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Saisie de son projet de rapport annuel, la Conférence du désarmement tient sa première séance plénière sous la présidence du Chili
La Conférence du désarmement, qui doit clore le 10 septembre prochain les travaux de sa session annuelle, a tenu ce matin sa première séance plénière publique sous la présidence du Chili. Les débats ont porté sur la préparation du rapport annuel de la Conférence pour sa session de 2021.
Le nouveau Président de la Conférence, l’Ambassadeur Frank Tressler Zamorano du Chili, a prononcé une allocution inaugurale et présenté le projet de rapport annuel (CD/WP.636) de la Conférence élaboré par ses soins. Le rapport final ne doit pas donner lieu à rouvrir des débats bien connus de tous, mais plutôt, par une approche minimaliste, « laisser tout le monde également insatisfait », a estimé le Président. Il a insisté sur le fait que le succès ou l’échec dépendait de toutes les délégations et non de la seule présidence. Il a prié les délégations de laisser de côté les intérêts nationaux pour travailler à un document exprimé dans une langue simple et directe.
Pendant le débat qui a suivi cette présentation, il a été relevé que si le texte proposé n’était pas complètement satisfaisant pour toutes les délégations, il constituait cependant une bonne base pour parvenir au consensus. Des délégations ont proposé des amendements au texte ou indiqué qu’elles fourniraient leurs observations par écrit. Il a été espéré que la Conférence puisse adopter son rapport annuel destiné à la Première Commission de l’Assemblée générale.
Les délégations suivantes ont fait des déclarations ce matin : Chine, Argentine, États-Unis, Allemagne, Nigéria, Mexique, Équateur, Australie, Canada, Japon, Espagne, Royaume-Uni, Bulgarie, Égypte, République de Corée, Inde, Afrique du Sud, France, Pays-Bas, Autriche, Algérie, Pakistan, République populaire démocratique de Corée, Iran, Iraq, Fédération de Russie, Syrie et Turquie.
La Fédération de Russie a annoncé qu’elle organiserait, demain 18 août à 13h15, en salle XXVI du Palais des Nations, une présentation des projets de résolution que la Fédération de Russie déposerait cet automne devant la Première Commission de l’Assemblée générale.
La prochaine séance publique de la Conférence aura lieu le mardi 24 août, à 10 heures. Une discussion sur la participation des femmes à la sécurité internationale se tiendra en outre le 26 août à partir de 15 heures.
Déclaration du nouveau Président de la Conférence
Le Président de la Conférence, l’Ambassadeur FRANK TRESSLER ZAMORANO du Chili, a relevé que la Conférence suscitait des sentiments mitigés : d'une part, elle est reconnue en tant que principale instance de négociation dans le domaine du désarmement multilatéral et ses travaux, notamment le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), sont reconnus ; et d’autre part, on ne peut cacher une certaine frustration face à la stagnation de ses travaux et à son inertie. L’instance est devenue un forum de discussion et sa tâche principale, qui est la négociation d'instruments juridiques internationaux sur le désarmement, est toujours en suspens.
À cet égard, a poursuivi le nouveau Président de la Conférence, le Chili a déjà exprimé à plusieurs reprises sa préoccupation quant à la situation des principaux points de l'ordre du jour. Ainsi, devant l'impossibilité de progresser dans cette enceinte, il a fallu participer à un processus en dehors de cet organe pour négocier un instrument international juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires et reflétant la conviction de la grande majorité des États et des citoyens de la communauté internationale selon laquelle il ne peut y avoir de paix durable et stable avec l'insistance de certains pays à confier leur sécurité à un système fondé sur la menace des armes de destruction massive.
Une autre question urgente est de parvenir à un accord pour garantir qu'aucun État doté d'armes nucléaires ne menace d'utiliser ces armes contre des États qui n’en sont pas dotés, a ajouté le Président. Le Chili considère que ces garanties négatives de sécurité constituent une étape fondamentale pour réduire la menace que représentent les armes nucléaires, sur la voie de leur élimination totale.
