Aller au contenu principal

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND SON SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. MICHAEL MØLLER, S’ADRESSER UNE DERNIÈRE FOIS À ELLE

Compte rendu de séance
Elle entend également une déclaration du Secrétaire général de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, ainsi que les interventions de nombreuses délégations

La Conférence du désarmement, qui va achever cette semaine la deuxième partie de sa session annuelle, a entendu ce matin une toute dernière déclaration de son Secrétaire général – et par ailleurs Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève - M. Michael Møller, ainsi qu’une allocution du Secrétaire général de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), M. Dato Lim Jock Hoi, qui a fait part de quelques réflexions sur la manière dont l'ANASE apporte une contribution à la non-prolifération et au désarmement. La Conférence a également entendu les déclarations de nombreuses délégations, qui ont en particulier rendu hommage à M. Møller.

Dans sa dernière intervention devant la Conférence, ce dernier a regretté que la Conférence ne soit pas parvenue à progresser sous la forme d’un mandat de négociation concret, mais a ajouté que cela ne doit pas détourner l'attention, ni les ressources, de la place unique et importante que la Conférence occupe toujours dans l'univers du désarmement. Il a néanmoins estimé qu’il serait utile de moderniser ses méthodes de travail.

Attirant l’attention sur l’élan engagé par le lancement de l’Agenda pour le désarmement du Secrétaire général de l’ONU, ainsi que sur le nouvel esprit de collaboration associé au Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Møller a ensuite prévenu que si la communauté internationale ne réglait pas de manière significative les problèmes de sécurité les plus pressants de notre époque, la Conférence perdra de sa pertinence. Cet échec serait d'autant plus grave en l'absence de toute structure multilatérale comparable pour combler le vide, a-t-il souligné. Chaque fois que les États cherchent la sécurité non pas au travers des valeurs collectives de diplomatie et de dialogue mais en favorisant la fausse protection des armes, ils courent au désastre, a averti M. Møller.

Le nouveau Président de la Conférence, l’Ambassadeur Duong Chi Dung du Viet Nam, a souligné que la priorité absolue pour la Conférence est d’adopter un programme de travail et a dit espérer que les États s’abstiendront de cliver les discussions.

Les délégations des pays suivants ont fait des déclarations: Iraq, Thaïlande (au nom des pays membres de l’ANASE), Roumanie (au nom de l’Union européenne), Pérou, Japon, Royaume-Uni, République de Corée, Australie, France, Fédération de Russie, Chine, Etats-Unis, Mexique, Sri Lanka, Pays-Bas, Brésil, Inde, République populaire démocratique de Corée, Venezuela, Zimbabwe, Algérie, Syrie et Iran.

Ce matin, la Conférence a par ailleurs accepté la demande de participation à ses travaux en tant qu’observateur émanant de la République démocratique populaire lao.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra ce vendredi 28 juin à 14h30 et sera la dernière de cette deuxième partie de la session annuelle.

Aperçu des déclarations

Le nouveau Représentant permanent de l’Iraq auprès des Nations Unies à Genève, M. HUSSAIN MAHMOOD ALKHATEEB, a expliqué que son pays accordait une grande importance à la Conférence. Il a regretté que la Conférence n’ait pu mettre en œuvre son mandat de négociation et ait été incapable de parvenir à un programme de travail global et équilibré qui réponde aux attentes de chacun. Il a souligné que l’Iraq avait comme priorité la destruction des armes nucléaires et le désarmement nucléaire. Il a ensuite plaidé pour que la Conférence adopte une convention contraignante dans le domaine des garanties négatives de sécurité. Continuer de produire des matières fissiles est une autre menace, a-t-il poursuivi; c’est pourquoi il faut aussi commencer à négocier un traité contraignant dans ce domaine. S’agissant de l’espace extra-atmosphérique, il doit être préservé à des fins pacifiques et il faut éviter la course aux armements dans l’espace en négociant au sein de la Conférence un traité pour empêcher sa militarisation. Le nouveau Représentant permanent de l’Iraq a souligné qu’il fallait mettre en œuvre la décision visant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a, enfin, remercié M. Michael Møller pour ses efforts afin de relancer les travaux Conférence.

