Fil d'Ariane
Afghanistan : une famine généralisée a pu être évitée grâce aux agences humanitaires, selon l’envoyée de l’ONU
Deborah Lyons, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a toutefois estimé qu’il fallait s’attaquer à la situation économique du pays pour éviter de se retrouver face à la même crise l’hiver prochain.
Alertant que l’on approche d’un point de basculement qui verra plus d’entreprises fermer et plus de personnes au chômage et sombrer dans la pauvreté, elle a remercié le Trésor des États-Unis pour les dispositions mises en place pour faciliter les activités commerciales et financières et permettre de travailler avec toutes les institutions gouvernementales.
Mais d’autres défis au redressement économique persistent, a-t-elle indiqué, citant notamment l’effondrement de la demande dû à la cessation de l’aide au développement, les restrictions sur les paiements internationaux, le manque d’accès aux réserves de devises fortes, la pénurie de liquidités et les contraintes imposées à la Banque centrale.
Travailler avec les autorités de facto
De son côté, la MANUA a pris toutes les mesures possibles pour injecter des liquidités dans l’économie, y compris l’importation physique d’espèces, et cherche à établir, sur une base temporaire, une facilité d’échange humanitaire pour permettre une intensification de la programmation humanitaire et donner accès à des dollars américains à des entreprises légitimes pour leur permettre d’importer des marchandises.
« Nous ne croyons pas pouvoir véritablement aider le peuple afghan sans travailler avec les autorités de facto », a insisté la Représentante spéciale tout en reconnaissant qu’il existe toujours une méfiance persistante entre les Talibans et une grande partie de la communauté internationale.
Les Talibans estiment qu’ils devraient être davantage reconnus pour la sécurité qui prévaut en Afghanistan, a-t-elle ajouté. Ils mettent également en avant les progrès réalisés sur le front économique, notamment des revenus solides malgré une activité économique réduite, la réduction de la corruption gouvernementale et un budget qui ne nécessite pas les ressources des donateurs.
Mme Lyons a expliqué avoir fait part aux Talibans des préoccupations de la communauté internationale s’agissant des restrictions aux droits fondamentaux des femmes et des filles, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées et les détentions arbitraires, le respect des minorités et les libertés de réunion et d’expression.
Elle a estimé que la mission politique pouvait faire davantage pour travailler avec les autorités de facto sur les principaux problèmes auxquels est confrontée la société afghane. « Mais une mission politique implique un objectif politique qui est de voir l’Afghanistan réintégrer l’organisation ». Naturellement, a-t-elle ajouté, travailler avec l’autorité de facto ne signifie en aucun cas tolérer tout ce qu’elle fait.
Selon Mme Lyons, il s’agit d’établir une voie pour l'État afghan de rejoindre la communauté internationale au sens large. Elle a appelé le Conseil de sécurité à octroyer à la MANUA un mandat robuste permettant de répondre aux besoins de la population afghane.