Il existe aussi un risque de course aux armements dans l'espace, a mis en garde M. Tressler Zamorano. Le Chili a déjà exprimé son soutien à l'initiative visant à négocier un traité interdisant l'armement de l'espace extra-atmosphérique. Il s'agit d'une question d'une importance capitale pour l'avenir de la sécurité mondiale, a insisté le Président.
L'obligation de reprendre les travaux de fond au sein de la Conférence est urgente, car l'apparition de nouvelles technologies et leur impact sur les questions à l'ordre du jour de la Conférence entraîneront de nouveaux problèmes, a ensuite mis en garde M. Tressler Zamorano.
La communauté internationale a une obligation morale et humanitaire envers les générations futures de rechercher des accords qui garantissent la paix et la sécurité internationales, a ajouté le Président de la Conférence. Travailler de cette manière signifie être conscient de la nécessité de faire des compromis et du fait que tout consensus implique flexibilité et ouverture aux positions d’autrui. Le consensus a été considéré comme un facteur paralysant : mais il est aussi ce qui a donné force et durabilité aux accords auxquels la Conférence est parvenue auparavant, a rappelé le Président.
S’agissant du projet de rapport (annuel) final de la Conférence, ce document ne doit pas donner lieu à rouvrir des débats bien connus de tous, mais plutôt, par une approche minimaliste, « laisser tout le monde également insatisfait », a fait remarquer le Président.
Quant au plan de travail des quatre prochaines semaines, il sera le suivant : outre des réunions plénières formelles le mardi, un nombre encore indéterminé de réunions informelles et de consultations bilatérales auront lieu en fonction de l'état d'avancement des négociations. Une séance de discussion sur la participation des femmes à la sécurité internationale se tiendra en outre le 26 août à partir de 15 heures, a indiqué M. Tressler Zamorano.
Aperçu du débat
Les délégations ont félicité l’Ambassadeur Tressler Zamorano pour son accession à la présidence.
Concernant le projet de rapport annuel présenté par le Président de la Conférence, il a été relevé que si le texte n’était pas complètement satisfaisant pour toutes les délégations, il constituait cependant une bonne base pour parvenir au consensus. Des délégations ont proposé des amendements au texte ou indiqué qu’elles fourniraient leurs observations par écrit. Il a été espéré que la Conférence puisse adopter son rapport annuel destiné à la Première Commission de l’Assemblée générale.
Une délégation s’est étonnée que le projet de rapport contienne (au paragraphe 54) une proposition pour repousser de deux semaines l’ouverture de la session 2022 de la Conférence en cas de tenue d’une « grande réunion d’États parties au sujet du désarmement et de la non-prolifération » [ Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, ndlr ] : une telle décision reviendrait à modifier le Règlement intérieur de la Conférence, a observé cette délégation, ce qui n’avait pas été accepté au moment d’envisager d’introduire des modifications techniques à ce même Règlement pour tenir compte de l’égalité des sexes.
Une autre délégation a demandé que le document présenté pour négociation inclue la liste des documents officiels qui seront joints au rapport, afin de s'assurer que le rapport annuel ne comporte aucun ajout ultérieur non approuvé par la Conférence.
La mention, par le Président, du consensus comme principe de travail de la Conférence a été saluée. Pour atteindre ce consensus, la transparence s’impose, a souligné une délégation, avant de demander que le Président de la Conférence communique à toutes les délégations les propositions de modification du projet de rapport annuel qu’il recevra. Le Président a indiqué à ce propos que le Secrétariat avait déjà transmis aux délégations toutes les propositions reçues.
Plusieurs délégations ont jugé opportun le thème choisi pour la discussion du 26 août : la participation des femmes à la sécurité internationale. Une délégation a demandé que le résultat de la discussion sur une mise à jour technique du Règlement intérieur pour tenir compte de l’égalité entre les sexe soit reflété de manière factuelle dans le projet.
Le Président de la Conférence a insisté sur le fait que le succès ou l’échec dépendait de toutes les délégations et non de la seule présidence. Il a prié les délégations de laisser de côté les intérêts nationaux pour travailler à un document exprimé dans une langue simple et directe.
DC21.037F