Le nouveau Président de la Conférence, l’Ambassadeur Duong Chi Dung du Viet Nam, a souligné que le Viet Nam travaillait avec la communauté internationale sur les questions liées au désarmement. Il y a 10 ans, le Viet Nam assurait déjà la présidence de la Conférence, a-t-il rappelé. Il a affirmé que la Conférence devait être maintenue car elle a encore un rôle très important à jouer. Des résultats sur le programme de travail ont été obtenus en 2017, a ajouté M. Duong, avant d’espérer que la Conférence obtienne de bons résultats en 2019. La priorité absolue est d’adopter un programme de travail, a-t-il rappelé, avant d’encourager les délégations à assurer une atmosphère coopérative à cette fin. Il a dit espérer que les États s’abstiendront de cliver les discussions. Le Secrétaire général de l’ANASE va prendre la parole durant cette session pour expliquer comment les organisations régionales peuvent jouer un rôle sur les questions de paix et de sécurité, a enfin annoncé M. Duong.

M. DATO LIM JOCK HOI, Secrétaire général de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a fait part de quelques réflexions sur la manière dont l'ANASE apporte une contribution à la non-prolifération et au désarmement. Les dirigeants ont, grâce à la signature du Traité sur la création d’une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est en 1995, fait de la région de l'ANASE une zone exempte d'armes nucléaires et ainsi fait en sorte que les États membres de l'ANASE eux-mêmes ne se lancent pas dans le développement de ces armes. C’est la principale contribution de l'ANASE aux régimes de non-prolifération et de désarmement. La création de zones exemptes d’armes nucléaires constitue également une mesure de désarmement importante, a souligné le Secrétaire général de l’organisation régionale. L’ANASE mène des actions pour promouvoir les principes et objectifs du Traité, au travers notamment des réseaux régionaux pour la notification rapide des accidents nucléaires, de l'élaboration d'un plan régional de préparation et d'intervention en cas d'urgence et du renforcement des capacités de la région en matière de sûreté nucléaire.

L’ANASE a créé en 2013 l'ASEANTOM - ou réseau des organismes de réglementation de l'énergie atomique de l'ANASE – qui sert de point focal pour la collaboration de l'ANASE avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a poursuivi le Secrétaire général de l’ANASE. Les arrangements pratiques entre l'AIEA et l'ANASE devraient être signés cette année et devraient inclure une coopération dans les domaines de la science et de la technologie nucléaires, ainsi que de la sûreté, de la sécurité et des garanties nucléaires. Cet ensemble d'arrangements pratiques contribuerait grandement à promouvoir une coopération et une collaboration renforcées entre l'ANASE et l'AIEA, notamment dans le domaine du renforcement des capacités.

La non-prolifération et le désarmement ont occupé une place prépondérante non seulement au sein de l'ANASE, mais également dans l'agenda des mécanismes dirigés par l'Association, notamment le Forum régional de l'ANASE. La question de la non-prolifération est inscrite à l’ordre du jour de ce Forum depuis sa création en 1994, et une réunion intersessions consacrée à la non-prolifération et au désarmement se réunit régulièrement depuis 2009, a indiqué le Secrétaire général. Cette réunion intersessions a toujours intégré à son mandat d’autres questions tout aussi importantes qui incluent le renforcement des contrôles à l’exportation pour éviter que des articles à double usage ne soient utilisés pour la fabrication d’armes nucléaires ou la prévention du terrorisme nucléaire dans le cadre de l’Initiative globale de lutte contre le terrorisme nucléaire, notamment.

L’ANASE est consciente des préoccupations et réserves liées à la portée géographique du Traité, alors qu’existent notamment des différends maritimes et territoriaux dans la zone du Traité, a poursuivi le Secrétaire général de l’Association. Après avoir rappelé que l’une des composantes essentielle du Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région était le Protocole y associé qui est ouvert à la signature des Etats dotés de telles armes – dont trois (les Etats-Unis, la Fédération de Russie et la Chine) sont des partenaires stratégiques de l’ANASE – le Secrétaire général de l’Association a souligné que l’adhésion des pays dotés de l’arme nucléaire à ce Protocole a toujours été jugée importante par l'ANASE, cette question étant restée un élément essentiel du plan d'action pour la mise en œuvre de la zone exempte d’armes nucléaires.

