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Speech of the Director-General of UNOG at the Prize Ceremony in his honour

Michael Møller

24 mars 2017
Speech of the Director-General of UNOG at the Prize Ceremony in his honour

M. Michael Møller
Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève
Prix de la Fondation pour Genève, 24 mars 2017

« La Genève internationale, plus nécessaire que jamais »


Cher Ivan,

Excellences,
Chers collègues,
Chers amis,
Mesdames et Messieurs,

C’est un véritable honneur pour moi d’être parmi vous ce soir. Je ne sais comment exprimer mon émotion face à un Victoria Hall rempli d’amis, de collègues, de partenaires et de concitoyens genevois et internationaux.

Le sujet qui nous réunit ce soir est « La Genève internationale, plus nécessaire que jamais ».
La Suisse a une position géographique centrale. Une histoire forgée par une tradition d’accueil, de neutralité, de pacifisme et d’hospitalité. Tous les atouts qui en ont fait l’endroit idéal pour la gouvernance mondiale.

Cette année nous fêtons le 15e anniversaire de l’adhésion de la Suisse à l’Organisation des Nations Unies. C’est l’occasion idéale de remercier notre pays hôte à ses trois niveaux – fédéral, cantonal et municipal - pour un soutien quotidien remarquable, sans lequel le travail de notre grande famille internationale genevoise ne serait pas possible.

La Suisse n’a pas attendu 2002 pour s’associer aux nombreux programmes et institutions spécialisées de l’ONU. Elle a été le premier État à siéger à l’Assemblée générale des Nations Unies en qualité d’observateur en 1946 et le seul pays à rejoindre l’Organisation via une votation populaire.

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La Genève internationale compte près de 40 institutions internationales, 400 organisations non gouvernementales, 178 États Membres et autres observateurs, ainsi qu’un grand nombre d’institutions universitaires et de recherche et de représentants du monde des affaires.
Sans parler des 200'000 délégués venant du monde entier pour participer aux multiples réunions internationales organisées dans l’Arc lémanique. Le terme Genève internationale est désormais une ‘marque déposée’. Il est donc tout à fait naturel de parler du rôle de cette Genève internationale et pas seulement du rôle des Nations Unies. Parce que ce terme décrit un partenariat, avec plusieurs dizaines de milliers de personnes travaillant ensemble pour ‘la paix, les droits et le bien-être’ - pour un monde meilleur.

A Genève, il y a des experts dans des domaines aussi variés que la paix, la sécurité, le désarmement, l’humanitaire, les droits de l’homme, les réfugiés et la migration, le travail, le commerce, les sciences, les télécommunications, la santé et, bien sûr, le développement durable. Il n’y a aucun doute que cette concentration unique d’acteurs offre un cadre de travail propice aux échanges et à la coopération. Ce qui constitue une réelle nécessité pour répondre aux énormes défis mondiaux d’aujourd’hui, qui sont intimement liés.

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Quand j’ai pris mes fonctions en novembre 2013, j’ai fait un constat clair.

Les nouvelles relatives aux Nations Unies ne couvrent en général qu’une petite fraction de ce qui est fait. Les médias ne parlent trop souvent que de quelques sujets négatifs : les crises migratoires, les guerres qui n’en finissent pas, le Conseil de sécurité et ses impasses, ou les effets dévastateurs du changement climatique.

Malheureusement, quand on dit que Genève est une ville chère, on ne tient souvent pas assez compte des mandats qui nous sont donnés, ni des personnes que nous sommes amenées à aider ou des vies que nous cherchons à améliorer.

L’étendue de ce qui est fait dans la Genève internationale – un écosystème vieux de 150 ans - est méconnu du grand public, de beaucoup de décideurs et même de bon nombre de mes collègues aux Nations Unies et dans le système international.

Il est vrai qu’au cours des dernières décennies, nous ne sommes pas toujours parvenus à bien communiquer. À bien nous «vendre», si je puis dire. À démontrer le lien direct entre nos activités et la vie quotidienne de chaque individu sur notre planète. C’est clairement une faiblesse, surtout dans un monde de plus en plus fragmenté et conflictuel. Et c’est pourquoi j’ai décidé, dès mon arrivée, de tout faire pour changer cela.
J’ai ainsi lancé le Projet de changement de perception de la Genève Internationale. Le but est de présenter d’une manière compréhensible pour tous le travail de l’ONU et de ses multiples partenaires, pour changer la manière dont il est perçu. Il s’agit d’un projet collaboratif qui, en 3 ans déjà, a revalorisé l’image de notre cité au sens large. Quand je parle de la Genève internationale, j’inclus l’Arc lémanique et la France voisine.

