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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES DIGNITAIRES DE LA FINLANDE, DE L’ÉGYPTE, DE CUBA, DU BRÉSIL, DE L’IRLANDE, DU QATAR, L’INDE ET DU BÉLARUS DANS LE CADRE DE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a poursuivi, cet après-midi, le débat de haut niveau de sa session de 2020, qui doit se poursuivre jusqu'à mercredi matin (26 février).

Ont pris la parole cet après-midi le Vice-Premier Ministre de l’Irlande, les Ministres des affaires étrangères de la Finlande et de Cuba, de même que le Ministre adjoint à la sécurité multilatérale et internationale de l’Égypte, le Vice-Ministre pour la souveraineté et la citoyenneté du Brésil, la Ministre adjointe aux affaires étrangères et porte-parole du Ministère des affaires étrangères du Qatar, ainsi que les ambassadeurs de l’Inde et du Bélarus.

En fin de séance, la République populaire démocratique de Corée, la République de Corée et les États-Unis ont eu un échange au sujet, notamment, du processus de dénucléarisation de la péninsule de Corée.


La Conférence du désarmement doit entendre, demain matin à partir de 10 heures, des hauts dignitaires de la Croatie, de la Fédération de Russie, du Royaume-Uni, de la Grèce, du Japon, de la Roumanie, de l’Estonie et de l’Iran.


Débat de haut niveau

M. PEKKA HAAVISTO, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a souligné que la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) s’ouvrirait dans moins de deux mois à New York. Relevant le paradoxe qui veut que certains États estiment nécessaire de se doter d’armes nucléaires pour assurer leur sécurité alors même que ces armes posent une menace existentielle pour tous les autres pays, le Ministre finlandais a estimé que le message essentiel de la Conférence devrait être de confirmer la détermination de tous les pays à ne plus jamais utiliser d’armes nucléaires. Concrètement, le Ministre a espéré que la Conférence d’examen aboutirait à un résultat tourné vers l’avenir, couvrant les trois piliers du Traité : d’abord, un approfondissement des discussions en vue de limiter la place des armes nucléaires dans les politiques sécuritaires, et ensuite un dialogue pour évaluer et minimiser les risques nucléaires. À titre prioritaire, la Conférence d’examen devra aussi traiter du problème des systèmes d’armes les plus déstabilisants, a ajouté le ministre. Deux autres dimensions importantes seront le renforcement des garanties de sécurité négatives et le soutien au renforcement des capacités en matière de vérification du désarmement nucléaire.

M. Haavisto a aussi demandé à la Fédération de Russie et aux États-Unis de prendre l’initiative pour relancer le dialogue. L’extension du traité New START de réduction des armes nucléaires serait une preuve concrète de la volonté des deux pays d’aller de l’avant, a-t-il souligné.

M. IHAB FAWZY, Ministre adjoint à la sécurité multilatérale et internationale de l’Égypte, a déclaré que son pays appuyait la convocation d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le désarmement afin de rechercher les moyens de sortir de l’impasse dans laquelle la Conférence se trouve depuis plusieurs décennies.

La communauté internationale, de plus en plus consciente de l’impact humanitaire des armes nucléaires, a adopté le Traité pour l’interdiction des armes nucléaires, et le Ministre adjoint égyptien a appelé la Conférence à poursuivre ses propres efforts pour parvenir à un désarmement nucléaire complet et vérifiable. Entre-temps, il faut adopter un instrument international donnant aux États non dotés d’armes nucléaires des garanties concernant la non-utilisation de telles armes contre eux. Par ailleurs, la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient est en tête des priorités des pays épris de paix, a poursuivi le Ministre adjoint. Il a regretté que la tentative de création de cette zone n’ait pas abouti et a a appelé le seul État de la région n’est pas membre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à adhérer à cet instrument.

M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, s’est dit préoccupé par le comportement du gouvernement actuel des États-Unis et de sa stratégie de domination militaire. Cuba rejette la décision des États-Unis de se retirer du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire de même que de l’Accord sur le nucléaire iranien. La communauté internationale ne peut rester passive ni silencieuse devant la menace que représente la nouvelle posture des États-Unis s’agissant de leur dispositif nucléaire, laquelle abaisse le seuil d’utilisation d’armes nucléaires, y compris en réponse à des menaces stratégiques non nucléaires.

M. Rodríguez Parrilla a également condamné la persistance du Gouvernement des États-Unis à tenter de détruire la révolution cubaine par l’asphyxie économique du peuple cubain, de même que ses tentatives de faire tomber le gouvernement légitime du Président Maduro au Venezuela. Le Ministre cubain a enfin affirmé le plein soutien de son pays à la proclamation de la région de l’Amérique du Sud et des Caraïbes comme zone de paix.