M. Michael Møller, Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève, a expliqué qu’en sa qualité de Secrétaire général de la Conférence, il était conscient de tout ce qui a été accompli dans cette salle par le passé : des réalisations qui vont de l’interdiction des armes chimiques et biologiques à l’interdiction des essais nucléaires. Il a expliqué avoir tout fait pour travailler avec les membres de la Conférence et pour appuyer tous les efforts en vue de faire en sorte que la Conférence reprenne son travail de fond. Il a regretté que la Conférence ne soit pas parvenue à progresser sous la forme d’un mandat de négociation concret, mais a ajouté que cela ne doit pas détourner l'attention, ni les ressources, de la place unique et importante que la Conférence occupe toujours dans l'univers du désarmement. M. Møller a néanmoins estimé qu’il serait utile de moderniser les méthodes de travail de cette instance. La réponse au long hiatus dans les négociations a été de multiplier des structures parallèles et non d’affiner les méthodes de travail de la Conférence pour lui permettre de fonctionner même sans consensus sur un mandat de négociation, a par ailleurs fait observer le Secrétaire général de la Conférence.

« Ces cinq dernières années, la Conférence a été, à mon sens, sous-utilisée » et ne s’est pas vu accorder la priorité voulue, a poursuivi M. Møller, en soulignant cependant qu’il y avait eu des moments importants de travail et de discussions quant au fond, notamment en 2018, à l'occasion du quarantième anniversaire de la Conférence, lorsqu’il fut décidé d'établir cinq organes subsidiaires couvrant tous les points de l'ordre du jour, y compris les questions émergentes. Le défi auquel la Conférence est confrontée concerne moins l’absence de volonté politique, que la confrontation d’intérêts stratégiques, a fait observer M. Møller.
Un nouvel état d'esprit a fait prendre conscience de la nécessité de faire entendre la voix de la société civile, a poursuivi le Secrétaire général de la Conférence. Il faut également solliciter les contributions et dialoguer avec le secteur privé et l'industrie; il faut aussi dialoguer différemment avec les universitaires et les scientifiques. C’est la raison pour laquelle M. Møller a expliqué avoir travaillé avec les membres de la Conférence pour créer un espace propice à un dialogue approfondi et soutenu entre la Conférence et ces parties prenantes.

Attirant l’attention sur l’élan engagé par le lancement de l’Agenda pour le désarmement du Secrétaire général de l’ONU, ainsi que sur le nouvel esprit de collaboration associé au Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Møller a prévenu que si la communauté internationale ne réglait pas de manière significative les problèmes de sécurité les plus pressants de notre époque, la Conférence perdra de sa pertinence. Cet échec serait d'autant plus grave en l'absence de toute structure multilatérale comparable pour combler le vide.

Chaque fois que les États cherchent la sécurité non pas au travers des valeurs collectives de diplomatie et de dialogue mais en favorisant la fausse protection des armes, ils courent au désastre, a averti M. Møller, plaidant pour un dialogue constructif, sincère et franc et pour le retour à un travail de fond pour finalement aboutir à des négociations réelles et tangibles et rendre ainsi le monde plus sûr. Rappelant qu’il s’agit de sa dernière semaine en tant que Secrétaire général de la Conférence, M. Møller a assuré qu’il resterait toujours un ami de la Conférence.

La Thaïlande, au nom des pays membres de l’ANASE, a déclaré que le mécanisme de désarmement mondial avance à petit pas en raison de l’érosion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement. Les zones exemptes d’armes nucléaires contribuent à renforcer le désarmement nucléaire mondial, a par ailleurs souligné le pays. Les contributions de la Conférence aujourd’hui sont loin de répondre aux attentes qui avaient été placées en elle lors de sa création. Il faut redoubler d’effort pour aboutir au désarmement complet, a conclu la Thaïlande.

