Fil d'Ariane

Indignation après des attaques meurtrières de missiles et de drones russes contre Kyïv

Le Coordinateur humanitaire pour l’Ukraine a condamné fermement cette nouvelle attaque des forces armées russes, qui a ciblé des civils, dont des enfants et une femme enceinte.
« L’attaque à grande échelle menée la nuit dernière par les forces armées de la Fédération de Russie contre des zones résidentielles de Kyïv et des régions environnantes constitue une nouvelle violation effroyable du droit humanitaire international », a déclaré dans un communiqué, Matthias Schmale.
Selon la presse, des alertes aériennes ont sonné pendant six heures dans Kyïv. Les frappes ont d’ailleurs causé des dommages considérables aux habitations, aux entreprises et aux infrastructures publiques.
« Le nombre de victimes devrait augmenter à mesure que les équipes d’urgence poursuivent leurs opérations de recherche et de sauvetage dans les décombres », a souligné M. Schmale, ajoutant que « cet usage insensé de la force doit cesser ».
Faisant écho à ce message, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a appelé à la fin de l'utilisation d'armes explosives dans les zones civiles.

D'autres régions densément peuplées attaquées
Cette nouvelle salve de raids dans la capitale ukrainienne intervient au lendemain de plusieurs attaques menées dans les oblasts de Dnipropetrovsk, Donetsk, Kherson, Poltava et Kharkiv.
« Selon les autorités ukrainiennes, hier (mardi) et aux premières heures d’aujourd’hui (mercredi), des attaques de drones et de bombes planantes ont frappé des zones densément peuplées dans tout le pays, tandis que les combats ont coûté la vie à des civils dans les régions de la ligne de front », a indiqué mercredi à New York, Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l’ONU.
Dans la ville de Zaporijjia, une bombe planante a tué et blessé des personnes, dont des enfants. Plusieurs immeubles d’habitation ont été endommagés. Bien qu’elle soit proche des lignes de front, la ville abrite quelque 630.000 personnes, dont de nombreux déplacés d’autres régions où les combats font rage.
Les attaques dans différentes localités ont endommagé des maisons, des entrepôts, un hôpital, une ambulance et une infrastructure énergétique essentielle. « Avec nos partenaires humanitaires, y compris des ONG nationales, nous fournissons une aide d’urgence qui complète le travail des secouristes de l'Etat », a conclu M. Dujarric.
« Tendance profondément inquiétante »
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, au moins 164 civils ont été tués et 910 blessés en Ukraine en mars. Cela représente une augmentation de 50 % par rapport à février 2025.
« Les scènes de destruction et de souffrance à Kyïv ce matin reflètent une tendance profondément inquiétante : les civils sont les principales victimes d'attaques de plus en plus intenses et fréquentes », a déclaré Danielle Bell, cheffe de la Mission de surveillance des droits de l'homme des Nations Unies en Ukraine.
La mission s'attend à ce que le bilan réel s'alourdisse à mesure que de nouvelles informations seront confirmées.
Mme Bell a rendu visite à des survivants à l'hôpital, qui lui ont raconté leurs terribles expériences. « L'une d'elles, âgée de 62 ans, se rendait à l'église avec son mari dans un bus lorsque le deuxième missile a explosé. Il a été tué et elle a subi une grave blessure à la tête. Une autre, âgée de 64 ans, se rendait au marché ; elle risque désormais de subir plusieurs opérations », a-t-elle précisé.

Un plan d’urgence pour l’agriculture
Par ailleurs, la guerre en Ukraine continue de peser sur le secteur agricole, si bien qu’il est de plus en plus difficile pour les agriculteurs et les familles rurales de maintenir la production alimentaire et leurs moyens de subsistance.
Face à cette situation, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé le Plan d’intervention d’urgence et de relèvement rapide pour 2025‑2026 de 150 millions de dollars, dans le but d’aider plus d’un demi-million de personnes affectées à rétablir leur production agricole et principal moyen de subsistance.
Une récente évaluation de la Banque mondiale estime que les dommages et les pertes subis par ce secteur sont estimés à près de 84 milliards de dollars. Une enveloppe de près de 1,6 milliard supplémentaire concerne le secteur de l’irrigation uniquement.
Les dégâts englobent la destruction des installations de stockage, des ressources de la pêche, des systèmes d’aquaculture et des cultures pérennes, ainsi que l’abattage forcé du bétail. Ils couvrent également la destruction et le vol de machines et de matériel, ainsi que les vols d’intrants et de produits récoltés.
L’Ukraine traverse dans le même temps l’une des plus graves situations de crise en matière de contamination au niveau mondial. Au mois de décembre 2024, plus de 138.000 km² de terres et 14.000 km² de zones aquatiques restaient exposés à des restes explosifs de guerre et à des mines terrestres, ce qui fait peser une menace constante sur l’agriculture et sur la sécurité alimentaire.