M. FABIO MARZANO, Vice-Ministre pour la souveraineté et la citoyenneté du Brésil, a rappelé que son pays avait activement appuyé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui affirme de manière univoque les conséquences humanitaires intolérables qu’aurait toute utilisation ou détonation d’une arme nucléaire. « Complémentaire du TNP », le Traité est « l’expression ultime de tous les engagements pris dans l’architecture du désarmement », a insisté M. Marzano. Il a ajouté que « le respect de l’article 6 du TNP par les États dotés de l’arme nucléaire était la condition sine qua non de l’avenir » de ce traité. Le Brésil attend que les États dotés d’armes nucléaires accordent aux États non dotés des garanties quant à la non-utilisation de ces armes, a rappelé M. Marzano.

M. Marzano a encore annoncé que son pays avait organisé, la semaine dernière à Rio de Janeiro, un séminaire sur les systèmes d’armes autonomes. Il a précisé que le Brésil s’intéressait aussi à la prévention de la militarisation de l’espace ; à la militarisation préoccupante des sciences de la vie ; et aux questions soulevées par la numérisation de tous les aspects de la vie, un phénomène qui place la cybersécurité au cœur des problèmes de sécurité contemporains.

M. SIMON COVENEY, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande, s’est dit très préoccupé par l’utilisation d’armes chimiques depuis quelques années et par les répercussions humanitaires de ces armes dans les bombardements de zones civiles. L’Irlande s’inquiéte également de la menace croissante des armes nucléaires ; elle est fière de son rôle pendant la négociation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, un instrument complémentaire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Après avoir dit toute l’importance que son pays attache au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, M. Coveney a ajouté que son pays appréciait non seulement la diversité mais aussi l’expression de la société civile, du monde universitaire et d’autres parties prenantes dans les forums consacrés au désarmement. L’Irlande juge également prioritaire l’intégration de la dimension de genre dans les forums consacrés à la non-prolifération et au contrôle des armements, a assuré le Ministre. Nous nous trouvons « à cent secondes de minuit sur l’horloge de l’apocalypse » nucléaire du Bulletin of Atomic Scientists, a mis en garde M. Coveney. « La seule garantie contre les horreurs de la guerre nucléaire est l’élimination des armes nucléaires », a rappelé le ministre irlandais.

MME LOLWAH RASHID AL KHATER, Ministre adjointe aux affaires étrangères et porte-parole du Ministère des affaires étrangères du Qatar, a espéré que la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, dans quelques semaines, serait l’occasion pour les États parties de réaffirmer sans équivoque leur engagement pour ce traité historique.

Mme Al Khater a déclaré que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient était conforme aux obligations et responsabilités des États, notamment celles des parrains de la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient adoptée par la Conférence d’examen du TNP, étant donné qu’ils ont l’obligation d’appliquer les décisions prises par la Conférence d’examen en 2010, entre autres. À cet égard, l’incapacité de créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient sur la base de la résolution de 1995 affectera la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, son processus d’examen et l’intégralité du régime de non-prolifération, de même qu’elle mettra en cause la volonté des États dotés de l’arme nucléaire de créer cette zone, a mis en garde Mme Al Khater. S’agissant des travaux de la Conférence, Mme Al Khater a notamment recommandé que soit désigné un rapporteur spécial sur l’élargissement du nombre des membres de la Conférence.

M. PANKAJ SHARMA, Représentant permanent de l’Inde auprès de la Conférence du désarmement, a assuré que son pays appuyait le lancement immédiat de négociations à la Conférence autour d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, sur la base du mandat contenu dans le document CD/1299, lequel reste – de l’avis de l’Inde – le plus adapté à l’ouverture de négociations. L’Inde estime en outre que la prévention d’une course aux armements dans l’espace est une question très importante, a dit l’Ambassadeur Sharma. L’Inde espère que la Conférence pourra commencer rapidement des négociations autour d’un instrument juridiquement contraignant sur cette question.

D’autre part, l’Inde, confrontée au fléau du terrorisme depuis plusieurs décennies, est parfaitement consciente des conséquences dangereuses du transfert d’armes de destruction massive à des acteurs non étatiques et à des terroristes. C’est pourquoi l’Inde appuie, depuis 2002, la résolution de l’Assemblée générale intitulée « Mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive ».

M. YURY AMBRAZEVICH, Représentant permanent du Bélarus auprès des Nations Unies à Genève, a déclaré que son pays était préoccupé par le démantèlement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, facteur d’augmentation des risques en Europe, de même que par les signaux négatifs relativement au sort du traité New Start et du Traité sur le régime « Ciel ouvert ». Ces tendances confirment qu’il faut lancer sans tarder les négociations sur tous les enjeux d’importance pour la paix et la sécurité internationales, de l’avis du Bélarus.

Le représentant bélarussien a recommandé que la Conférence examine les nouvelles technologies avec le même degré de sérieux que les armes nucléaires. Il a aussi jugé important de systématiser la lutte contre l’obtention d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques. Il a fait état de la tenue, récemment à Minsk, d’une conférence internationale sur cette question. Les débats ont porté notamment sur l’utilisation des nouvelles technologies pour détecter les personnes qui cherchent à acquérir des armes de destruction massive.

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