La Roumanie, au nom de l’Union européenne, a expliqué que les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne et de l’ANASE ont décidé de transformer leur relation de longue date en un partenariat stratégique. La coopération a continué de croître et de s'étendre, comme prévu dans le plan d'action Union européenne-ANASE pour 2018-2022, et cela inclut également des questions liées à la sécurité telles que la réaction aux crises et la gestion des catastrophes, la sécurité maritime, la cybersécurité, la criminalité transnationale et la lutte contre le terrorisme. L’Union européenne et l’ANASE ont un intérêt commun à promouvoir le respect du droit international et des normes internationalement reconnues, contribuant ainsi à un monde plus pacifique, plus juste et plus prospère.

Le Forum régional de l'ANASE (FRA) représente une plate-forme essentielle pour la promotion d'un dialogue constructif et d'une consultation sur des questions politiques et de sécurité, ainsi qu'un lieu propice aux efforts visant à renforcer la confiance et la diplomatie préventive dans la région. L’Union européenne rappelle le soutien continu exprimé par les participants à ce Forum en faveur de l’instauration d’une paix permanente dans la péninsule coréenne, ainsi qu’en faveur de l’abandon de tous les programmes d’armes de destruction massive et de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies.

S'agissant du Traité instituant une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est, l'Union européenne reconnaît l'importance des zones exemptes d'armes nucléaires pour la paix et la sécurité régionales et internationales. Des garanties négatives de sécurité constituent une mesure de confiance essentielle pour renforcer le régime de non-prolifération nucléaire, contribuer au désarmement nucléaire et à la sécurité mondiale, conformément aux objectifs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). L’Union européenne reconnaît l'intérêt légitime des États non dotés d'armes nucléaires à recevoir des garanties de sécurité sans équivoque de la part des États dotés de telles armes, dans le cadre d'arrangements de sécurité contraignants. L’Union européenne se félicite que tous les États membres de l'ANASE aient ratifié le traité d'interdiction complète des essais nucléaires, qui constitue une priorité absolue pour l'Union européenne.

Le Pérou a dit reconnaître la contribution des pays de l’ANASE en matière de non-prolifération. La création de zones exemptes d’armes nucléaires permet d’interdire le recours aux armes nucléaires, a souligné le pays. Le Pérou a rappelé qu’il faisait partie de tous les traités en matière de désarmement. Le Pérou a ajouté qu’au cours de la présente présidence vietnamienne de la Conférence, il travaillerait sans relâche à l’objectif de relancer les travaux de la Conférence. Le Pérou a ensuite rendu hommage à M. Michael Møller pour son engagement envers la Conférence, notamment dans le développement des relations entre cette instance et la société civile.

Le Japon a rappelé que depuis 40 ans, il n’a cessé de développer des initiatives particulières dans le domaine du désarmement avec l’ANASE. Le Japon se félicite que les « P5 » (ndlr : les cinq pays dotés de l’arme nucléaire reconnus comme tels par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires – qui sont aussi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité) reprennent les pourparlers avec les pays de l’ANASE s’agissant du Traité de Bangkok. La Conférence n’a pas été capable cette année de trouver un consensus sur un programme de travail et l’environnement sécuritaire se dégrade, a poursuivi la délégation japonaise. Il faut que la Conférence mène des discussions thématiques sur les quatre points principaux à l’ordre du jour afin de débloquer les travaux.

Le Royaume-Uni a déclaré que le partenariat entre le Royaume-Uni et l’ANASE ne cesse de se raffermir et a indiqué que le pays comptait ouvrir prochainement une représentation diplomatique auprès de l’ANASE. Le Royaume-Uni a en outre rendu hommage à M. Michael Møller pour ses efforts novateurs, notamment afin d’élargir les discussions sur le désarmement.

La République de Corée a également rendu hommage à M. Michael Møller. Elle s’est ensuite félicitée des informations fournies sur les efforts en matière de désarmement effectués par l’ANASE. La République de Corée a rappelé qu’elle préside au sein de l’ANASE une commission sur le désarmement et la non-prolifération. L’ANASE est une plate-forme de négociations stratégique qui a un rôle historique à jouer dans le domaine du désarmement de la péninsule coréenne, a souligné la République de Corée.

