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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT OUVRE LES TRAVAUX DE SA SESSION DE 2013

Compte rendu de séance
Le Secrétaire général réaffirme dans un message son engagement en faveur de la Conférence du désarmement, mais ajoute qu'elle doit remplir son rôle

La Conférence du désarmement a ouvert ce matin les travaux de sa session de 2013 en adoptant son ordre du jour et en entendant l'Ambassadeur de Hongrie, qui préside au début des travaux de la Conférence pour période de quatre semaines. Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon a adressé un message à la Conférence, dont lecture a été donnée par son représentant personnel auprès de la Conférence, M. Kassym-Jomart Tokayev, qui est également intervenu en tant que Secrétaire général de la Conférence du désarmement. Plusieurs délégations ont fait des déclarations concernant les travaux de cette année.

Dans sa déclaration d'ouverture, le Président a souligné que les décisions récentes de l'Assemblée générale pour examiner hors de l'enceinte de la Conférence les questions qui relèvent de son mandat démontrent que la revitalisation de la Conférence, c'est-à-dire le commencement de ses travaux de fond, est plus urgente que jamais, en commençant pas l'adoption d'un programme de travail. Pour y parvenir, le Président poursuivra un processus de consultations intensives. Le Président a par ailleurs souligné que l'engagement et l'intérêt des pays observateurs pour les travaux de la Conférence méritent d'être reconnus dans le cadre d'un éventuel élargissement de la composition de la Conférence. M. Dékany souhaite enfin travailler avec les représentants de la société civile et être à leur écoute au cours de son mandat.

Dans son message à la Conférence, le Secrétaire général de l'ONU souligne qu'il est essentiel de sortir de l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence depuis des années. M. Ban Ki-moon réaffirme son engagement en faveur de la Conférence du désarmement, mais ajoute qu'elle doit remplir son rôle; la communauté internationale ne peut se permettre de perdre une autre année. Il invite les membres de la Conférence à relancer sans retard des négociations de fond et à reprendre leur tâche principale de négocier des traités multilatéraux dans le domaine du désarmement. Il les encourage en outre à collaborer plus étroitement avec la société civile. «La Conférence du désarmement a le potentiel d'être de nouveau au centre des négociations en matière de désarmement. Faisons en sorte qu'elle soit à la hauteur de ses responsabilités», conclut le Secrétaire général.

Les délégations suivantes ont fait des déclarations sur la suite des travaux de la Conférence:
Union européenne, Pologne, Irlande, Fédération de Russie, Maroc, Chili, États-Unis, Iraq, Cuba, Japon, Turquie, Australie, République de Corée, Égypte et Bangladesh.

L'ordre du jour adopté ce matin (CD/WP.574), identique à celui adopté l'an dernier, prévoit l'examen des questions de fond suivantes en 2012: la cessation de la course aux armements nucléaires et le désarmement nucléaire; la prévention de la guerre nucléaire, y compris toutes les questions qui y sont liées; la prévention d'une course aux armements dans l'espace; les arrangements internationaux efficaces pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes; les nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive et armes radiologiques; le programme global de désarmement; et la transparence dans le domaine des armements. Le Président a précisé qu'en cas de consensus pour examiner toute question, elle pourra être examinée dans le cadre de l'ordre du jour.

La Conférence a par ailleurs décidé d'accepter la demande de plusieurs pays de participer aux travaux de la Conférence en 2012 à titre d'observateurs: Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Cambodge, Costa Rica, Croatie, Chypre, Émirats arabes unis, Estonie, Géorgie, Grèce, Guatemala, Jordanie, Lettonie, Libye, Lituanie, Luxembourg, Namibie, Népal, Oman, Portugal, Qatar, République de Moldova, République dominicaine, République tchèque, Saint-Siège, Serbie, Singapour, Slovénie et Uruguay (CD/WP/575 à paraître).


La prochaine séance plénière publique de la Conférence du désarmement se tiendra le mardi 29 janvier à 10 heures.


