Aller au contenu principal

CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : SUITE DU DÉBAT SUR LA CESSATION DE LA COURSE AUX ARMEMENTS NUCLÉAIRES ET SUR LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a poursuivi, cet après-midi, le débat entamé hier au sujet de la cessation de la course aux armements nucléaires et du désarmement nucléaire. Les délégations ont ensuite examiné, en séance informelle, le projet de programme de travail de la Conférence préparé par son Président, l’Ambassadeur Duong Chi Dung, du Viet Nam.

Poursuivant la discussion lancée hier, les délégations ont évoqué le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, regrettant en particulier que cet instrument n’ait pu entrer en vigueur vingt ans après sa négociation. Une délégation a demandé à tous les pays qui n’ont pas encore ratifié le Traité – notamment les pays mentionnés dans son Annexe II – de ratifier cet instrument sans délai afin qu’il entre en vigueur le plus rapidement possible.

D’autre part, une délégation s’est dite très préoccupée par l’incapacité de certains États de respecter leurs obligations au titre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Le débat a aussi porté sur le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire : des préoccupations ont été exprimées face au démantèlement de cet instrument international.

Présentant son « projet de décision sur le programme de travail » de la Conférence (CD/WP.621), M. Duong a déclaré que ce document tenait compte des démarches des présidences précédentes. Cependant, étant donné les vues divergentes, le projet contient peu d’aspects techniques et est concentré sur certains éléments-clefs qui devraient figurer dans un programme de travail. Le projet ne contient pas de calendrier, la Conférence n’ayant plus suffisamment de temps en 2019 : plutôt, il ouvre la voie à un consensus sur certains éléments fondamentaux d’un programme de travail. Il appartiendra à la prochaine présidence de tenir compte des éléments ainsi exposés, a relevé le Président actuel.

Les délégations ont ensuite discuté du projet du Président de manière informelle.

Cet après-midi, les délégations ont fait part à nouveau de leur tristesse après le décès récent de M. Yukiya Amano, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Les délégations suivantes ont fait des déclarations au cours de la partie publique de la séance : Bélarus, Inde, République bolivarienne du Venezuela, Ukraine, Japon, Allemagne, Iran, Iraq, Algérie et États-Unis.

La Conférence a par ailleurs accepté la demande de participation à ses travaux en tant qu'observateur présentée par l’Arménie.


La prochaine séance publique de la Conférence aura lieu mardi 6 août à 10 heures.

Débat sur la cessation de la course aux armements nucléaires et sur le désarmement nucléaire

Le Bélarus a déclaré que, partie au Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, il était préoccupé par le démantèlement effectif de cet instrument international. Le refus de résoudre l'ensemble des préoccupations dans le cadre des mécanismes prévus par le Traité constitue un pas en arrière dans le domaine du désarmement, de la non-prolifération et des mesures de confiance, a dit le Bélarus. Il a appelé tous les États intéressés, principalement les pays européens, à prendre des mesures pour empêcher le déploiement en Europe de missiles terrestres à portée intermédiaire et à plus courte portée, en particulier ceux qui ont des têtes nucléaires.

D’autre part, malgré les efforts de la communauté internationale, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires n’a pu entrer en vigueur depuis plus de 20 ans, a regretté le Bélarus. Il a appelé les États à ne pas affaiblir mais, au contraire, à renforcer le régime juridique d'interdiction des essais nucléaires. En tant que pays qui a renoncé volontairement et sans conditions préalables aux armes nucléaires, le Bélarus demande à tous les États de consolider leurs efforts sur une question aussi importante que le renforcement de la sécurité internationale.

L’Inde a notamment assuré qu’elle était engagée au maintien de son moratoire unilatéral et volontaire sur les essais d’explosifs nucléaires. Mais l’Inde a aussi insisté sur le fait que le concept de stabilité stratégique régionale ressuscité périodiquement n’était pas une alternative viable à une stabilité stratégique mondiale. On sait que les préoccupations en matière de sécurité de certains pays sont globales par nature et ne sont pas limitées par la géographie. Tout détour par les approches soi-disant régionales ne fera que distraire la communauté internationale de l’objectif principal qui reste l’élimination générale des armes nucléaires, a insisté l’Inde.

L’Inde a aussi rappelé qu’elle avait proposé que la Conférence ouvre la négociation sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles.

La République bolivarienne du Venezuela a regretté l'aggravation des tensions géopolitiques mondiales et le renforcement des doctrines de dissuasion nucléaire, qui semblent servir d'excuse pour relancer, en ces temps difficiles, la course aux armements. Elle a réaffirmé son attachement aux objectifs de non-prolifération et de désarmement nucléaire, estimant qu’ils sont fondamentaux pour contribuer au renforcement de la paix et de la sécurité internationales, ainsi que son appui au multilatéralisme, principe fondamental des négociations dans ce domaine.

Pour le Venezuela, la seule garantie contre l’utilisation des armes nucléaires est leur élimination totale. Les implications humaines et environnementales – en particulier pour les populations des pays en développement – d'une nouvelle course aux armements asymétrique sont préoccupantes, a dit la délégation. Elle a fait remarquer que cette nouvelle course aux armements se traduisait également par le déploiement d'armes nucléaires par des États dotés d'armes nucléaires sur le territoire d'États qui n’en sont pas dotés. Le Venezuela a appelé à la ratification du Traité d’interdiction des armes nucléaires.