L’Australie a rappelé qu’elle partage un partenariat durable avec l’ANASE. Le pays a ensuite salué les initiatives prises par M. Michael Møller, s’agissant notamment du forum mis en place avec la société civile. L’Australie a ajouté qu’elle était fière d’accueillir les dirigeants de l’ANASE pour une sommet extraordinaire Australie-ANASE consacré notamment aux questions cybernétiques, aux femmes et à la sécurité. L’ANASE a travaillé avec succès à la paix dans la région et elle réalise un travail utile qui mérite d’être mieux présenté à la Conférence, a insisté l’Australie. La Conférence devrait prendre comme exemple les travaux de l’ANASE sur la recherche d’un consensus sur des questions complexes, a-t-elle estimé.

La France, en réponse à la déclaration du Secrétaire général de l’ANASE, a assuré qu’elle entendait l’aspiration des États non dotés d’armes nucléaires qui sont parties au TNP au sujet des garanties contre le recours ou la menace de recours aux armes nucléaires. Cette aspiration est légitime. La France, en tant qu’État doté, assume pleinement ses engagements et ses responsabilités à ce titre, a déclaré la délégation française. La France a assuré avoir pris des engagements forts en matière de garanties de sécurité, que ce soit de manière unilatérale ou dans un cadre régional. « Notre doctrine de dissuasion est la première de ces garanties car elle est strictement défensive », a rappelé la France. L’emploi de l’arme nucléaire ne serait en effet concevable que dans des circonstances extrêmes de légitime défense. Les garanties négatives de sécurité accordées par la France ont été réitérées au plus haut niveau en 2015. La France considère que l’octroi d’assurances négatives de sécurité dans un cadre régional constitue une voie importante pour le désarmement et la non-prolifération nucléaires. La France demeure prête à reprendre les consultations avec les pays de l’ANASE et les autres membres du « P5 » pour signer le Protocole au Traité de Bangkok instituant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est. La France espère que les États principalement concernés pourront réexaminer leur position sur le sujet pour permettre une telle avancée avant 2020. La France a ensuite évoqué l’environnement régional en Asie en soulignant qu’elle faisait partie de la région puisqu’elle a des territoires en Asie-Pacifique. La France a indiqué qu’elle venait d’achever sa stratégie en Asie-Océanie et que celle-ci repose sur une évaluation de la situation régionale caractérisée par une concurrence stratégique croissante, un recul du multilatéralisme et de ses valeurs fondamentales, comme l’égalité souveraine, la non-ingérence et le respect des frontières. « Dans ce contexte, la stratégie française en Asie-Océanie vise à renforcer la présence et l’action de la France dans la région sur les plans politique, stratégique, économique et environnemental, en consolidant notamment nos partenariats stratégiques, sans exclusion mais dans le respect de nos principes », a précisé la délégation française.

La Fédération de Russie a assuré que la Conférence avait une profonde reconnaissance envers M. Michael Møller pour son engagement en faveur de ses travaux. Durant ces dernières années, les membres de la Conférence ont redoublé d’efforts pour sortir cette instance de l’impasse. Il faut faire preuve de plus de souplesse pour aboutir à un compromis, a souligné la Fédération de Russie. Il ne faut pas accepter des actes qui viennent torpiller les travaux de la Conférence, a-t-elle insisté. La Fédération de Russie a indiqué qu’elle se tient prête à participer à un dialogue constructif afin de faire en sorte que la Conférence retrouve sa vitalité.
La Fédération de Russie a une coopération constructive avec l’ANASE dans le domaine de la sécurité, a poursuivi la délégation russe. Le pays souhaite rendre formelle les zones exemptes d’armes nucléaires; ces zones sont en effet un instrument important venant renforcer le régime de non-prolifération. La Fédération de Russie a indiqué qu’elle était prête à signer le Protocole au Traité de Bangkok.

La Chine a fait observer que l’ANASE était l’une des zones de coopération régionales les plus abouties au monde. Les relations bilatérales entre la Chine et l’ANASE sont excellentes et constituent un des exemples les plus dynamiques de coopération régionale. La Chine se félicite que l’ANASE soit ouverte et inclusive et qu’elle joue un rôle de plus en plus important. La Chine est prête à renforcer encore sa coopération avec cette Association afin de veiller à assurer la sécurité et la stabilité de la région. La Chine appuie la création d’une zone exempte d’arme nucléaire en Asie du Sud Est et entend jouer le rôle de chef de file des « P5 » pour ce qui est de la signature du Protocole au Traité de Bangkok. La Chine a par ailleurs remercié M. Michael Møller pour son appui au travail de la Conférence.