Déclaration d'ouverture du Président

M. ANDRAS DÉKANY (Hongrie), Président de la Conférence du désarmement, comparant la Conférence du désarmement à La Belle au Bois Dormant, a souligné qu'elle ne peut pas se permettre le luxe de dormir cent ans; le baiser du réveil se fait attendre depuis déjà trop longtemps. «Nous ferons tout notre possible pour nous rapprocher de la fin heureuse de ce conte de fées». Le Président a ajouté que 2013 pourrait être l'année où «ça passe ou ça casse». La Conférence a démontré son utilité et son efficacité par le passé, mais elle est dans l'impasse depuis 16 ans. C'est pourquoi la majorité des États parties de l'ONU ont soutenu l'an dernier des mesures pour porter les discussions et les délibérations sur les questions à l'ordre du jour de la Conférence à l'extérieur de la Conférence. Cela démontre que la revitalisation de la Conférence, c'est-à-dire le commencement de ses travaux de fond, est plus urgent que jamais, a souligné le Président, ajoutant que la première étape vers une Conférence qui fonctionne doit être l'adoption d'un programme de travail. C'est pourquoi il poursuivra un processus de consultations intensives jusqu'à parvenir à un texte qui recueille un appui suffisamment large afin de le présenter formellement devant la Conférence.

Enfin, le Président a attiré l'attention sur le fait qu'année après année, les États observateurs montrent un grand intérêt pour ses travaux et souhaitent y prendre part. Pour M. Dékany, l'engagement et l'intérêt de ces pays méritent d'être reconnus dans le cadre d'un éventuel élargissement de la composition de la Conférence. La société civile s'est également engagée dans les efforts pour faire avancer la Conférence; M. Dékany estime que ses représentants font partie de la famille élargie de la communauté internationale et il souhaite travailler avec eux et être à leur écoute au cours de son mandat.

Message du Secrétaire général de l'ONU

M. KASSYM-JOMART TOKAYEV, Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève (ONUG), Secrétaire général de la Conférence du désarmement et Représentant personnel du Secrétaire général auprès de la Conférence du désarmement, a donné lecture du message adressé à la Conférence par le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. BAN Ki-moon. Le Secrétaire général souligne que, comme les années précédentes, la session de 2012 de la Conférence n'a pas réussi à adopter un programme de travail et qu'il est essentiel de sortir de cette impasse dans laquelle se trouve la Conférence pour éviter de compromettre la crédibilité de la Conférence et des mécanismes du désarmement. Le renforcement de l'état de droit dans le désarmement mondial exige un forum multilatéral de négociation unique. «Je reste engagé en faveur de la Conférence du désarmement, mais elle doit remplir son rôle», déclare le Secrétaire général dans son message. Dans un monde encore surarmé où les ressources consacrées à la paix sont insuffisantes, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre une autre année, a encore souligné M. Ban.

Les points de l'ordre du jour, qui se concentrent principalement sur les armes de destruction massive, transcendent les intérêts nationaux étroits d'un seul État et ont des incidences importantes sur la paix et la sécurité internationales, souligne le Secrétaire général. Dans son message, il invite les membres de la Conférence à relancer sans retard des négociations de fond et à reprendre leur tâche principale de négocier des traités multilatéraux dans le domaine du désarmement. Il les encourage à s'appuyer sur les faits positifs de ces dernières années, en particulier la réussite de la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le ferme soutien mondial en faveur de son plan d'action consensuel. Il encourage en outre vivement la Conférence la Conférence à collaborer plus étroitement avec la société civile.

M. Ban rappelle dans son message que l'Assemblée générale a décidé l'an dernier de créer un groupe de travail à composition non limitée pour examiner les moyens de «Faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire» (A/RES/67/56). Elle a également décidé de constituer un groupe d'experts gouvernementaux qui commencera ses travaux en 2014 pour formuler des recommandations sur les aspects susceptibles de contribuer à d'éventuelles négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles (A/RES/67/53). Bien que ces processus se dérouleront en dehors de la Conférence du désarmement, ils offrent un nouvel élan dont M. Ban espère qu'il facilitera un accord sur un programme de travail viable pour la Conférence.

«La Conférence du désarmement a le potentiel d'être de nouveau au centre des négociations en matière de désarmement. Faisons en sorte qu'elle soit à la hauteur de ses responsabilités», conclut le Secrétaire général dans son message.