L’Ukraine a dit partager l’évaluation faite hier, par les États-Unis, de la politique de déstabilisation menée par la Fédération de Russie à l’égard, notamment, de l’Ukraine. La délégation a insisté sur la violation flagrante, par la Fédération de Russie, du Mémorandum de Budapest, estimant que cette attitude influençait de manière négative les efforts de non-prolifération et de désarmement nucléaire. L’Ukraine a aussi déploré la dégradation de la situation autour du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire par la faute des actes de la Fédération de Russie.

D’autre part, l’Ukraine s’est dite convaincue que le désarmement nucléaire complet et irréversible était la seule manière de protéger l’humanité contre les conséquences de ces armes. L’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires s’inscrit dans cet objectif de longue haleine, a relevé l’Ukraine, qui a appelé tous les États à ratifier cet instrument. La délégation a fait savoir en outre que son pays participait aux efforts de surveillance prévus par le Traité, notamment par l’installation d’une station de surveillance sur le sol ukrainien.

Le Japon a d’abord rendu hommage à Yukiya Amano, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique décédé le 18 juillet dernier. La délégation a ensuite fait savoir que le « groupe d'éminentes personnalités » créé par le Japon pour promouvoir le désarmement nucléaire avait lancé l’« appel de Kyoto », contenant treize recommandations à l’intention de la communauté internationale et appelant à de nouveaux efforts en prévision de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020.

Cet appel part du constat que, malgré des vues divergentes sur le désarmement nucléaire, tous les États devraient dialoguer en vue d’instaurer la confiance dans le contexte de l’environnement sécuritaire contemporain. Autre constat, les États dotés d’armes nucléaires devrait mieux expliquer leurs doctrines stratégiques, leurs politiques de dissuasion, leurs mesures de réduction des risques et leurs garanties de sécurité, entre eux-mêmes ainsi qu’avec les États non dotés. Dernier constat, a dit le Japon, tous les États, y compris ceux qui ne sont pas parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), devraient contribuer aux forums et processus visant à réduire la menace nucléaire, aux mesures de confiance de même qu’à la vérification du désarmement nucléaire.

L’Allemagne a constaté avec regret que le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) arrivait à échéance le 2 août prochain. Elle a estimé que la Fédération de Russie aurait dû revenir à un respect vérifiable pour sauver ce traité, ce pays ayant déployé un système de missiles incompatible avec le FNI. Mais l’Allemagne a aussi relevé avec plaisir que la délégation russe avait fait, hier, des commentaires encourageants au sujet de « contacts stratégiques » récents et positifs entre la Fédération de Russie et les États-Unis. De tels contacts sont importants pour mettre un terme à la détérioration du climat de sécurité international et pour éviter que le traité Start arrive lui aussi à son échéance sans que rien ne vienne le remplacer. L’Allemagne a recommandé que le dialogue entre les États-Unis et la Fédération de Russie intègre aussi l’Europe.

L’Iran s’est dit très préoccupé par l’incapacité de certains États de respecter leurs obligations au titre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. À ce propos, l’Iran a estimé que l’attitude des États-Unis était entièrement contraire aux obligations de ce pays au titre du Traité et du désarmement nucléaire. L’Iran a condamné notamment le fait que les États-Unis se déclarent prêts à utiliser leurs armes nucléaires contre des pays non dotés. D’autre part, le développement de nouveaux types d’armes nucléaires destinées à être utilisées dans des conflits régionaux prouve que les États-Unis comptent de plus en plus sur leurs armes nucléaires, a dit l’Iran.

D’autre part, l’Iran a dit respecter scrupuleusement ses obligations au titre du « Plan d'action global commun » (JCPOA). Il a dénoncé le retrait des États-Unis de cet accord et estimé que cette manifestation d’unilatéralisme arrogant avait généré des tensions sans précédent dans la région. L’Iran a demandé que les États-Unis rendent compte de leurs actes irresponsables.

L’Iran a enfin dit sa sympathie à la famille, aux amis, au personnel de l’Agence internationale de l’énergie atomique, de même qu’au peuple du Japon, après le décès de M. Amano.

L’Iraq a recommandé que le désarmement nucléaire demeure en tête des priorités de la Conférence du désarmement. Il a souligné que le désarmement était une obligation des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en vertu de son article VI, notamment. L’Iraq a réaffirmé la nécessité de respecter l’avis consultatif de la Cour international de justice du 8 juillet 1996 concernant le non-emploi des armes nucléaires. L’Iraq a ensuite recommandé que les États s’abstiennent de concevoir de nouvelles armes nucléaires et qu’ils assument leurs responsabilités s’agissant de l’application du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. L’Iraq a enfin appelé à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

L’Algérie a demandé à tous les pays qui n’ont pas encore ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, notamment les pays mentionnés dans son Annexe II, de ratifier cet instrument sans délai afin qu’il entre en vigueur le plus rapidement possible.

Les États-Unis ont assuré qu’ils respectaient bel et bien leurs obligations au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Ils ont estimé que les accusations de l’Iran, impliqué notamment dans le développement illégal d’armes nucléaires, n’avaient aucune crédibilité, comme le Gouvernement iranien lui-même.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC19.037F