Je suis fier que nous ayons, ensemble, mis sur pied une véritable équipe autour de ce projet, comptant plus de 100 partenaires. Et je suis ravi de voir que beaucoup sont présents ce soir, car ce prix, c’est aussi le leur.

Un autre volet de ce changement de perception est lié à l’image du Palais des Nations, que beaucoup de genevois perçoivent encore comme une forteresse imprenable. C’est pourquoi, malgré des contraintes sécuritaires qui ne font que s’alourdir, je me suis engagé à ouvrir les portes du Palais aussi souvent que possible : journées portes ouvertes, entrainements pour la course de l’escalade, visites guidées, activités culturelles, CINE-ONU, et bien d’autres évènements ouverts au public organisés dans l’enceinte du Palais.
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Cela m’amène à un autre sujet sur lequel je travaille beaucoup et qui est étroitement liée au rôle et à la visibilité de la Genève internationale : la rénovation du Palais des Nations.

Chaque année, ce sont plus de 12 000 réunions que nous gérons, ce qui fait du Palais l’un des plus importants centres de conférences multilatérales au monde. Mais le Palais est bien plus qu’un centre de conférences. C’est le symbole physique de la Genève internationale. Un patrimoine historique de Genève, de la Suisse et du monde, et nous avons la responsabilité commune de le préserver.

Sur ce sujet encore, je ne peux que souligner l’engagement exemplaire de notre pays hôte, ainsi que de sa population. C’est un réel partenariat qui nous permet d’avancer dans la rénovation de notre demeure commune.

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En ce qui concerne l’avenir, notre objectif commun pour l’année en cours est clair : faire de 2017 une année de paix. Les priorités immédiates de notre nouveau Secrétaire général, António Guterres, sont de renforcer la diplomatie pour la résolution des conflits et surtout de renforcer nos efforts de prévention.
Il nous incombe à tous de faire en sorte que la prévention devienne prioritaire dans l’action de toute la Genève internationale, comme elle l’est d’ailleurs pour la politique étrangère de notre pays hôte.

Genève demeure un lieu privilégié pour les processus de médiation menés sous l’égide de l’ONU.

Les Envoyés spéciaux de l'ONU en Géorgie, en Libye, à Chypre, en Syrie, au Yémen et ailleurs, font un travail considérable pour amener les parties en conflit à la table des négociations et instaurer un dialogue durable. Des collègues dans plusieurs autres organisations font de même.

Dans un monde fragmenté et conflictuel, Genève est, et restera, le lieu privilégié pour le dialogue, la médiation, et les pourparlers à la recherche d’une paix durable.

Genève, ville de Paix, s’impose !

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Le désarmement fait partie intégrante de notre travail pour la paix et la prospérité mondiale, et est l'un des piliers sur lequel l’ONU a été bâtie.

En tant que Secrétaire général de la Conférence du désarmement, je constate hélas que depuis 21 ans, cette structure ne fait pas son travail. Elle ne s’acquitte plus de son mandat et ne répond plus aux nombreuses demandes de négociation sur le désarmement nucléaire et d’autres problèmes urgents liés à l’armement. La revitalisation de cette structure est l’un de nos grands défis pour 2017.

Le système westphalien, selon lequel l’État est l’unique acteur des relations internationales, ne reflète plus la réalité d’aujourd’hui. La société civile - le monde des affaires, les ONG, le monde académique - occupe un rôle de plus en plus important dans le travail des Nations Unies et la gestion du monde. Il est nécessaire d’associer le plus grand nombre possible d’acteurs non-étatiques à nos délibérations.

Ici encore, la Genève internationale en tant que lieu de rencontre privilégié, source d’expertise et siège de nombreuses organisations non-gouvernementales, entreprises et institutions universitaires, est plus nécessaire que jamais.