Déclaration du Secrétaire général de la Conférence du désarmement

À titre de Secrétaire général de la Conférence du désarmement, M. TOKAYEV, a à son tour réitéré son appui et son ferme engagement envers la Conférence, estimant qu'elle reste indispensable en tant qu'unique organe multilatéral de négociation dans le domaine du désarmement. Il a affirmé sa ferme volonté de collaborer avec tous les membres de la Conférence pour lui permettre de remplir son rôle de pierre angulaire pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il a attiré l'attention sur une déclaration récente du Secrétaire général de l'ONU qui soulignait que l'inertie qui frappe la Conférence depuis maintenant plus d'une décennie doit changer et qu'une autre année dans l'impasse est tout simplement inacceptable. Le maintien de la Conférence dans l'impasse entraîne une érosion de sa crédibilité et empêche la communauté internationale de faire les progrès si nécessaires dans le domaine du désarmement. Les membres de la Conférence doivent aller de l'avant avec souplesse avec un sens aigu de leur responsabilité. Ils doivent rechercher de nouvelles possibilités qui pourraient apporter un nouvel élan pour faire avancer de manière sensible la Conférence. Il a exhorté les États parties à mettre de côté leurs différences et à établir et mettre en œuvre un programme de travail qui comprennent notamment des négociations de fond.

Aperçu du débat

L'Union européenne, actuellement présidée par l'Irlande, est vivement préoccupée par le dysfonctionnement qui continue de toucher une partie essentielle du mécanisme de désarmement et que constitue l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement. Une autre année dans l'impasse est tout simplement inacceptable. Pour l'Union européenne, l'ouverture immédiate et la conclusion rapide de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires sur la base du document CD/1299 et le mandat y figurant, et réitéré dans le document CD/1864, demeurent une priorité en tant qu'étape essentielle en vue de parvenir à un monde plus sûr pour tous et afin de créer les conditions pour un monde sans armes nucléaires. Les préoccupations en matière de sécurité nationale, bien que légitimes, devraient être abordées dans le cadre du processus de négociation plutôt que comme condition préalable. L'Union européenne est également disposée à engager un débat de fond sur les autres éléments figurant dans le document CD/1864. Les discussions thématiques organisées l'année dernière ont été l'occasion d'échanger des points de vue sur les principales questions de l'ordre du jour de la Conférence, mais ces échanges ne sauraient se substituer à l'objectif principal qui est l'adoption et la mise en œuvre d'un programme de travail menant à des négociations. L'Union européenne réaffirme son ferme attachement à la Conférence du désarmement, unique instance multilatérale de négociation de la communauté internationale dans le domaine du désarmement. L'adoption d'un programme de travail exige des efforts politiques soutenus de la part de toutes les délégations. Elles ne peuvent se permettre encore une année de consultations infructueuses.

La Pologne a déclaré partager la priorité accordée aux négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires à la Conférence du désarmement en tant que prochaine étape logique dans le domaine de la non-prolifération et du désarmement. Elle considère également que le mandat Shannon (CD/1299) pourrait encore être un bon point de départ dans le processus de négociation. Au vu des résultats récents de la Première Commission de l'Assemblée générale, la Conférence devrait traiter de cette session comme la dernière occasion pour elle d'entamer elle-même des négociations sur un tel traité. La Pologne a ensuite abordé diverses activités menées par le pays dans les domaines de la non-prolifération et du désarmement.

L'Irlande a souligné que l'Assemblée générale avait massivement adopté deux résolutions en novembre dernier qui ont décidé d'entamer des discussions sur des questions dont la Conférence avait refusé de se saisir. Les membres de la Conférence doivent considérer ces résolutions, non seulement comme le signe de l'importance qu'accorde la communauté internationale à l'ordre du jour de la Conférence, mais aussi comme une indication que le temps ne restera pas pour toujours en suspens pour la Conférence du désarmement. La Conférence est confrontée à un choix très simple: ses membres peuvent trouver la volonté politique de s'attaquer à l'ordre du jour très chargé du désarmement dont ils sont saisis; ou alors, ils peuvent rester les bras croisés pendant que la communauté internationale continue sans eux. L'Irlande espère qu'ils choisiront la première alternative et qu'en septembre prochain, la Conférence pourra rendre compte de progrès pour la première fois depuis de nombreuses années.

