’experte a aussi demandé pourquoi le Médiateur n’avait toujours pas été nommé.

Une autre experte du Comité s'est félicitée de la nomination d'une Ministre de la condition de la femme, qui a permis l’intégration décisive du genre dans tous les ministères. L’experte s’est enquise du budget alloué à ce Ministère. Elle a par ailleurs voulu savoir si le Costa Rica envisageait d'adopter une approche globale des mesures temporaires spéciales.

Une autre experte s'est enquise des politiques qui guident la Ministre de la condition femme et des actions qu’elle prend pour faire avancer les droits des femmes. Elle a souhaité savoir comment l'intégration de la dimension de genre avait été réalisée et dans quelle mesure elle était un succès.

Une experte s'est enquise des résultats des campagnes et des formations visant à combattre les stéréotypes, s’agissant notamment des préjugés sexistes. Elle a souhaité connaitre les résultats des campagnes encourageant les pères à jouer un rôle plus actif dans la prise en charge des enfants. L’experte s’est dite préoccupée par des informations qui font état de stéréotypes profondément ancrés se traduisant par des pratiques préjudiciables à l'encontre des femmes, notamment celles d'ascendance africaine. Elle a demandé à la délégation comment l'État envisageait de lutter contre ces stéréotypes au cours des cinq prochaines années.

Une experte a demandé où en était la politique nationale de prévention et de lutte contre la violence à l'égard des femmes et a souhaité savoir si un centre spécialisé dans la violence domestique avait été créé. Comment fonctionnent les refuges pour femmes victimes de violence et l'Etat envisage-t-il d'élargir le réseau des refuges, a-t-elle demandé ? Enfin, elle a souhaité en savoir davantage sur les condamnations d’auteurs de viols.

Existe-t-il à l’attention des agresseurs des programmes d'éducation sur les conséquences des violences contre les femmes, a-t-il été demandé ?

Un expert s’est enquis des mesures prises pour donner suite aux recommandations faites par le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage à l’issue de sa visite dans le pays. Existe-t-il un système de suivi du plan d'action national contre la traite, a-t-il demandé ? Il a également voulu connaître les mesures prises pour lutter contre le tourisme sexuel au Costa Rica, dont les victimes – a-t-il souligné – sont principalement des jeunes filles. L’expert a également souhaité savoir si le Costa Rica envisageait d'établir un plan d'action national pour les politiques visant à réduire le risque d'exploitation des femmes et des filles par le travail.

Une experte a félicité le Costa Rica pour la représentation des femmes à l’Assemblée nationale. Elle a aussi relevé la nomination historique d’une vice-présidente d’ascendance africaine il y a quelques années. Cette experte a souligné que l’absence des femmes dans le secteur des technologies pourrait être un frein au développement du pays et a donc demandé à la délégation de faire le point sur la présence des femmes dans ce domaine.

L’experte a par ailleurs souhaité connaître les mesures prises pour lutter contre la discrimination en ligne et celles prises pour permettre à davantage de femmes d’avoir accès à des postes à responsabilités.

Une autre experte a relevé que le Costa Rica était le premier pays d’Amérique latine à octroyer la nationalité costaricienne à une femme apatride. Elle a souhaité savoir quels progrès avaient été accomplis depuis la signature d’un traité avec le Panama s’agissant de la question des migrants.

Une experte a félicité le Costa Rica pour avoir assuré l’accès universel à l’éducation, qui permet au pays d’avoir un taux d’alphabétisation élevé. Malgré cette situation, les femmes en situation de vulnérabilité ou autochtones continuent de voir leur accès à l’éducation restreint, a-t-elle toutefois observé. Elle s’est enquise des mesures prises afin de favoriser l’accès des femmes aux études scientifiques et technologiques. Elle a également voulu en savoir davantage sur les formations dispensées en matière de santé reproductive et sexuelle, soulignant que de telles formations permettent de prévenir certaines formes de violences sexuelles.

Une autre experte a demandé pourquoi le niveau de diplôme des femmes et leurs qualifications ne se reflètent pas dans le marché de l’emploi, notamment pour ce qui est des salaires.

Relevant que l’avortement restait incriminé par le Code pénal du Costa Rica, une experte a souhaité savoir qui prenait la décision d’autoriser l’avortement dans le cas où la santé de la mère est en danger.

