Aller au contenu principal

TRANSCRIPTION DU POINT DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

Conférences de presse

Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL: Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous remercie d’être venus si nombreux. Permettez-moi tout d’abord de féliciter votre nouveau Président, le nouveau Président de l’ACANU, M. Herbermann. J’avais espéré rester un peu plus longtemps à Genève mais, en raison du décès du Pape, j’ai dû changer mon programme pour me rendre à Rome. De ce fait, notre point de presse sera assez bref. Je présume que la plupart d’entre vous avez entendu mon intervention de ce matin et je suis prêt à répondre à vos questions.

QUESTION: Monsieur le Secrétaire général, je vous remercie beaucoup. Au nom de l’ACANU, je voudrais vous demander s’il serait possible d’organiser une véritable conférence de presse la prochaine fois. L’ONU dispose de toutes les installations nécessaires et ce serait plus pratique pour nous tous. Ma question est la suivante: concernant votre programme de réformes, les Chinois insistent pour que les États Membres de l’Organisation parviennent à un consensus sur la réforme et sont opposés à ce qu’une date butoir soit fixée. Est-ce que cela contrecarre vos plans? Et quelles en seront les conséquences pour votre programme de réformes?

Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL: En ce qui concerne la première partie de votre question, je vous dirai que je serais ravi de participer à une véritable conférence de presse. La prochaine fois que je serai à Genève, nous ménagerons le temps nécessaire pour l’organiser. En fait, je serais bien resté, mais mon emploi du temps est très chargé. Je suis heureux que nous ayons quand même pu organiser ce point de presse.

En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, il est évident que ce sont les États Membres qui devront prendre les décisions. Je ne peux rien leur imposer. Mais je crois aussi que la réforme du Conseil de sécurité est à l’ordre du jour de l’Organisation depuis une dizaine d’années et que l’heure est venue de prendre les décisions qui s’imposent, aussi difficiles soient-elles. Je crois que chacun a intérêt à ce que le Conseil de sécurité soit réformé pour que sa structure et sa composition correspondent aux réalités d’aujourd’hui. Je crois que si nous parvenons à élargir la composition du Conseil et à le rendre plus représentatif et plus démocratique, sa légitimité s’en trouvera accrue pour tous les peuples du monde. Le consensus est toujours possible et c’est toujours la meilleure option. Il s’agit d’une décision qui idéalement devrait être prise par consensus. Mais si le consensus devait s’avérer impossible, cela ne devrait pas servir de prétexte à l’inaction. J’ose espérer que, lorsqu’ils viendront à l’Assemblée générale en septembre, les États Membres seront résolus à faire progresser le dossier. Si un consensus se dégage d’ici septembre ou avant la fin de la soixantième session, tant mieux; sinon, je crois qu’il doit exister un mécanisme permettant aux États Membres de faire aboutir leurs discussions.

QUESTION: Monsieur le Secrétaire général, deux questions qui sont liées entre elles. D’abord, vous avez évoqué dans votre discours la «sélectivité» de la Commission des droits de l’homme. Pourriez-vous être plus clair et nous dire ce que vous entendez exactement par là? Deuxièmement, concernant la réforme, l’ONU a essuyé pas mal de critiques récemment concernant le programme pétrole contre nourriture. Vous vous êtes rendu dans les principales institutions des Nations Unies basées à Genève aujourd’hui même. Comment avez-vous trouvé le moral des fonctionnaires?

Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL: Concernant votre première question, je crois que ma déclaration a été très claire. J’ai fait valoir que personne ne pouvait prétendre à la vertu absolue en matière de droits de l’homme et que le nouveau Conseil devrait avoir la possibilité de faire périodiquement le bilan des droits de l’homme dans chaque pays et que nous devrions être à même d’appliquer les règles de façon équitable et uniforme pour tout le monde. Vous vous attendiez, je crois, à ce que je pointe certains du doigt. Je n’en ferai rien.

En ce qui concerne le moral des fonctionnaires, j’ai rencontré… − L’ONU vient de passer par une période très difficile. Vous avez évoqué le programme pétrole contre nourriture, qui nous a valu beaucoup de critiques. Les deux rapports publiés par la Commission Volcker ont mis en lumière certaines irrégularités au niveau de la gestion, ainsi que certaines questions troublantes que nous nous efforçons de régler; nous prenons des mesures pour améliorer notre gestion et mieux nous acquitter de notre obligation de rendre compte. Mais il ne faut pas oublier que l’ONU continue à travailler, à s’acquitter de sa mission; j’ai encouragé les fonctionnaires à se concentrer sur leur travail et à continuer de faire ce qu’ils font bien. Nous sommes tous humains. Lorsque notre Organisation est critiquée et attaquée, notre moral en est affecté. Mais je crois qu’on commence à voir le bout du tunnel. J’ai rencontré tout le personnel du Siège avant de quitter New York. J’ai rencontré les fonctionnaires du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et je vais rencontrer les fonctionnaires du Haut-Commissariat pour les réfugiés cet après-midi. Le moral pourrait être meilleur.