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Genève, capitale humanitaire, ville de paix, est également la ville des droits : droit humanitaire, droits de l’homme, des réfugiés, du commerce, de la santé, du travail, des normes et brevets, et j’en passe. La plupart de vos droits sont nés ou défendus à Genève. Un atout important dans notre société actuelle où le droit international est trop souvent bafoué. Des normes de comportement, pourtant bien établies, trop souvent mises de côté.

Il faut impérativement ré-ancrer notre monde dans l’état de droit et la solidarité internationale. Seule une gestion collective et consensuelle de notre planète peut nous donner les moyens d’affronter les grands enjeux de demain.

Je tiens à saluer ce soir le travail du Conseil des droits de l'homme, sans conteste l’un des organes les plus importants de l’ONU. En 2016, la communauté internationale a célébré le dixième anniversaire du Conseil, autre symbole important de la Genève internationale.

Ces dix dernières années, le Conseil est devenu la principale instance mondiale pour les droits de l’homme. Il détermine les normes en vigueur à l’échelle planétaire. Ses examens périodiques universels de l’ensemble des États Membres de l’ONU mettent en lumière la situation des droits humains dans le monde entier.
Les discussions qui s’y tiennent sont indispensables pour favoriser le bien-être des gens, la stabilité des sociétés et l’harmonie d’un monde plus interdépendant que jamais.

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« Nous n'aurons pas de développement sans sécurité ; nous n'aurons pas de sécurité sans développement, et nous n'aurons ni l'un ni l'autre sans respect des droits de l'homme ».

Cette citation désormais célèbre est du Secrétaire général Kofi Annan, qui nous honore de sa présence ce soir et que je salue chaleureusement.

En 2015, le monde s’est doté d’un cadre d’action pour l’avenir – le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses 17 Objectifs. Ce programme universel constitue notre feuille de route collective pour l’élimination de la pauvreté, la prospérité de tous et la protection de notre fragile planète.

Des sociétés pacifiques et inclusives, l’accès à une justice équitable pour tous et la mise en place, à tous les niveaux, d’institutions efficaces et responsables sont autant d’éléments indispensables au développement durable.

La réalisation de ces objectifs est une responsabilité partagée entre nous tous. L’ONU et ses partenaires ont pour mission de soutenir les pays dans leurs efforts pour les atteindre. Le rôle de la Genève internationale, avec son capital humain et son savoir-faire institutionnel, sera crucial à cet égard. Pour renforcer ce rôle, j’ai récemment établi le SDG Lab. Un laboratoire qui nous servira pour échanger les meilleures pratiques et partager l’expertise des acteurs et institutions établis ici et à travers le monde.

Notre engagement est de continuer à innover et à créer des outils qui permettront à l’écosystème genevois et à nos collègues d’ailleurs, de travailler dans les meilleures conditions pour atteindre nos objectifs communs.

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On ne peut pas parler de paix, ni de développement durable, sans mentionner la question de l’égalité hommes – femmes.

En 1979, l’année où j’ai commencé à travailler à l’ONU, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Depuis lors, il s’est produit dans le monde des changements considérables grâce auxquels il aurait dû être plus facile de parvenir à l’égalité des sexes et de donner aux femmes les mêmes moyens que les hommes pour prendre leur carrière et leur vie en main. Et pourtant...

Et pourtant, 21 ans après que la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing a fixé à l’échelle mondiale l’objectif de la parité hommes-femmes, il faut le dire : nous avançons tous beaucoup trop lentement.

Avec Mme Hamamoto, ancienne Représentante permanente des États-Unis à Genève, et l’organisation Women@TheTable, nous avons lancé l’initiative International Gender Champions.

Les Champions qui ont adhéré à l’initiative se sont engagés à prendre des mesures concrètes, pragmatiques et mesurables pour favoriser l’égalité des sexes là où ils travaillent. Avec près de 130 Champions, provenant des secteurs public et privé, cette initiative fait réellement évoluer la situation au sein de la Genève internationale.

Aujourd’hui, d’autres villes onusiennes telles que Vienne et Nairobi sont en train d’établir un réseau similaire.
New-York a lancé le sien il y a 4 jours. A cette occasion, le Secrétaire général de l’ONU s’est déclaré Champion de l’égalité hommes-femmes.