Une autre experte a fait observer que les femmes rurales ont un accès très limité aux terres et sont sous-représentées dans les coopératives. Cette experte a demandé si le pays allait reconnaître constitutionnellement les droits des peuples autochtones et des femmes autochtones à leurs terres ancestrales. Elle a aussi souhaité savoir si les organisations de femmes autochtones allaient être davantage consultées sur toutes les thématiques et les questions qui les concernent.

Une experte s’est dite préoccupée par le nombre important de filles mineures enceintes et par le fait que les hommes responsables de bon nombre de ces grossesses ne soient pas connus, ce qui semblerait montrer qu’il y a de nombreuses relations entre des hommes adultes et des jeunes filles mineures.

Réponses de la délégation

La délégation a reconnu que les femmes vulnérables rencontraient des difficultés lorsqu'il s'agissait d'accéder à la justice.

Quelque 39% des personnes jugées pour violence à l'égard des femmes ont été acquittées, a par ailleurs indiqué la délégation.

Plusieurs sessions de formation sur les perspectives sexospécifiques et l'élimination des stéréotypes sont en cours d'élaboration et une nouvelle stratégie est en cours d'élaboration afin d’accroître l'accès à la justice pour les femmes confrontées à des situations de violence.

L’État a mis au point différents programmes et stratégies s’agissant de l’accès des femmes à la justice, a par la suite indiqué la délégation. Par ailleurs, a-t-elle ajouté, le bureau de prise en charge des victimes et le bureau du Défenseur du peuple apportent une aide aux femmes autochtones dans leur démarche pour avoir accès à la justice.

Un travail de formation a été réalisé sur la question des stéréotypes, mais il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine, a ensuite reconnu la délégation. Des initiatives significatives ont été prises par des hommes du secteur public pour développer une masculinité non violente et un réseau a été créé pour travailler sur ces questions. Il n'y a pas encore d'études sur l'impact du congé de paternité ni sur l’impact des campagnes menées contre les stéréotypes, a par ailleurs indiqué la délégation. L'une des manières de combattre les stéréotypes dans la pratique est de promouvoir une plus grande participation des femmes à la vie politique, a ajouté la délégation.

La délégation a déclaré que le Ministère de la condition de la femme est un mécanisme de coordination et a souligné qu’il n'y a pas d'équipe ou de budget indépendants qui lui soient associés. Grâce à cette coordination, certaines actions ont pu être menées dans le domaine des droits des femmes dans tous les ministères, a fait valoir la délégation. Ce mécanisme est un outil important pour susciter les actions nécessaires à des niveaux élevés, a-t-elle insisté.

La délégation a par ailleurs fait état d’un projet pilote mené pour promouvoir les partenariats public/privé axés sur l'égalité des sexes. Toutes les parties impliquées ont en particulier été invitées à examiner ce qu’il en est des écarts de rémunération en leur sein et à mettre en place des mesures pour relever ce défi.

La délégation a fait savoir que la prochaine politique nationale sur la violence à l'égard des femmes était en cours d’élaboration, alors que la première vient de s’achever. Il existe un réseau de prévention de la violence à l'égard des femmes au Costa Rica, a-t-elle souligné. L'Institut national de la femme offre des services de soins et dispose pour cela de cinq unités de soins, dont des maisons d'hébergement et un centre de soins interdisciplinaire spécialisé. Une ligne d'assistance téléphonique gratuite à l'échelle nationale a également été mise en place pour aider les femmes et leur fournir des soins immédiats et plusieurs campagnes ont été lancées pour informer les femmes de l’existence de cette ligne d'assistance gratuite. Il existe par ailleurs trois refuges dans le pays pour les femmes victimes de violence et la capacité d’accueil de ces refuges a été augmentée, a ajouté la délégation.

Des efforts ont été déployés pour améliorer les statistiques, la collecte de données et leur diffusion, a par ailleurs indiqué la délégation.

S’agissant de la visite effectuée par le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage en novembre dernier, la délégation a indiqué que le rapport issu de cette visite sera présenté officiellement en juin prochain et que c’est à ce moment-là que le pays répondra aux recommandations qu’y aura faites l’expert après un examen minutieux de celles-ci.

S’agissant de la traite de personnes, la délégation a indiqué que les autorités avaient pris différentes mesures pour en accompagner les victimes. Le parquet spécialisé sur les questions liées à la traite a établi une feuille de route afin de faire en sorte que tous les cas soient transmis au procureur public. Ce même parquet a élaboré une brochure permettant d’expliquer aux victimes la procédure de plainte à suivre. Une prise en charge spécifique est prévue pour les mineurs victimes de traite, a précisé la délégation.