La Fédération de Russie a souligné que cette année verra un certain nombre d'événements significatifs dans le domaine du désarmement multilatéral et de la non-prolifération, notamment la deuxième session du Comité préparatoire de la Conférence d'examen de 2015 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et la Conférence sur le Traité sur le commerce des armes. Le défi le plus grave en 2013 pourrait être l'impasse persistante dans les instances des Nations Unies chargées du désarmement, et d'abord à la Conférence du désarmement. Les causes de cette impasse résident dans la réalité politique objective et dans les différences dans les priorités des États plutôt que dans les imperfections de ces mécanismes. Pour corriger la situation, il faudra travailler patiemment et laborieusement pour surmonter les contradictions plutôt que de s'attacher à détruire les processus existants et à mettre en place des formats de négociation alternatifs. Les questions d'une importance vitale pour la sécurité nationale ne peuvent pas être résolues par un simple vote. La seule voie possible pour rétablir l'autorité de la Conférence consiste à mener un dialogue visant à lever les préoccupations de sécurité de certains États membres. Sur cette base, un accord sur un programme de travail pourrait être trouvé qui envisagerait – à titre transitoire – un débat approfondi sur les quatre questions centrales de l'ordre du jour. Pour la Russie, la question de la prévention d'une course aux armements dans l'espace reste la priorité à la Conférence. Le projet de traité sur la prévention du placement d'armes dans l'espace extra-atmosphérique, présenté en février 2008, contribuerait à prévenir l'apparition des armes dans l'espace ainsi qu'à assurer la prévisibilité de la situation stratégique et de la sécurité internationale. La délégation russe a constamment réitéré son soutien pour le lancement de négociations sur un tel traité dans le cadre d'un programme de travail équilibré et sur la base du mandat Shannon. Sa position sur cette question est restée inchangée. Son examen doit avoir lieu exclusivement au sein de la Conférence du désarmement, avec la participation de tous les États dotés d'arsenaux militaires nucléaires.

Le Maroc a déclaré que pour parvenir à des progrès tangibles en matière de désarmement, il y a un besoin urgent de volonté politique. Si les enjeux sont indéniablement sécuritaires et géostratégiques, leur résolution est éminemment politique et leur négociation nécessite, impérativement, des mécanismes efficients et adaptés. Le Maroc estime qu'il serait judicieux et sensé que le programme de travail soit simplifié au maximum et se limite à la création d'un groupe de travail sur les matières fissiles, un deuxième groupe sur la prévention de la course à l'armement de l'espace extra-atmosphérique, un troisième sur les assurances négatives de sécurité et un quatrième sur le désarmement nucléaire. Le Maroc estime par ailleurs que la revitalisation de la Conférence doit passer également par son ouverture à la société civile et aux institutions spécialisées dans les questions du désarmement. Le Maroc demeure en outre convaincu que l'approche multilatérale et la coopération internationale constituent la réponse efficace à tous les défis globaux en général, et à la menace du terrorisme nucléaire en particulier. Depuis le lancement de l'lnitiative globale de lutte contre le terrorisme nucléaire (IGLTN) en 2006, le Maroc a toujours adopté une approche proactive et participe activement à tous les efforts internationaux de la promotion de la cause du désarmement et à la lutte contre le terrorisme nucléaire, notamment dans le cadre de son Centre national d'excellence de formation et de soutien dans le domaine de la sûreté nucléaire et a permis au Maroc d'acquérir une expertise qui en fait une plateforme importante pour la formation et l'éducation dans le domaine de la sûreté radiologique en Afrique. L'attention a également été attirée sur la décision du Maroc et de l'Espagne d'organiser cette année un exercice conjoint (REMEX 2013) visant à apporter des réponses à un acte malveillant impliquant des matières radioactives ou nucléaires et à identifier les meilleurs pratiques dans la réponse et la gestion des crises.

Le Chili a déclaré qu'il était de la responsabilité fondamentale des États membres de la Conférence de se mettre d'accord sur un programme de travail et pas seulement de donner l'impression qu'ils prennent des mesures. Les délégations doivent maintenant parvenir à un compromis pour commencer les négociations. Le Chili a appuie les initiatives qui ont reçu l'appui de l'Assemblée générale sur les matières fissiles et la revitalisation de la Conférence, tout en réitérant que la Conférence doit rester le seul organe de négociation multilatéral dans le domaine du désarmement. Cette année, les membres de la Conférence sont de nouveau confrontés au besoin urgent d'adopter et de mettre en œuvre un programme de travail qui lui permettrait de commencer les travaux de fond. Le Chili espère que d'autres instances ne prendront pas en charge les responsabilités de la Conférence, mais souligne que cette possibilité ne pouvait pas être exclue.