Les États-Unis ont rendu hommage à M. Michael Møller pour ses efforts en vue de relancer les travaux de la Conférence. Il faut que la Conférence revoie son Règlement intérieur et il faut éviter que des gouvernements « négatifs » en assurent la présidence, a ajouté la délégation des Etats-Unis; il faut songer à l’impact destructeur de telles présidences sur le désarmement mondial. Les acteurs malveillants ne peuvent pas utiliser le système pour se donner une légitimité politique, ont insisté les Etats-Unis, ajoutant que la délégation des Etats-Unis (nldr; qui l’avait quittée durant la présidence vénézuélienne de cette instance) est revenue à la Conférence et va contre-attaquer point par point.

Le 20 juin dernier, ont poursuivi les Etats-Unis, l’Iran a lancé une attaque contre un aéronef dans le détroit d’Ormuz; cette attaque est le point culminant d’une série d’attaques menées notamment contre des navires étrangers et le régime iranien trouve d’autres moyens de déstabiliser la région en appuyant des groupes armés. Face à ces attaques, le Président Trump a fait preuve d’une grande retenue et reste ouvert à la diplomatie, ont assuré les États-Unis; mais il ne faut pas interpréter la retenue comme une faiblesse, ont-ils souligné, assurant que si l’Iran continue à attaquer les États-Unis, la réponse sera très ferme.

Le Mexique a souligné l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires et a indiqué qu’il continuerait de redoubler d’efforts pour approfondir la coopération entre les différentes zones exemptes d’armes nucléaires dans le monde. La délégation mexicaine a en outre félicité M. Møller pour son mandat et a salué l’inclusion de la société civile dans les questions de désarmement.

Sri Lanka a relevé que le panorama stratégique international devient de plus en plus rigide et a déclaré qu’il faut donc que la Conférence reprenne ses travaux de fond. Le paysage sécuritaire mondial ne fait que renforcer cette urgence, a insisté le pays. Il a précisé qu’il accorde la priorité au plein respect du TNP et de ses trois piliers. Sri Lanka appuie l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, notamment. Il faut aussi développer les zones exemptes d’armes nucléaires.

Les Pays-Bas ont ajouté leur voix à toutes celles qui ont loué le travail de M. Michael Møller au sein de la Conférence. Son soutien a aidé la Conférence à avancer, ont-ils affirmé, saluant les initiatives prises par ce dernier, notamment au travers du Forum de la société civile.

Le Brésil a affirmé qu’il ne fallait pas faire intervenir des questions politiques au sein de la Conférence. Le pays a dénoncé la précédente présidence de la Conférence en expliquant que le Brésil ne la reconnaissait pas et ne soutenait pas les déclarations, notamment, du Groupe des 21 durant cette présidence. Tous les États doivent lever leurs réserves aux protocoles associés à l’instauration de zones exemptes d’armes nucléaires, a en outre affirmé le Brésil. Le pays a en outre lui aussi rendu hommage à M. Michael Møller.

L’Inde a rappelé avoir noué un partenariat étroit avec l’ANASE et travailler activement avec cette organisation régionale au sein de différents fora, notamment en matière de désarmement et de sécurité. L’Inde salue l’intention de la présidence vietnamienne de la Conférence d’accorder la priorité à la recherche d’un programme de travail sur la base des travaux des présidences précédentes.

La République populaire démocratique de Corée a affirmé que les membres de la Conférence devraient éviter de soulever des questions bilatérales; or, a ajouté le pays, l’oratrice qui est intervenue au nom de l’Union européenne n’a pas respecté ce principe, ignorant par ailleurs les mesures sincères et concrètes prises en vue de l’instauration d’une paix durable dans la région. Il s’agit d’une provocation d’inspiration politique qui vise à dégrader les relations entre les États membres, a insisté la République populaire démocratique de Corée. Le pays compte mettre en œuvre, de bonne foi, la Déclaration commune ayant fait suite au Sommet avec les États-Unis.