J’ai également établi l’an passé la première politique générale de l’ONU à Genève pour l’égalité des sexes. En 2015, 34,4% des postes de haut niveau de l’ONU à Genève étaient occupés par des femmes. Un an plus tard, ce chiffre est de 41%, et les femmes représentent aujourd'hui 48% du personnel de l'Office.

Encore une fois, la Genève internationale a pris les devants et elle continuera de le faire. L’enjeu est très clair : il n’y aura ni paix, ni développement durable sans que les femmes, qui représentent la moitié de la population mondiale, ne soient pleinement associées à l’action menée dans tous les domaines.

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Pour faire face aux multiples défis mondiaux, et la liste est longue - changement climatique, migrations, guerres, terrorisme, crises humanitaires, santé, éducation, emploi, inégalités économiques, manque de confiance grandissant, etc. - il est urgent de réformer l'ONU et la structure internationale.
Notre nouveau Secrétaire général est en train de prendre des mesures concrètes dans ce sens dans trois domaines prioritaires.

Tout d’abord, une réforme de la stratégie du fonctionnement et de l'architecture de la paix et de la sécurité. Comme je le disais auparavant, il faut recentrer nos efforts sur la prévention. La prévention des conflits avant tout, mais aussi des catastrophes naturelles et autres menaces qui compromettent le bien-être de la population mondiale.

Deuxièmement, une réforme du système de développement des Nations Unies, reposant sur la coordination et la responsabilisation. L’ONU et ses partenaires doivent soutenir pleinement et efficacement tous les pays dans la réalisation des objectifs de développement durable et l’application de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Le troisième volet est la réforme de la gestion interne de l’ONU, afin de rendre les structures plus décentralisées, plus flexibles, plus transparentes et donc plus performantes. Notre Secrétaire général a montré qu'il était prêt à relever ces défis dès le premier jour de son mandat, et notre tâche collective pour 2017 sera de le soutenir clairement et vigoureusement dans ses efforts.
L’écosystème de la Genève internationale a des atouts incontestables dans la réalisation de ces trois objectifs.

Je suis personnellement convaincu que sans la Genève internationale on n’y arrivera pas !

Nous vivons dans un monde plus interconnecté que jamais, dans un monde où les défis transversaux nécessitent des collaborations et des partenariats qui vont au-delà des frontières traditionnelles.

La coordination, la collaboration, le partenariat sont des mots faciles à dire, mais pas toujours faciles à appliquer ! À Genève, on le fait quotidiennement, et de mieux en mieux. On montre l’exemple et on fait école.

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En cette époque caractérisée par des mouvements de contestation hors des structures et des institutions traditionnelles de gouvernance, l’échange et le débat constructifs sont plus essentiels que jamais. Genève continuera d’être l’endroit idéal pour ces échanges et ces débats. Elle est le premier choix de plus en plus d’intervenants qui ont besoin de tout ce qu’elle offre pour accomplir leur mission.

Les défis mondiaux d’aujourd’hui nécessitent une solidarité internationale repensée, une approche plus intégrée, plus inclusive. Ils représentent, à mon avis, une opportunité sans précédent pour la Genève internationale. Celle-ci a le potentiel de renforcer son rôle de plaque tournante de la nouvelle gouvernance mondiale. C’est aussi un fait, un peu triste, que lorsque les choses vont mal dans le monde, l’utilité de Genève pour la diplomatie multilatérale s’accroît.

La relation mutuellement bénéfique entre l’ONU, Genève et la Suisse, avec l’appui de tous les autres partenaires, est un mariage heureux de longue date. Mais comme tous les mariages, celui-ci demande une attention constante de part et d’autre. Nous nous trouvons à un moment historique qui nous impose cette vérité. J’en suis personnellement très conscient et j’œuvre quotidiennement, avec mes collègues, avec cet objectif en ligne de mire.

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Je remercie tous les partenaires présents ici ce soir pour leur travail, leur engagement au quotidien et leur confiance. Nous avons tous un rôle à jouer pour rendre notre monde plus juste, plus sûr et plus équitable, pour préserver l’avenir des générations futures.
La Genève internationale est la plateforme indispensable au travail collectif pour la paix, les droits et le bien-être dont le monde a tant besoin. Et donc, plus nécessaire que jamais !

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Merci beaucoup.

This speech is part of a curated selection from various official events and is posted as prepared.