Les États-Unis, bien que n'étant pas favorables à l'idée d'une implication croissante de l'Assemblée générale dans ce domaines, estiment que la résolution portant création d'un groupe d'experts gouvernementaux sur un traité d'interdiction des matières fissiles comprend les garanties suffisantes pour ne pas compromettre la perspective que la Conférence s'engage sur la voie de cet objectif essentiel. Ce n'est toutefois pas le cas s'agissant de la création d'un groupe de travail à participation non limitée sur le désarmement nucléaire, qui n'est pas fondée sur le consensus, a pour but de contourner la Conférence et de réorienter ses ressources. Les États-Unis continuent d'estimer que la Conférence est le lieu privilégié pour la négociation d'un tel traité sur les matières fissiles, prochaine étape pratique pour le désarmement nucléaire multilatéral. La Conférence est particulièrement bien placée pour négocier un tel traité car elle s'appuie sur la règle du consensus, ce qui permet d'assurer une protection équitable des intérêts de sécurité nationale dans les négociations et assure l'inclusion des principaux États concernés par un tel accord. Les États-Unis ne négligent pas l'importance des autres questions «fondamentales» à l'ordre du jour de la Conférence et sont disposés à engager des discussions de fond sur chacune de ces questions dans le cadre d'un programme de travail consensuel. En même temps, les États-Unis ont pris des mesures concrètes pour faire progresser chacune de ces questions.

L'Iraq a déclaré que personne n'ignorait que la Conférence du désarmement se trouve dans une impasse et dans l'incapacité à s'acquitter de ses responsabilités. Pour sortir de cette impasse, les États membres devraient faire preuve de souplesse, de volonté politique et de sens du compromis. L'Iraq encourage le Président de la Conférence à explorer toutes les options et de mobiliser la volonté politique nécessaire pour parvenir à un programme de travail équilibré et faire des progrès sur des questions clés, en donnant la priorité aux questions de désarmement.

Cuba a souligné l'importance qu'elle accordait à la nécessité de réaliser des progrès tangibles au sein de la Conférence dans les domaines du désarmement et du contrôle des armes. La plus grande importance devrait être accordée à la réalisation du désarmement nucléaire. Cuba estime que la voie du multilatéralisme est la seule à même de traiter efficacement du désarmement nucléaire, et réaffirme sa conviction que la Conférence pourrait négocier toute question qui recueillerait le consensus. Cuba regrette que la Conférence soit incapable de mener à bien ses travaux de fond. Cuba est convaincue que la paralysie actuelle est due avant tout à l'absence de volonté politique de réaliser de réels progrès en matière de désarmement nucléaire. Les initiatives prises par certains pour éliminer les problèmes de la Conférence constituent un recul dangereux et pourrait entraîner un affaiblissement de la Conférence. La solution n'est pas d'écarter la Conférence, mais de la préserver et de la renforcer. La Conférence devrait adopter dès que possible un programme de travail équilibré. Il faut commencer de toute urgence les négociations relatives à l'élimination totale des armes nucléaires.

Le Japon a rappelé que les États membres de la Conférence se sont efforcés l'an dernier, face à une forte demande de la communauté internationale, de reprendre les travaux sur les questions de fond. Malheureusement, la Conférence n'est pas parvenue à adopter un programme de travail. En réponse, un certain nombre de propositions visant à surmonter cette situation ont été déposés à l'Assemblée générale l'an dernier. En conséquence, il a été décidé de créer un groupe d'experts gouvernementaux sur un traité d'interdiction des matières fissiles. Mais cela ne veut pas dire qu'il faille relâcher les efforts pour relancer les travaux de la Conférence. Tout en reconnaissant l'importance de mener un travail de fond sur les quatre questions fondamentales, le Japon continue de croire que la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles est la prochaine étape logique vers un monde sans armes nucléaires, et que la meilleure option consiste à négocier un tel traité au sein de la Conférence, si possible.

La Turquie a déclaré la Conférence du désarmement a une responsabilité particulière dans les efforts à mener aujourd'hui dans le domaine du désarmement. Elle exprime l'espoir que la Conférence reprendra ses travaux de fond dès que possible en 2013. Les problèmes rencontrés par la Conférence n'ont pas été créés par les procédures ou les dynamiques internes; il faut, plus que jamais, une compréhension mutuelle et une approche créative dans le contexte des évolutions importantes sur la scène internationale. De l'avis de la Turquie, la prochaine étape doit être un d'accord sur un programme de travail. Cela permettrait non seulement d'ouvrir la voie vers l'ouverture de négociations sur un traité l'interdiction de la production de matières fissiles, mais aussi de concrétiser les progrès parallèles réalisés sur d'autres questions, y compris les travaux de fond sur les questions essentielles de désarmement nucléaire, la prévention d'une course aux armements dans l'espace et les garanties négatives de sécurité.