Le Venezuela a déclaré que l’un des principaux défis des présidences de la Conférence est le maintien d’un dialogue exempt de politisation et de propos accusateurs, en évitant la polarisation, comme on l’a vu ces dernières semaines. Ceux qui veulent torpiller le bon fonctionnement de la Conférence par des comportements agressifs sont « ridicules ». Le Venezuela considère que les sessions thématiques proposées par la nouvelle présidence vietnamienne peuvent être un outil très utile pour autant qu’elles portent sur les points à l’ordre du jour de la Conférence. Le Venezuela a rappelé que le désarmement nucléaire était, comme pour l’ANASE, sa priorité absolue. L’Amérique latine est fière d’être une zone exempte d’armes nucléaires et se réjouit que l’Asie du Sud-Est soit également reconnue comme une telle zone. Ces zones permettent de mettre en œuvre le désarmement mondial et la non-prolifération, a insisté le Venezuela. Le pays a enfin rendu hommage à M. Michael Møller.

Le Zimbabwe a lui aussi rendu hommage à M. Michael Møller. Le pays a en outre remercié la précédente présidence vénézuélienne de la Conférence pour les efforts déployés afin de trouver un consensus sur un programme de travail et a assuré la nouvelle présidence vietnamienne de son soutien.

L’Algérie a rendu hommage à M. Michael Møller en saluant la contribution précieuse qu’il a apportée à la Conférence. L’Algérie accorde une grande importance à la Conférence et est reconnaissante à toutes les personnes qui tentent de la revitaliser.

La Syrie a dénoncé les agissements d’un pays qui a, intentionnellement, depuis sa présidence à la Conférence, exploité cette présidence pour politiser les travaux de cette instance et promouvoir ses politiques fondées sur une approche de deux poids, deux mesures et a pris en otage la présidence en la transformant en une tribune pour lancer des accusations et pour servir des fins politiques, ce qui a privé la Conférence de toute perspective de s’acquitter de son mandat. Ce pays n’a pas sa place ici pour se permettre d’évaluer la performance des autres présidences et d’adresser des accusations et des critiques à ces présidences. L’impasse de la Conférence n’est pas due au Règlement intérieur mais à la volonté d’utiliser la présidence de cette conférence à des fins politiques.

L’Iran a remercié M. Michael Møller pour ses idées novatrices qui ont apporté une contribution positive aux travaux de la Conférence. L’Iran a indiqué jouir d’une excellente relation avec tous les membres de l’ANASE. S’agissant de la Conférence et de son mandat, l’approche de l’Iran a été systématique et responsable, mais l’unilatéralisme dangereux érode la confiance dans les organisations multilatérales, y compris dans la Conférence, a par ailleurs souligné la délégation iranienne. Après quatre semaines de calme et de tranquillité au sein de la Conférence, l’Iran est désolé de voir le retour de propos sans fondement dans cette instance. En tant que créateur de terroristes, les États-Unis ne sont pas à même de parler de terrorisme, a ajouté la délégation iranienne. L’Iran a le regret de dire que les pressions exercées par les États-Unis contre l’Iran revêtent des formes illégales et inhumaines et résultent d’accusations sans fondement et de mensonges. L’aéronef américain qui a été mentionné a pénétré illégalement dans l’espace aérien iranien, raison pour laquelle il a été abattu, a déclaré l’Iran. Une telle provocation constitue une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international. L’Iran condamne fermement cet acte illicite qui engage la responsabilité internationale des États-Unis. L’Iran, tout en ne souhaitant pas la guerre, se réserve le droit inhérent de prendre toutes les mesures nécessaires qui s’imposent contre tout acte hostile violant son territoire.

Les États-Unis ont déclaré avoir présenté hier au Conseil de sécurité les faits précis survenus au détroit d’Ormuz. L’aéronef a été abattu alors qu’il se trouvait dans l’espace international et non pas dans l’espace aérien iranien, ont affirmé les Etats-Unis. Les faits allégués par l’Iran ne sont pas véridiques. Tant que l’Iran ne change pas son comportement, notamment dans le domaine du terrorisme, et ne respecte pas le droit international, ce pays ne pourra pas être un interlocuteur des États-Unis, a conclu la délégation des Etats-Unis.

C
e document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC19.034F