La délégation a par ailleurs souligné que le Costa Rica continuait ses campagnes de prévention contre le tourisme sexuel, notamment dans les aéroports du pays.

La délégation a indiqué qu’il n’y avait pas de services spécialisés de l’État visant la reconversion des femmes prostituées. Néanmoins, ces femmes peuvent bénéficier des programmes de réinsertion de l’État, a-t-elle ajouté.

En ce qui concerne la représentation et la participation des femmes, la délégation a rappelé que près de 50% des députés sont des femmes et que les femmes sont en outre majoritaires dans les cabinets ministériels. Assurer la parité entre les sexes dans les communes, au niveau local, est aussi un défi que tente de relever le pays, a-t-elle ajouté. Une nouvelle résolution du tribunal constitutionnel oblige les partis politiques à assurer la parité sur l’ensemble des listes électorales pour l’ensemble des élections, ce qui devrait permettre de faire avancer la parité à tous les niveaux de pouvoir, a en outre fait valoir la délégation.

La délégation a d’autre part indiqué que des centres communautaires proposaient des formations gratuites sur les nouvelles technologies, accessibles à tous. Différentes mesures et programmes sont également en place pour encourager les femmes et les jeunes femmes à la maîtrise des technologies et des sciences. Il est nécessaire que les femmes participent davantage à ce secteur des technologies et des sciences et se retrouvent dans ce même secteur dans le marché du travail, a affirmé la délégation. Le Costa Rica veille à relever le défi qui consiste à encourager les jeunes filles dès le plus jeune âge à s’intéresser à ces questions, a-t-elle assuré.

Pour permettre un accès accru des femmes à l’emploi, il existe une plate-forme interinstitutionnelle au sein du Ministère du travail qui regroupe des institutions publiques et des entreprises du secteur privé et au travers de laquelle des offres d’emploi sont notamment proposées, a ensuite souligné la délégation. Différents plans sont aussi mis en œuvre afin de garantir l’accès des personnes handicapées à l’emploi.

S’agissant de l’éducation sexuelle et reproductive, la délégation a indiqué que les programmes en la matière courent sur l’ensemble du cycle scolaire, dès la maternelle et jusqu’à la dernière année du lycée. Ces programmes font partie du programme ordinaire d’enseignement et ont permis de réduire le nombre de grossesses adolescentes depuis leur mise en œuvre, a ajouté la délégation. Ces programmes sont évolutifs et veillent aussi à aboutir à des changements profonds dans la société sur les questions liées aux stéréotypes et à l’égalité entre femmes et hommes, a-t-elle fait valoir.

La non-reconnaissance, par le père, d’enfants nés de filles mineures est un phénomène récent et inattendu, a par la suite reconnu la délégation, avant d’indiquer que les autorités ont entamé une campagne de prévention pour lutter contre ce phénomène. Un décret d’urgence a par ailleurs été promulgué pour l’adoption de mesures, incluses dans la politique nationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes, visant à lutter contre les relations entre adultes et mineures, a fait savoir la délégation. L’application de la « loi contre les relations impropres » va par ailleurs se poursuivre, a-t-elle indiqué.

La délégation a par ailleurs rappelé que conformément à la Constitution, l’ avortement au Costa Rica ne peut être autorisé qu’à titre médical, en cas de risque de décès pour la mère ou l’enfant. Aucun projet d’amendement de cette disposition n’est prévu pour le moment, a indiqué la délégation.

En réponse à la question d’un membre du Comité, la délégation a par ailleurs indiqué qu’un projet de loi était en cours de discussion pour interdire les thérapies de conversion.

S’agissant des femmes dans les zones rurales, la délégation a indiqué que le secteur rural est représenté par l’Institut du développement rural qui travaille dans toutes les zones du pays et qui promeut les comités de développement rural par région, dont l’un des buts est notamment de rendre davantage de femmes propriétaires et de développer des coopératives de femmes. Il existe des sources de financement pour les femmes rurales, a ajouté la délégation. Des mesures sont par ailleurs prises pour favoriser l’accès des femmes rurales aux soins de santé. Des services itinérants sont organisés afin d’offrir les services de base aux populations des zones les plus reculées du pays, a par ailleurs souligné la délégation.

La délégation a d’autre part indiqué que le pays luttait contre les discours de haine, notamment au travers d’une législation spécifique en la matière.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

CEDAW23.011F