QUESTION: Monsieur Annan, les peuples d’Asie ont subi de graves atteintes aux droits de l’homme pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans le contexte de la réforme que vous proposez, l’opinion publique de pays d’Asie comme la Chine et la Corée exige que le Japon fasse amende honorable pour les atrocités commises par le passé avant de pouvoir devenir membre permanent du Conseil de sécurité. Je voudrais savoir si vous trouvez que cette exigence est raisonnable au regard des idéaux en matière de droits de l’homme que vous venez d’évoquer.

Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL: Je sais que cette question se pose dans plusieurs pays d’Asie. Et que certaines décisions doivent être prises par le Gouvernement concerné. J’espère que, lorsque le Conseil se penchera sur la question de son élargissement, certaines de ces questions auront été réglées au niveau national, de sorte que, lorsqu’ils viendront à l’Assemblée générale, les représentants des États Membres seront en mesure de prendre des décisions ou auront une position claire. Je suis cette situation de près. Nous devons aussi admettre qu’au cours des 60 dernières années, tous les pays concernés ont joué leur rôle à l’ONU et ont siégé au Conseil de sécurité. J’espère que cette question ne constituera pas un obstacle majeur à la réforme proposée.

QUESTION: Monsieur le Secrétaire général, vous avez dit aujourd’hui que la réforme de la Commission était un des éléments les plus importants de la proposition d’ensemble. Je me demande alors pourquoi vous la présentez comme une proposition d’ensemble, à prendre ou à laisser, et non comme une proposition à la carte. N’y a-t-il pas le risque que la discussion sur l’élargissement du Conseil de sécurité ne s’éternise et n’empêche toute véritable réforme d’un organe dont tout le monde s’accorde à penser qu’il a grand besoin d’être réformé.

Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL: Votre question est très intéressante. En présentant ma réforme comme une proposition d’ensemble, je ne voulais pas dire qu’elle est à prendre ou à laisser. Mon intention était d’engager les États Membres à l’examiner globalement, en ce sens qu’elle s’articule autour de trois piliers interdépendants – la sécurité, et le développement s’appuyant sur les droits de l’homme et l’état de droit. Le Président de l’Assemblée générale a adopté une approche qui me paraît excellente et qui consiste à examiner les propositions par groupes. Si l’on progresse sur un groupe de questions, on peut tenir les progrès pour acquis et concentrer son attention sur des domaines qui continuent de poser problème, de manière à ne pas se retrouver dans la situation que vous avez évoquée. Au bout du compte, on parviendra à une proposition à laquelle les États Membres pourront souscrire, même si l’une ou l’autre question ne suscite pas l’adhésion de tous les États. Ce n’est donc pas une proposition «à prendre ou à laisser». Il faudrait que nous puissions avancer et j’espère que nous progresserons sur la plupart des propositions. Ce ne sera pas facile. Les négociations et les discussions seront ardues mais je garde espoir.

QUESTION: Monsieur Annan, il y a une inquiétude ici à Genève à propos de la création d’un Conseil des droits de l’homme, qui pourrait voir le départ de la Commission des droits de l’homme de Genève pour aller à New York. Est-ce que c’est effectivement un risque possible?

Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL: J’espère que non. J’espère que non, parce que le Haut-Commissariat fonctionne très, très bien ici à Genève. La question de l’envoyer à New York ne se pose pas. Donc, je crois que tout le monde doit se calmer.

QUESTION: Dans votre discours, vous avez dit que les forces de l’Union africaine au Soudan sont clairement insuffisantes. Est-ce que vous allez proposer d’élargir ces forces et si oui, de quelle région proviendront les nouveaux contingents? Seulement d’Afrique, ou aussi d’autres régions du monde?

Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL: Nous sommes en train d’en discuter avec les leaders africains. On vient d’envoyer une mission sur le terrain, une mission dirigée par l’Union africaine, mais à laquelle les Nations Unies ont participé, ainsi que les États-Unis et l’Union européenne. Nous sommes en train de travailler avec eux pour augmenter la force, mais ce serait une force africaine. Si le Conseil de sécurité est d’accord, les pays africains insistent pour que ce soit une force africaine. Donc, on va travailler avec eux. On va suivre l’évolution de la situation et demander à la communauté internationale de les soutenir financièrement et sur le plan logistique.

QUESTION: Concernant l’urgence de la réforme de la Commission, vous arrivez et vous dites: il est urgent d’agir, le temps presse, le temps manque. Pourquoi arriver seulement maintenant avec cette proposition de réforme?

Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL: Après la guerre d’Iraq, j’ai fait une déclaration devant les États Membres. C’était il y a deux ans à l’Assemblée générale, je crois; j’ai dit qu’on était arrivé à un moment historique, à un moment clef où les Nations Unies devaient décider de s’adapter aux enjeux contemporains. Je ne veux pas utiliser le mot «irrelevant», comme ils disent, mais si elle ne s’adapte pas, elle ne pourra pas relever les défis du monde d’aujourd’hui. Il y a donc deux ans qu’on a commencé à réfléchir à ces questions. J’ai créé un panel de 16 hommes et femmes pour me donner des idées; ils ont travaillé pendant 18 mois avant de me soumettre leur rapport. Donc, le rapport arrive aujourd’hui, mais on n’a pas commencé à y réfléchir aujourd’hui.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

SG05