L'Australie a souligné que la Conférence commençait sa session de 2013 alors que les résultats de la soixante-septième session de l'Assemblée générale des Nations Unies sont dans tous les esprits. Deux résolutions liées aux travaux de la Conférence ont été adoptées, dont l'importance ne réside pas seulement dans le fait que l'Assemblée générale ait décidé la mise en place à Genève d'un groupe de travail chargé de questions sur lesquelles la Conférence ne parvient pas à faire des progrès, mais aussi dans le fait qu'elles expriment le fait qu'elle continue de considérer que la Conférence a encore un rôle important à jouer si elle a choisit de saisir cette occasion. L'Australie a appuyé les deux résolutions et souhaite participer aux travaux du groupe de travail et du groupe d'experts gouvernementaux. Elle a également l'intention de s'engager dans les travaux de la Conférence dans l'espoir qu'elle fera le bon choix entre opportunité et manque total de pertinence.

La République de Corée a déclaré qu'il était inquiétant que le mécanisme de désarmement n'ait pas réussi à s'acquitter de son mandat pendant une période aussi longue. La crise économique persistance dont souffre la planète entraîne une augmentation des facteurs de risque à la paix et à la sécurité. Dans ce contexte, une percée dans les questions dont est chargée la Conférence enverrait un signal positif au monde. La République de Corée partage le point de vue selon lequel la Conférence doit impérativement reprendre les négociations sur le désarmement et la non-prolifération et le pays coopère étroitement avec les pays membres dans tous les efforts visant à dynamiser les travaux de la Conférence. La République de Corée espère que la Conférence prendra en compte les appels pour entamer des négociations sur les questions en suspens. Le fait que la Conférence reste l'unique instance multilatérale de négociation dépendra de sa capacité à obtenir des résultats tangibles dès maintenant. Les membres de la Conférence devront montrer plus de souplesse et s'efforcer davantage pour que tous les intérêts et les préoccupations soient mis sur la table des négociations dans le but de combler les différences.

L'Égypte appelle de ses vœux l'adoption par consensus d'un programme équilibré et complet des travaux de la Conférence du désarmement. Elle estime que le désarmement nucléaire doit être la priorité absolue dans le cadre du programme global de désarmement. Pourtant, la priorité qui a été constamment réaffirmée par le Mouvement des pays non-alignés et le Groupe des 21 n'a pu s'exprimer en termes de mesures concrètes en vue d'atteindre cet objectif. L'Égypte estime que la Conférence, en tant qu'unique instance de négociation multilatérale sur le désarmement, est l'enceinte qui convient pour atteindre cet objectif. Elle s'attend par ailleurs à ce que tout projet de programme de travail comprenne la mise en place d'un organe subsidiaire chargé du désarmement nucléaire. L'Égypte a toujours été favorable à l'idée de conclure un traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires et autres engins explosifs, étant entendu que ce traité sert les objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération nucléaire. Cependant, tout projet de programme de travail qui inclurait un mandat sur un traité interdisant la production de matières fissiles devraient indiquer clairement que l'interdiction doit porter à la fois sur les stocks existants de matières fissiles et sur leur production future.

Le Bangladesh a déploré que malgré les efforts déployés, la Conférence n'ait pas été en mesure de faire une percée sensible. Les membres de la Conférence ne peuvent se permettre de laisser cette situation continuer et laisser passer une autre année sans changement. C'est maintenant qu'il faut agir. Par le passé, la Conférence a démontré sa capacité à aboutir à des traités utiles, et il ne faut pas perdre espoir. Le plein potentiel de la Conférence doit être exploité. Le désarmement nucléaire est une priorité absolue pour le Bangladesh. La négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles en dehors de la Conférence sur le désarmement n'est pas une option viable; la Conférence est l'instance appropriée pour négocier un tel traité. L'impasse actuelle au sein de la Conférence est une impasse politique et un engagement au plus haut niveau pourrait aider à briser la glace. Pour sa part, le Bangladesh continuera à participer pleinement aux travaux de la Conférence.


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DC13/002F