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Une femme meurt toutes les deux minutes en donnant la vie

Une femme enceinte à Udaipur, en Inde, se rend avec son fils dans une clinique pour un examen prénatal.
© UNICEF/Ruhani Kaur
Une femme enceinte à Udaipur, en Inde, se rend avec son fils dans une clinique pour un examen prénatal.
Les progrès réalisés depuis le début du siècle en matière de baisse de la mortalité maternelle sont en perte de vitesse, selon une nouvelle étude, qui estime à plus d’un quart de million le nombre de décès annuels liés à des grossesses et accouchements – des morts pour l'essentiel évitables.

Le nouveau millénaire avait pourtant bien commencé pour les femmes enceintes. Depuis 2000, le monde a en effet connu une forte réduction de 40 % de la mortalité maternelle. Pour la première fois dans l’histoire récente, aucun pays ne présente des taux de mortalité maternelle extrêmement élevés, soit plus de 1.000 décès pour 100.000 naissances. À l’inverse, plus d'un tiers des pays dans le monde affichent un taux de mortalité maternelle très faible.

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« De réels progrès ont été réalisés, y compris dans certains des pays les plus pauvres du monde », se félicite le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans l'avant-propos d'une étude de l'ONU, publiée lundi à l'occasion de la Journée mondiale de la santé

Ce nouveau rapport, basé sur des données fournies par diverses agences onusiennes, dont l'OMS, ainsi que par le Groupe de la Banque mondiale, montre comment certains pays comme le Rwanda et le Sri Lanka ont considérablement réduit la mortalité maternelle, notamment en développant l’accès au sages-femmes et aux soins de santé en milieu rural. Des stratégies susceptibles, selon le Dr Tedros, d'être partagées et adaptées à bien d'autres contextes. 

Progrès de la recherche et l'accès aux soins

Les progrès enregistrés sont également le fruit des avancées en matière de recherche et de prestation de services. 

Le chef de l’OMS mentionne notamment l'utilisation d'un dispositif simple et peu coûteux, dit du « drap », qui permet de réduire de 60 % les saignements graves dus aux hémorragies post-partum et de sauver ainsi de nombreuses vies humaines. 

L’apport de soins maternels lors d'urgences humanitaires par le biais de cliniques mobiles et de postes de santé sauve également des millions de femmes et de bébés qui, autrement, ne bénéficieraient pas de dépistages médicaux, de vaccinations et de traitements vitaux. 

Un ralentissement depuis 2016

Toutefois, le rapport indique que les progrès réalisés ont ralenti depuis 2016, au point que la baisse de la mortalité maternelle est désormais bien trop lente pour atteindre les cibles des Objectifs de développement durable. 

« Aujourd'hui encore, quelque part dans le monde, une femme meurt toutes les deux minutes de complications liées à la grossesse et à l'accouchement », déplore le Dr Tedros, sur la base d'une estimation de 260.000 décès de femmes liées à de telles complications en 2023, l’année la plus récente pour laquelle le rapport de l’ONU fournit des donnés chiffrées.

Selon le chef de l’OMS, la quasi-totalité de ces femmes auraient pu survivre si elles avaient bénéficié d'un accès suffisant à des soins vitaux avant, pendant et après l'accouchement.

Des inégalités régionales

Une femme en Afrique subsaharienne a 400 fois plus de risques de mourir en couches qu'une femme en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Cette région représente en effet environ 70 % de la mortalité maternelle dans le monde, notamment en raison de taux de pauvreté élevés et des multiples conflits dont elle est le cadre.

Par ailleurs, de nombreuses régions ont vu leurs progrès stagner après 2015, y compris l'Afrique du Nord, l'Asie occidentale, l'Asie de l'Est et du Sud-Est, l'Océanie (à l'exception de l'Australie et la Nouvelle-Zélande), l'Europe, l'Amérique du Nord, l'Amérique latine et les Caraïbes.

Des décès évitables

Malheureusement, de nombreuses femmes n'ont pas accès à des modes de contraception moderne, à un contrôle de leur grossesse ou à un suivi prénatal essentiel. D'autres ne peuvent se rendre que tardivement dans des établissements de santé souvent mal équipés et dépourvus des médicaments ou capacités nécessaires pour prévenir, détecter et traiter leurs complications, telles que les hémorragies et les infections.

« Les décès évitables dus à la mortalité maternelle sont profondément ancrés dans la pauvreté et les inégalités », affirme le Dr Tedros.

En effet, la quasi-totalité de ces décès ont lieu dans des pays et des communautés à revenu faible ou intermédiaire, ces mêmes pays et communautés qui seront les plus durement touchés par les coupes actuelles dans le financement de la santé mondiale. 

Appels à élargir l'accès aux soins maternels 

À l’occasion de la publication du rapport, le chef de l’OMS appelle ainsi à élargir l'accès aux services de soins maternels et à accorder une attention particulière à la qualité de ces services et aux compétences des professionnels de santé qui les dispensent.

Selon lui, lorsque les droits des filles et des femmes sont protégés et qu'elles ont accès aux services et informations dont elles ont besoin pour contrôler leur vie et leur corps, les grossesses non désirées, les avortements à risque et les décès maternels diminuent. Parallèlement, les possibilités de scolarisation et d'accès au marché du travail augmentent.

« La mortalité maternelle n'est pas un mystère », affirme le Dr Tedros. « Nous en connaissons les causes et nous disposons des outils pour la prévenir. La question n'est donc pas de savoir si nous pouvons mettre fin aux décès maternels évitables, mais si nous y parviendrons ».